
y ) P R É F A C E . teffe qui pouvoir leur convenir, combien il devoit pafTer
d’eau au réfervoir, s’il n’étoit pas pollible d’en faire monter
davantage par l'action d’une puilfance limitée, en tenant
compte des frottemens; fi on ne pouvoir pas remplir
le même objet avec plus de fimpjiçité & à moins de frais :
en un mot, fi je pouvois me flatter de n’avoir rien à craindre
de l’examen d’un Juge éclairé, difpofé à ne faire aucune
grâce.
Ne me Tentant point capable de remplir toutes ces cir-
conftances, j’avouerai ingénument que je fus déconcerte
de me trouver fi dénué ; j’avois cependant appris depuis
îong-tems les principes de la méchanique & du mouvement
des eaux dans nos meilleurs Auteurs , & même écrit
fur ces matières, que je croyois pofféder paflablement ;
mais fouvent on s’imagine avoir dans lefprit un enchaînement
de connoiflances, & lorfque l’ocçafion fe préfente
d’en faire ufage, on n’y trouve que des veftiges fans
ordre &ç fans liaifon. Il arrive même que la bonne opinion
que nous avons de nos foibles lumières eft un obfta-
cle qui empêche d’en acquérir de plus étendues, parce
que l’on croit fçavoir beaucoup, faute de connoître ce
qui nous ferait encore néçeflaire ; & fuppofant qu’on
fente ce qui nous manque, cela ne fuffit pas, il faut fçavoir
où l’acquérir, &c c’érai.t là mon embarras, perfonne
n’ayant écrit fur les machines dans Je goût que je viens
d’infinuer. Ç’eft pourquoi je formai le deflein de m’y appliquer
férieulement, &£ de communiquer mes recherches
a ceux qui feraient dans le même cas où je m’çtois trouve j
aiofi je nefongeai plus qu'à ro’inftruire, pour me mettre
en état d’inftruire les autres, ne pouvant mé réfoudre de
laiffer en arriéré un fujet aufli intéreflant & qui manquoif
à m°n Traité pour le rendre complet, Je réfolus donc
d’embraflet généralement tout ce qui ayplt rapport à la
P R É F A C E , vij
maniéré de conduire, d’eiever & de ménager les eaux, fans
me mettre en peine de la longueur du travail, ni du mécontentement
qu’alloit caufer le retardement de l’impref-
fion de mon Ouvrage, perfuadé que quand il paraîtrait
on me fçauroit gré d’avoir fait mes efforts pour mériter la
bonne opinion que le Public marquoit en avoir conçu par
fon impatience à le voir paraître. Au reftè, pour ne point
ennuyer par un plus long détail, on fçaura que je l’ai di-
vifé en deux Parties. Comme il n’eft queftion préfente-
ment que de la première, comprife en quatre Livres, en
voici l’objet.
Le premier Livre eft une Introduction à l’Ouvrage entier.
On a cru que pour l’intelligence de ceux qui ignoraient
les principes de la méchanique, ou qui les ayant
appris, ne les avoient pas allez préfens pour en lentir l’application
, il convenoit de commencer par leur en donner
un Traité préliminaire, écrit de façon qu’ils puiffent fe
former une idée jufte des différens mouvemens qui fe rencontrent
dans les machines compofées, pour en calculer
l’effet, quelles que foient les directions de la puiffance & du
poids. Ce Traité eft accompagné de la théorie du mouvement
& du choc des corps, afin d’en déduire les regies de
l’Hydraulique par des voies plus courtes & plus claires que
celles qu’on a fui vies jufqu’ici.
On examine enfuite la réfiftance caufée par le frottement,
la maniéré d’en calculer le déchet dans toutes fortes
de cas, pour y avoir égard dans la pratique. Ce fujet
eft traite à fond & appliqué à des exemples propres à
éclairer infenfiblement l’efprit fur les avantages &c les défauts
de toutes les machines : on y a joint les maximes
fur ce quil'faut obferver lorfqu’on veut faire un projet &
mettre le Lecteur en état d’en faire par lui-même dans
toute la perfection qu’il eft poflible d’atteindre. Pour qu’o.n