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que dans la feptieme figure, qui eft une élévation du moulin du
côté d’a v a l, prife depuis le radier jufqu’à la hauteur du rez-de-
chauffée, où l’on diftingue les différentes parties que l’on peut voir
dans l’enfoncement depuis l’entrée de' l’eau jufqu’à fa fortie. Pour
les reconnoître, il ne faut que chercher les chiffres ôc les lettres fem-
blables répandues dans les différentes figures, qui font voir la relation
qu’elles ont entr’elles, puifqu’elles répondent aux mêmes'cho-
fes vues de différens fens. La troifieme figure montre le plan du radier
du côté d’aval, & de quelle maniéré font affemblées les pièces
de charpente fiir lesquelles on a établi la maçonnerie qui compofe
les tonneaux ; car comme l’eau pallè par deflous, il a fallu les porter
en l’air, ôc fe contenter d’appuyer leur bafe fur les piles Y .
La deuxieme figure fait voir le plan du rez-de-chaullee du moulin
où font placées les meules , ôc l’afiemblage des pièces de charpente
qui en font la féparation : elles font tllfpoijL'üS de maniéré
qu’on peut démonter tout ce qui appartient à une des meules, quand
il y a quelque réparation à faire, fans interrompre le travail des autres
, ayant chacune leur courfier qu’il fuffit de fermer pour avoir
la liberté de manoeuvrer haut ôc bas.
Comme il n’y a que 5 pieds 4 pouces du centre d’une meule a
celui de l’autre, fur une riviere de 10-à 1 1 toifes de large, on peut
én placer jufqu’à 1 1 , au lieu qu’ordinairement on n’en met que 4 ,
encore faut-il faire deux bâtimens, un fur chaque bord. Ici il n’y
a ni rouet, ni lanterne, ôc par conféquent d’autre frottement que
celui du pivot de la roue , ce qui rend les réparations moins fréquentes.
Cette roue, qui n’a que 3 pieds de diamètre, eft compofée
d’une feule piece ; pour la faire, on prend un tronçon d’un gros arbre,
& on y taille les aubes que l’on incline fur fon épailïèur, les fai-
fant un peu courbes, comme on le peut voir par la quatrième ôc cinquième
figure qu’on a rapporté en grand pour la rendre plus fenfible.
Pour donner à cette roue toute la perfection dont elle me paroît
fufceptible, il y auroit plufieurs recherches curieufes à faire, auxquelles
je ne m’arrêterai point : je dirai feulement que l’eau qui la
poulie la fait agir avec une force compofée de l’aétion de fa pefatt-
teur ôc de la direction circulaire que' le tonneau lui donne ; que
la courbure des aubes devroit fuivre celle de la développée d’un
cercle, ôc qüe l’obliquité qu’elles ont de haut en bas devroit faire
avec l’arbre qui leur fert d’effieu un angle de 5 5 degrés, puifque ces
aubes font dans le même cas que les aîles d’un moulin a vent.
f^hvir du 670. Il me refte à décrire une autre efpece de moulin dont je
fluxSr rcfl>ux crois qu’aucun Auteur n’a parlé, étant nouvelle ôc peu connue :
C h a t . I. d e s M o u l i n s a e a u . 303
elle fe réduit à faire enforte d’affujettir le flux ÔC le reflux de la mer BBjf l fo
pour faire tourner des roues toujours du même fens, ce qui s’exé-
cute d’une maniéré fort ingénieufe 3 l’on en attribue la première roues toujours
invention à un nommé Perfe, Maître Charpentier de Dunkerque, du mim f 'ns'
qui mérite affurément beaucoup d’éloge, n’y ayant point de gloire
plus digne d’un bon citoyen, que celle de produire quelqu’invention
utile à la fociété. En effet, combien n’y a-t’il point de chofes effen-
tielles à la vie, dont on ne connoit le prix que quand on en eft
privé : les moulins en général font dans ce cas-la. On dort fçavoir
bon gré à ceux qui nous ont mis en état d’en conftruire par-tout :
par exemple à Calais, comme- il n’y ferpente point de rivières, on
n’y a point fait jufqu’ici de moulins à eau, ôc ceux qui vont par le
vent chômant une partie de l’année, il.y a dés tems ou cette ville
fe trouve fans farine, ôc j’ai vu la garnifon en 1 7 30, obligée de
faire venir du pain de Saint-Omer, au lieu qu’en fe fervant du flux
ôc reflux de la mer, on pourroit conftruire autant de moulins à eau
que l’on voudrait : il y a d’autres villes dans le voifinage de la mer
•fujettes au même inconvénient, parce qu’apparemment elles ignorent
le moyen d’y remédier. C ’eft principalement en leur faveur
que j’ai écrit ce qui fuit.
La figure première comprend trois canaux dont celui du milieu Pia n . 7.
K CM fe ferme avec deux vannes placées aux endroits B ôc E , les Fig. 1 •
deux autres G D L ôc HFI fe ferment auffi par les vannes D ôc F.
Pour entendre la manoeuvre qui fait aller le moulin dont la roue
eft placée en C , on fuppofe que l’eau de la mer entre du côté de
M , 6c fort du côté de K , pour s’aller rendre dans un grand réfervoir
où elle refte en dépôt.
Quand la mer monte, on leve les vannes B , E , ôc l’on baillé
les deux autres D ôc F ; alors l’eau paflànt par le canal du milieu,
fait tourner la roue environ 4 heures { des 6 que la mer emploie à
monter, parce que lorfqu’elle approche de fe mettre de niveau
avec l’eau du réfervoir, la roue celle de tourner pendant une heure
ôc demie avant que la marée aie atteint fa plus grande hauteur, ôc
, encore une heure 5c demie après : ainfi des 1 1 heures que comprend
le tems du flux ôc reflux, il y en a 3 pendant lefquelles le
moulin chôme.
Quand la mer commence à baiffer, l’on ferme les vannes E ôc
B , ôc l’on ouvre les deux autres D ôc F ; l’eau du réfervoir eft con-
- crainte de palier dans le canal G D L , ôc ne pouvant s’échapper du
.côté de la mer, elle vient paffèr fous la roue C quelle fait tourner
du même fens qu’auparavant : de-là elle s’échappe par le canal