Marâtre de
liffer lapoudre
à giboyer.
Plan. i .
La vîteffe de
la roue d u n
moulin à poudre
doit être
modérée & rie
-552 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v . II.
trois matières eft d’employer S de falpêtre avec \ de foufre, fc
| de charbon. Selon cette proportion, lorfque l’on fait de la poudre
de guerre, on met dans chaque mortier 15 livres de falpetre,
2 livres { de foufre, Sc autant de charbon, ce qui fait enfemble
20 livres ; ainli les 14 mortiers de ce moulin fabriquent à la fols
480 livres de poudre.
• En mettant la compofition, on verfe dans chaque mortier 2 liv.
d’eau, ou la valeur d’une pinte de Paris 5(341) ces matières font battues
trois heures de fuite, après quoi on les change de mortier, c’eft-
à-dire, que l’on met dans le fécond mortier d’une des batteries ce
qui étoit dans le premier; dans le troifieme, ce qui étoit dans le fécond;
ainli de fuite jufqu’au dernier mortier, dont la compofition
eft rapportée dans le premier. Cette manoeuvre dure un quart-
d’heure, enfuite les pilons agiiTent encore trois heures fans interruption
, après quoi on recommence tout de nouveau à remanier
les matières, Sc cela de trois heures en trois heures ; ce qui donne
environ 22 heures. Enfuite les matières font portées au grenoir, ou
on les fait paffèr, par un crible, 8t celle qui refte pour n’avoir pu
être grenée, eft rapportée au moulin pour être battue encore pendant
deux heures. Àinfi on emploie 24 heures pour fabriquer entièrement
480 liv. de compofition, fur lefquelles il peut y avoir environ
une livre Sc demie, ou deux livres de déchet, avant que la
poudre foit mife en baril.
7 19 . La poudre à giboyer fe fait de la même compofition que
la poudre de guerre, mais on n’en met que 1 6 livres dans chaque
mortier, afin que les matières foient mieux incorporées, Sc après
l’avoir grainée on la met dans les tonneaux io 8c 12 que l’on voit
marqués fur la première figure, pour la liffer : ces -tonneaux font
traverfés d’un effieu, dont l’un des bouts s’ajüfte avec un des tourillons
des hérillbns , Sc l’autre eft porté par un chevalet. A chacun
de ces tonneaux il y a quatre barres de bois qui traverfent d’un
fond à l’autre: la poudre qu’on y met tournant avec les tonneaux,
frotte contre leur furface intérieure Sc contre les barres, les grains
s’affermiflènt Sc deviennent liftes comme ils pàroiflènt ordinairement,
c’eft pourquoi ces tonneaux font nommés lijjoirs ; ils ont
chacun quatre bondes pour en faire fortir plus commodément la
poudre.
720. Quoique ce foit une commodité de fe fèrvir du mouvement
des hériflbns pour lifter la poudre, on aime mieux faire cette
manoeuvre ailleurs que dans les moulins, à caufe des accidens
qui en peuvent réfulter ; car , quelque précaution que l’on prenne v:
Chap. III. dés Moulins pou A la Poudre a canon. 353
'Ces moulins fautent de tems en tems par des caufes qu’il n’eft presque
pas poffible de prévoir, Sc c’eft ce qui eft arrivé à celui-ci en
1734. Dans le tems que les Poudriers étoient occupés à remanier
la compofition, un d’eux eut l’imprudence de vouloir enfoncer
un clou qui devoit retenir une planche qui s’étoit détachée d’une
des batteries, le pulvérin qui fe trouva dans le trou prit feu, & à
l’inftant le moulin fauta, Sc tous ceux qui étoient dedans, fans qu’il
en foit échappé un feul. J ’ai rapporté ce trait pour faire voir la
conféquence de n’employer dans ces fortes de moulins que le
moins de ferrure qu’il eft polîible, Sc de ne jamais fe prévaloir de
la force du courant pour donner à la roue une trop grande vîteflè
qui occafîonneroit des frottemens précipités qui peuvent avoir de
facheufes fuites ; il faut que la roue ne faflè jamais plus de 10 à 1 1
tours par minute.
Il nous refte à examiner quel eft l’effet de cette machine dans
fon état aétuel, afin de voir fi elle remplit ce qu’on eft en droit
d’en exiger: -
7 2 1. La hauteur moyenne de'l'eau qui fort par le pertuis eft de
6 pieds 8 pouces 9 lignes , qui répond, dans la Table première, à
une vîteffè de 20 pieds un pouce une ligne par fécondé, ou de 1205
pieds par minute.
La roue a 17 pieds de diamètre, Sc fait 10 tours ( par minute ;
ainfi fa vîteflè, dans le même tems, fera de 5 61 pieds ; le rapport de
la vîtefte du courant à la vîteflè de la roue eft donc comme 120«
eft à 5 6 1 , ou à-peu-près comme 15 eft à 7 ; ainfi nous pouvons
prendre 15 pour la vîteflè du courant, Sc 7 pour la vîteflè de la
roue ; alors la différence de ces deux nombres , qui eft 8 , exprimera
la vîteflè refpective du courant qui frappe les aubes dans
l’état aétuel de la machine, (585) au lieu que, pour le plus grand
effet, cette vîteffè devroit être exprimée par 1 0 , St celle de la roue
Pa r 5 \ . D ’oil il fuit que la force de l’eau, dans ces deux cas, fera comme
64 eft à 10 0 , ou à-peu-près comme 2 eft à 3 ; (568) les bras de levier
reftant les mêmes dans ces deux cas, Sc la réfiftance çaufée
par les frottemerjs fîlivant à-peu-près la proportion des poids que
la machine aura à enlever, on voit que fi dans le premier cas le
poids eft exprimé par 2 , il le fera par 3 dans le fécond, c’eft-à-
dire, que chaque hériflbn, au lieu de n’élever que 4 pilons à la fois,
pourroit en élever 6 ; c’eft ce que nous allons démontrer en faifant
l’analyfe de tout ce qui mérite d’être confidéré dans le jeu de cette
machine.
faire qü*environ
10 à 1 1
tours pa r minute.
Exam en de
l ’effet de ce
moulin dans
fo n état ac~
tuel.