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deux tours pour que la foie aille 6c revienne une fois ; 8c de ces
deux tours qu’eft obligé de faire la puiffanee à chaque révolution
de la roue H , on voit qu’il y en a toujours un où elle n’a aucune
réliftance à furmonter que celle qui peut venir de la part du frottement.
Le diamètre de la lanterne F n’étant que moitié de celui de la
roue G , la fcie faifant 30 pouces de chemin à chaque demi-révolution
de la roue H , pour laquelle la manivelle eft obligée de faire
un tour, la vîtefle de la puiffanee agiffànte fera donc à celle de la
fcie en montant, à-peu-près comme 75 eft à 3 0 , ou comme 5 eft
à a ; ainfi l’on voit que la réliftance de la fcie fera à la puiffanee
appliquée à la manivelle comme 5 eft à 2. ( 89 )
Comme il faut ordinairement deux hommes pour mouvoir la
fcie, que je lùppofe faire enfemble un effort de 50 liv. ( 129) on peut
dire, en faifant abftracfion du poids K , que la puiffanee appliquée
à la manivelle doit être de 20 livres ; mais comme il faut autant d’effort
pour ramener la fcie que pour la pouffer en avant, puifqué
les deux cubes de plomb dont elle eft chargée exercent toujours
également leur pefanteur, il fuit que le poids K doit être au moins
de 50 livres. Mais ce poids qui rend la puiffanee agiffànte nulle
dans un des deux tours de la manivelle, lui devient contraire dans
l ’autre, puifqu’il fe réunit à la réliftance de la fcie qui fera, en montant,
de 100 liv. dont prenant les ÿ pour la puiffanee appliquée à
la manivelle, elle fera donc de 40 livres, pour laquelle il faudra
deux hommes ; ce qui fait voir que jufques-là cette machine n’eft
d’aucun avantage, puifque les deux hommes qu’il faut y employer,
ne faifant guere plus de befogne que s’ils agiffoient tout uniment, il
eft plus à propos de leur laiflèr lùivre l’ulagé ordinaire que de les
aflùjettir à gouverner une machine qui ne les foulage aucunement,
ne regardant point comme un avantage les intervalles où le poids
K agit lèul.
Cependant le défaut qu’on vient d’appercevoir peut être corrigé
en faifant agir enfemble deux feies au lieu d’une, comme on le
voit dans la fécondé figure, ayant deux manivelles qui auront un
effieu commun, 6c coudées d’un fens oppofé ; on pourra faire que
l ’une des feies recule pendant que l’autre avance, 6C employant
un homme à chaque manivelle , ils partageront enfemble l’effort
qu’il faudra pour faire monter une des feies, tandis que le poids
JfC ramènera l’autre; leur effort ne fera tout au plus que de 20 livres
chacun, 8t toujours égal, parce que les deux roues H ayant leurs
dents difpofées dun fens oppofé, au moment que l’une abandon-
Ch ap . IL des M oulins a scier le bois , 8cc. 343
nera fa cremaillere, l’autre accrochera la lienne : alors deux hommes
feront aifément la befogne de quatre qui n’auroient pas le fou-
lagement que donne une machine ; mais il faut être aflùjetti à feier
deux blocs à la fois.
Pour juger du progrès de la puiffanee qui fera mouvoir cette
machine, il faut fe rappeller que, félon l’article 12 2 , l’effet de la
force d’un homme eft de lever 25 livres, ayant 1000 toifes de vî-
teffè par heure; ainfi divifant 1000 toifes ou 6000 pieds par la circonférence
que décrira la manivelle à chaque tour, on trouvera que
la puiffanee pourra faire faire à la manivelle 554 tours j par heure,
6c à-peu-près 1 6 tours par minute, qui eft le nombre de traits que
le marbre recevra de chaque fcie dans le même tems ; car ic i, comme
les feies ne font pas dentées, elles font autant d’effet en montant
qu’en defeendant, j’ajouterai que l’homme appliqué à chaque
manivelle n’ayant befoin, félon notre calcul, que de 20 liv. de force
pour mouvoir la machine, il eft à propos que le poids K foit de
60 liv. afin qu’il defeende au moins avec autant de vîtefle que la
puiffanee le fait monter ; alors fuppofant que chaque homme emploie
fa force naturelle, c’eft-à-dire 25 livres, ils en auront enfemble
plus qu’il n’en faut pour agir avec aifance, furmonter le frottement
& l’effort des i s livres que nous avons ajoutés au poids K.
M. Morel veut que chaque manivelle foit accompagnée d’une volée
L , dans la penfée que la puiffanee en tirera beaucoup de foulage-
ment, mais comme elles ne font tout au plus qu’entretenir l’uniformité
du mouvement, fans rien augmenter à la puiffanee, malgré
le préjugé de la plupart des Machiniftes ôc des Ouvriers, je ne m’y
arrêterai point.
Quoique je ne faille pas grand cas de cette machine, je n’ai pas
laifle de la rapporter , moins pour en propolèr l ’exécution que
pour avoir occafion d’appliquer les principes à des exemples dif-
férens.
7 12 . Voici la defeription d’un moulin pour percer des tuyaux
de bois propres à la conduite des eaux, que je tiens encore de
M. Morel.
Comme on fuppofe que ce moulin doit être mis en mouvement
par un courant, ou par une chûte d’eau, il s’agit d’abord d’une
roue A , à l’arbre de laquelle il y a un rouet B qui fait tourner horizontalement
les lanternes C ôc D , dont l’axe commun doit par con-
Defcrîptîori
(Tun moulin
pou r percer des
tu yau x de
bois.
Plan, jî
Fig. i , »
& 3.
féquent être vertical. La lanterne D fait tourner en même tems deux
rouets E & F ; le premier E , qui eft vertical, fait agir la tarriere
qui perce le bois, ôc le fécond F, qui eft horizontal, fait avancer le