
né à leur p c -
fanteur.
L e s effets de
deux meules
différentes
fo n t dans la
raifon. compofé
e de leur
maffe & de
leur v îtsjfe.
180 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v . II.
n’abandonne jamais, on ne voit pas clairement pourquoi, à me-
fure qu’elle eft plus pefante, elle fait plus d’effet, puifque fi elle
étoit toujours également éloignée de celle de deffous, elle ne pour-
roit être capable que d’une impreffion limitée ; mais l’expérience
prouvant le contraire, j’ai foupçonné que dans l’action de cette
meule il devoit y avoir quelque chofe de plus que ce qu’on a coutume
d’y confidérer, St qu’outre fon mouvement circulaire elle
devoit en avoir un autre de bas en haut 6c de haut en bas. Je fus
examiner la chofe de plus près que je n’avois fait, 6c je m’apperçus
que j’avois rencontré jufte ; le pivot de la meule repofant fur le milieu
du palier, qui eft une piece de bois de 6 pouces de largeur fur j
d’épaiflèur, 6c d’environ 9 pieds de longueur entre fes deux appuis,
la force claflique de cette piece donne à la meule un mouvement
continuel le long de la verticale, peu fenfible à la vérité, mais
qu’on ne laiflè pas d’appercevoir diftinctement : en voici la caufe.
La force centrifuge attirant, comme je l’ai déjà infinué, les grains
de bled du centre à la circonférence, ' en leur faifant décrire à
chacun une fpirale, ils s’introduifent comme autant de petits coins
entre les deux mëules, 8c contraignent celle de deffits a fe foule-
ver tant foit peu ; alors le palier fe trouvant foulagé d’une partie du
poids dont il étoit chargé, fe roidit 6c tend à fe mettre dans fon
état naturel ; mais un inftant après la meule ayant écrafé le bled
qui la foutenoit, le palier fléchit tout de nouveau, 8c d’autant plus
que la meule a un plus grand poids : les grains dont nous parlons,
6c qui n’ont pu être que concafïes, continuant de cheminer vers la
circonférence pour y être entièrement pulvérifés, font d’autant
plus preffés par le poids de la meule, qu’ils fe trouvent reflèrrés
dans un efpace plus étroit.
638. Comme c’eft le mouvement circulaire de la meule qui fait
tomber le bled de la trémie par l’intervalle St avec une vîteflè qui
dépend de celle de la meule, il fuccede d’autres grains qui la fou-
levent tout de nouveau, 8c la farine qui vient d’etre faite ceflant
d’être preflee, eft emportée dans le blutoir par la circulation de
l ’air que la meule met en mouvement, St qui forme un tourbillon
dans le tonneau. Or puifque ce font les deux mouvemens que je
viens d’expliquer qui concourent à moudre le bled, je conclus que
les effets de deux meules différentes font dans la raifon compofée de leur
yitefje & de leur pefanteur, St qu’en général les mêmes effets feroient
beaucoup moindres fi les pivots de ces meules , au lieu de repofér
fur une piece à reflort, avoient un appui inébranlable, comme je
l’ai éprouvé en faifant érançonner le palier; aufli-tôt que la meule
C h a p , I. d e s M o u l i n s a e a u . 1 81
n’eut plus que fon mouvement horizontal, la farine devint fi grof-
fiere qu’à peine le fon en étoit détaché.
On doit entendre par la viteffè d’une meule le chemin que fait
en tournant un des points de fa circonférence moyenne pendant un
tems déterminé, 8c fe rappeller que cette circonférence a pour
rayon les deux tiers de celui de la meule. (140) J ’ajouterai qu’une
meule doit faire au plus 60 tours par minute pour ne point échauffer
la farine.
' .639. Je ne dis rien du plus ou. du moins de furface que pourroit
avoir la bafe de plufieurs meules de différens diamètres ; car pourvu
qu’elles aient la même quantité de mouvement, elles produiront
toujours le même effet : il eft vrai qu’il paroît d’abord que de deux
meules, de même pefanteur, celle qui a la plus grande bafe pouvant
faire impreffion fur une plus grande quantité de bled, doit en
moudre davantage à la fois ; mais c’eft ce qui n’arrive pas, parce
que s’il y avoir également répandu fous ces meules une quantité de
bled proportionnée à leurs bafes, le poids dont chaque grain fera
preflë n’agira que dans la raifon réciproque des quarrés des diamètres
, c’eft-à-dire, que chaque grain qui répondra a la plus grande
bafe fera d’autant moins preffé que chacun de ceux qui répondront
à la petite , dans la raifon que le quarré du diamètre de celle-
ci fera plus petit que le quarré du diamètre de l’autre : (119) cependant
la raifon fimple des diamètres, ne laiflè pas que d’entrer
pour quelque chofe dans l’effet de ces deux meules, puifque leurs
vîteflès font dans la raifon compofée de leurs rayons. 8c du nombre
de tours que l’une 6c l’autre feront dans le même tems.
Les meules ordinaires ont depuis 5 jufqu’à 7 pieds de diamètre,
fur 12 , 15 , 18 pouces d’épaiflèur ; elles durent 35 à 40 ans, 6c
après avoir tourné long-tems, St lorfque leur épaifîèur eft confidé-
rablement affoiblie, on les taille de nouveau pour donner à leur fur-
face une figure oppofée à celle qu’elle avoit, pour les faire fervir
de meules gifantes encore pendant plufieurs années.
Comme il eft à propos, avant que de conftruire un moulin, de
.prendre de juftes mefures qui en a (Turent le fuccès, voici, quelques
obfcrvations qui pourront avoir leur utilité.
640. Les eaux vives, de quelque part qu’elles viennent, fuivant
d’elles-même la pente du terrein qui leur eft le plus propre pour s’écouler
, il faut, avant que de faire aucune dépenfe pour les raflèm-
bler, niveller cette pente pour voir à quelle hauteur on pourra les
faire gonfler à l’aide d’une éclufe, digue, ou cliauflee, fans incommoder
le pays ; S t l’on jugera de-là quelle fera la chûte à l’endroit
A t tention s 2
q u 'il f a u t
avoir a van t
que de con f- 3
truire un mou•
Un à eau.