
rQ u e l eft le résu
lta t du p lu s
grand effet de ce moulin.
TL x amen de la
force que la
puiffance emploie
à fc ie r le
bois y indépendamment
des
frottemens &
des autres ac cident.
336 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v . I I.
706. Ayant eftimé par plufieurs expériences faites avec foin quel
doit être le réfultat du plus grand effet de ce moulin, j’ai trouvé
que le faifant aller avec trois fcies , elles pouvoient, en une heure
de tems , partager une poutre de 1 z pouces d’épaifîèur, fit de 30
pieds de longueur, en quatre parties ; c’eft-à-dire , en faire quatre
platteformes, chacune d’environ 3 pouces d’épaiflèur fur 30 pieds
de long. Que fi au lieu de trois fcies on n’en met que deux, elles
iront bien plus v ite , 8c plus encore quand il n’y en aura qu’une, en
fuppofant l’épaiflèur du bois toujours la même ; ce qui eft bien naturel
félon la loi générale des méchaniques : car ici l'effort que
fait la fcie eft proportionné à la quantité des parties qu’elle accroche
en defcendant. Sur quoi il eft à remarquer que deux fcies qui
agiraient enfemble fur une piece de bois, par exemple de 10 pouces
d’épaiflèur, mettent autant de tems pour la débiter d’un bout
à l’autre qu’il en faut lorfque, n’y ayant qu’une fcie, elle agiroit
fur une piece de même longueur mais qui auroit 20 pouces d’épaiflèur
: par conféquent, fi au lieu de trois fcies le moulin n’en
faifoit agir qu’une, on pourroit en une heure de tems , dans le cas
du plus grand effet, partager en deux parties une piece qui auroit
3 6 pouces d’épaiffeur fur 30 pieds de longueur.
Quoique la vîteflè de la fcie augmente à mefure que la piece
qu’elle débite a moins d’épaifîèur, fa plus grande vîtefïe doit pourtant
être limitée, fans fe prévaloir de la force du courant, de crainte
que le frottement ne mette le feu à la machine, principalement au
chaffis 8c aux coulifîès de la fcie, comme cela eft arrivé à celui de
notre arfenal ; il m’a paru que la plus grande vîteflè que pouvoir
avoir la fcie, étoit de monter 8c defcendre 80 fois par minute,
alors le chariot avance de 10 pouces dans le même tems. (705)
707. La force qui fait mouvoir le chariot n’ayant lieu que quand
la fcie monte, la puiflance appliquée à la manivelle agira donc de
haut en bas avec une force de 546 liv. (704) à quoi ajoutant 537 liv.
pour le poids de la fcie, il vient 1083 pour la force équivalente à
celle de la fcie lorfqu’elle defcénd. O r , comme dans le cas du plus
grand effet elle met à-peu-près autant de tems à monter qu’à déf-
cendrc, il fuit que les 48 traits qu’elle donne par minute fe font en
30 fécondés, St fon chemin, en defcendant, étant de 30 pouces,
fa vîteflè par fécondé fera de 4 pieds, qui étant multipliés par le
nombre précédent, donnent 4332 pour la quantité de mouvement
de la fcie, ou fon action fur le bois. (85)
Comme entre la puiflance motrice St le poids, il y a 4 bras de
levier, multipliant le premier par le troifxeme, Sc le fécond par
C hap. II. des M oulins a scier le bo is , 8tc. 337
le quatrième, les produits feront comme 42 eft à 25 ; raifon réciproque
du poids réel de la fcie à la puiffance motrice ; ( 74 ) ainfi
multipliant 537 par Lt , on a à-peu-près 320 liv. pour la force qu’il
faudroit feulement à la puiflance motrice, afin d’être en équilibre
avec le poids de la fcie. Souftrayant donc ce nombre de 4 0 7 ,
(704) il relie 87 livres pour la force que cette puiflance emploie à
furmonter les obftacles 8t le frottement de toutes les parties de la
machine. L ’on peut donc dire que des 407 livres qui expriment le
choc de l’eau, il n’y en a que 320 qui font employées effectivement
à fcier le bois.
La vîteflè de la roue étant de 6 pieds 7 pouces f de lignes par
fécondé , (70 5) fi on la multiplie par 320 liv. il viendra à-peu-près
2108 pour la quantité de mouvement de la puiflance réduite; Sc
comme nous venons de trouver 4332 pour celle du poids, on voit
que l’adtion de la puiflance eft à fon effet comme 2108 e ftà 4 3 3 2 ,
ou à-peu-près comme 1 eft à 2. Cette machine a cela de fingulier
que fon effet fe trouve beaucoup au-deflus de l’action du moteur,
au lieu qu’il arrive ordinairement que c’eft l’action du moteur qui
eft au-deflùs de l’effet machinal, mais auffi l’on perd le tems que
la fcie emploie à monter.
En faifant conftruire ce moulin, j’ai fait une réflexion eflèn-
tielle qui m’avoit échappée dans le projet; la vanne ayant 2 pieds
4 pouces de largeur, Sc devant foutenir, quand elle eft baiflee, environ
7 pieds de hauteur d’eau, fa pouffée contre les coulifîès fera
d’environ 4000 liv. qui caufe un frottementde 1333 liv. (375) à quoi
ajoutant au moins 250 liv. pefanteur propre de la vanne, on aura
1583 liv. pour la réfiftance qu’il faudra que la puiflance furmonte.
O r, comme cette puiflance n’eft autre cnofe que la force que peut
avoir un homme qui tire de haut en bas, Sc qui ne peut excéder la
pefanteur de fon corps, eftimée 14 0 , ou 1 j'o livres; (118) on voit ptAN. ij
qu’étant appliqué à l’extrémité 6 du levier 5 , 6 , dont le- point fio. S.
d’appui eft dans le milieu, il eft impofîîble qu’il puilïè jamais élever
un poids de 1583 liv. Cependant il doit gouverner toute la machine
fans aucun fecours étranger, 8c quand même il en recevroit,
il arriveroit encore un inconvénient ; le frottement de la vanne
contre les coulifîès étant bien fupérieur au poids de la même vanne,
elle ne pourroit defcendre d’elle-même lorfque' le dédit 7 auroit
lâché l’anneau de la corde. ( 376 ) ■
Pour obvier à toutes ces difficultés, j’ai confidéré qu’il étoit
inutile de faire une vanne mobile de toute la hauteur de l’eau, 8c
qu’il fuftifoit de pratiquer un permis de la grandeur des aubes,