
Defcriptîon
d’un moulin
exécuté à
Mont-Royal. avant la démolition
de
cette Place.
P l a n , i mm
Maniéré de
faire chômer
une ou -plusieurs
roues
quife trouvent
dans le meme
courfièr, fans
empêcher que
les autres ne
tournent.
1 9 6 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v . II.
comme lé dcflein en fait allez fentir la manoeuvre, je ne m’y arrêterai
pas, ce n’eft même qu’avec répugnance que je parle de fem-
blables bagatelles, mais il faut fçavoir préférer l’utile à des objets
plus intéreflans à décrire, 6c qui n’auroient pas la même fin.
660. Voici un moulin qui a été exécuté autrefois a. Mont-Roy a l:
on fçait que cette Place étoit fituée dans la prefqu’ifle de Trabanne,
üur un rocher efcarpé, entouré en partie de la Mofelle : il y a dans
cette riviere plufieurs illes , dans l’une defquelles on avoit établi
un polie ; 6c comme il étoit aifé de rétrécir en cet endroit le paf-
fage du courant pour faire gonfler les eaux, on a fait un moulin
dans une tour élevée exprès pour le mettre à, l’abri de l’ennemi,
étant d’une grande conféquence pour la garnifon. Quoique ce moulin
n’ait rien de lingulier, je ne lailïcrai pas de le rapporter comme
un exemple, pour étendre davantage l’application de nos principes
fur le frottement.
Cette tour ell rectangulaire , comme on en peut juger par la
figure A BCD qui en ell le plan intérieur, dont 011 a fupprimé l’é-
pailïèur des murs : on y remarquera que chaque flanc ell percé par
un aqueduc, dont le premier EF fert à introduire l’eau dans un
canal qui traverfe la tour, 6c le fécond GH en facilite la fortie ; à
l’endroit IK ell une vanne pour retenir l’eau à une certaine hauteur,
6c faire tourner deux roues L , M placées de fuite. Pour juger
de la dilpofition de ces roues, il faut confidérer les profils de
la tour, l’un coupé fur la largeur du plan , ôc l’autre fur la longueur.
Dans ce dernier ( Planche 3.) on voit la vanne IK qui répond a l’entrée
de l’eau, 6c la première roue qui en reçoit le choc ; fur la gauche
en ell une autre dont on s’ell contenté de ponctuer la circon-
fé rence, pour qu’on puille voir dillinétement plufieurs parties cachées
par la précédente.
Si l’on confidere les deux profils (Planches 2 6c 3. ) on verra que
chaque roue ell accompagnée d’un rouet, dont les dents s’engrainent
dans une lanterne ; que cette lanterne ell traverfée par un arbre
au fommet duquel ell un autre rouet qui fait tourner une fécondé
lanterne qui donne le mouvement à la meule.
661. Les deux roues fe trouvant de fuite, on a fait enforte que
lorfque l’on feroit obligé d’en faire chômer une, l’autre pût toujours
aller: on a pofé fur les bords du canal (Planche 3.) un challis
V T X Y des deux côtés de la roue ; dans les montans T V 8c X Y
font des couliflès, le long defquelles les extrémités V 6c Y des
couffinets qui portent les courillons dé la roue, peuvent monter 6c
defcendre 3 c’ell pourquoi on y a fait des écroues où entrent les ve-
C h ap . I. DES M o ü l î n s a EAU. 297
tins qui accompagnent les challis, Quand on veut empêcher qu’une
roue agilfe, on l’éleve à la hauteur où on veut l’arrêter, 6c on pâlie
des boulons dans les trous que l’on a fait aux montans des coulif-
fes, afin d’en foutenir le poids; ce qui fe fait fans que la lanterne
renfermée dans le challis devienne un obftacle, parce que les dents
du rouet s’engrainant au bas des fufeaux, qui ont au moins 18 pouces
de hauteur, on peut élever la roue, autant qu’il le faut pour que les
aubes ne foient pas çhoqùées par le courant.
Je paflè fous filence le détail de ce qui appartient à la tour ;
puifque les batteries de canon, haute 8c balle, qui fervoient à défendre
le palTage de la riviere font aflèz diftinétemenr marquées par
les embralures ; on voit aulîi que la voûte, qui n’a que 18 pieds de
largeur fur 3 pieds d’épailfeur, recouverte de 4 pieds de terre, met-
toit ce moulin à l’épreuve de la bombe.
On remarquera en paflant qu’il y a bien des endroits où dans le
tems des grandes eaux les roues des moulins font fubmergées pendant
une partie de l’hiver. Pour éviter cet inconvénient, le moyen
le plus ordinaire ell d’élever l’arbre de la roue de quelques pieds,
en fe fervant d’une machine dellinée à cet ufage, 6c rien ne me paraît
plus fimple que celle dont nous venons ue parler, mais pour
cela il faut que les fufeaux de la lanterne foient d’une hauteur convenable,
afin que les dents du rouet puiffent toujours s’engrainer
avec les fufeaux, qu’il faut fortifier par deux tourteaux pofés horizontalement
dans l’intérieur de la lanterne.
661. Il y a apparence que le peu 4e chûte qu'avoir le courant Qicetlcs A-
qui faifoit aller les roues du moulin de Mont-Royal, ell caufe que
l’on a été obligé d’employer deux roues 6c deux lanternes pour don- m oulin d e
ner aux meules une vîtefle convenable. Il ell vrai que Et machine
devenant par-là plus compofée, les frottemens en font aulîi deve- p^fiaLa.
nus plus confidérables, ce qui demande néceflairement une augmentation
de force au moteur ; 6c voilà le cas où fe trouvent tous
les moulins qu’on établit fur des bateaux ,. 6c‘ les autres machines
qui font mifes en mouvement par le courant d’une riviere ; la feule
reflource qui relie ell de donner aux aubes autant de fuperficie qu’il
en faut pour fuppléer à la vîtefle du courant. Nous allons préfen-
tement faire voir de quelle maniéré on aurait dû,déterminer les
principales proportions du moulin dont nous parlons pour le Vendre
parfait, en connoilfant feulement le diamètre de la roue, celui
de la meule, fon poids 6c la vîtefle du courant ; ainfi, fans nous
mettre en peine de ce que l’on a fuivi dans l’exécution, nous, nous
attacherons à la première roue.