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pliqué à la perfection des Arts les conséquences qu’ils
pourraient tirer de leurs principes. Car excepté les Mémoires
de l’Académie Royale des Sciences, où 1 on trouve
un grand nombre de recherches utiles fur toutes fortes de
fujets, nos Livres de Mathématiques font d’une fi grande
féchereffe qu’il n’eft pas furprenant que les Praticiens n’y
trouvent point affez d’attraits pour y puifer les connoifTan-
ces qui leur feraient effentielles. Ils s’en tiennent ordinairement
à quelques petits Traités de Géométrie & de Me-
chanique, & lorfqu’ils y ont appris l’ufage quon peut faire
de quelques propofitions générales, ils s’imaginent en fça-
voir a (fez. Pour l’Algebre elle n’eft propre qu’à fervir d’a-
mufement à ceux qui ont aflez de confiance pour s occuper
de queftions difficiles qui ne mènent à rien. Cependant
comme elle eft abfolument néceffiaire pour réfoudre une
infinité de cas qui fe préfentent tous les jours dans la conf-
truéfion des travaux, c’eft pour les défabufer d une opinion
fi injufte, & leur montrer la néceflité de la théorie,
que j’ai entrepris d écrire fur l’Architecture Hydraulique,
qui en eft beaucoup plus fufceptible que la civile. Comme
on n’ignore point l’importance d’un fujet qui intereffe autant
les befoins de la vie, j’ai cru qu’en m’appliquant a le
traiter avec exactitude, on me fçauroit gre d employer
auffi utilement les momens de loifir dont je puis difpofer.
Je crains feulement que ceux qui n’ont pas l’ufage de l’Algèbre
, & qui fe font déjà plaint de ce que j’en avois répandu
dans mes autres Ouvrages, ne murmurent d’en trouver
beaucoup dans celui-ci; mais comment veulent-ils
qu’on falfe ? elle eft devenue la clef de toutes les découvertes,
il n’tft pas poffible de s’en paffer , dès qu’on veut
agir avec précifion ; ce n’eft que par fon moyen que 1 on.
peut déduire des méthodes pour opter fûrement dans la
pratique. Le calcul littéral a cela d'avantageux, quil me-
P R É F A C E . v nage la capacité de l’efprit, en lui préfentant une infinité
d’objets fous l’expreffion la plus lïmple, fans être diftrait
par la complication de leurs rapports; il fuffit de n’avoir
attention qu’aux réglés du calcul, & la plume feule conduit
directement a la réfolution qu’on cherche, qui devient
enfuite une formule générale pour toutes les queftions
femblables, fans avoir befoin d’autres démonftrations
que celles que l’on tire de l’évidence du calcul même,
dont les operations font fondées fur de fimples axiomes.
Souvent une feule expreffion littérale donne jour à une
Science entière dont on développe fans peine toutes les
conféquences les unes après les autres, comme on en pourra
juger par la maniéré dont nous avons exprimé les réglés
du mouvement & celles de la mefure des eaux. Cependant
mon deffiein ayant été de faire enforte que cet Ouvrage
devînt utile a tous ceux qui le liraient, j’ai eu foin
d’expofer en forme de maximes toutes les réglés que j’ai
dédu ites de l’analyfe ordinaire & des nouveaux calculs :
j’ai même appliqué ces maximes à des exemples numériques,
pour qu’on fe les rendît plus familiers & qu’on s’en
fervît avec la même confiance que la plupart ont ordinairement
pour les opérations de la Géométrie - Pratique,
quoiqu’ils ignorent la théorie qui les a fourni.
J etois à la veille de mettre au jour le Traité que j’avois
promis en 1719 , fur l’ArchiteClure Hydraulique, qui ne
devoir embrafler, (comme je l’ai annoncé alors) que les
diiîerens Ouvrages de maçonnerie, charpente, fafcinage
qui fe font dans l’eau, lorfque voulant faire le projet d’une
machine pour élever l’eau, je fus fort furpris de ne fçavoir
comment m’y prendre pour en déterminer exactement
toutes les parties de maniéré à fatisfaire un bon efprit qui
m aurait demandé compte de Ja difpofition de chaque
piece, la raifort de leur dimeufion, celle du degré de vî