
314 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v . II.
faire agir ce moulin fans difficulté, Sc faire faire à la manivelle 3a1
tours par minute, qui eft une vîtelïe modérée, en ne les faifant travailler
que pendant une heure fans interruption ; ayant remarqué
plufïeurs fois à la conftruétion des éclufes du canal de Picardie 8C
ailleurs, que les manoeuvres qui épuifoient l’eau avec des chapelets
, ne faifoient pas moins de 5 5 tours de manivelle par minute,
encore la manivelle avoit-elle 16 pouces de coude, Se qu’ils aeif-
foient chacun avec une force de 3 5 liv. 7, félon le calcul que j’en ai
fait. Il eft vrai que ce travail eft un peu forcé, auffi n’ai-je pas voulu
me régler là-deüùs, pour ne compter que fur ce qui fe pratique communément
; je ne détermine point le tems qu’on donnera pour le
repos de ceux qu’on relèvera du travail, ce qui dépend du monde
dont on peut difpofer ; au refte, quand il s’agit de la fubliftance
d’une garnifon affiégée, les hommes 11e manquent pas pour une
femblable befogne.
681. Pour fçavoir la quantité de farine que ce moulin pourra
moudre en 24 heures , il faut fe rappeller que les produits de deux
meules differentes font dans la raifon, compofée de leur pefanteur
abfolue, Sc de leur vîtefîè par minute, (638) Sc que chacune de
ces viteflès doit être exprimée par le produit du rayon moyen, multiplié
par le nombre de tours que chaque meule fait dans le même
tems. Sur quoi nous fçavons qu’une meule du poids de 4348 livres,
dont le rayon moyen eft de 24 pouces, Sc qui fait environ 5 3 tours
par minute, moud 120 feptiers de bled en 24 heures, (é jé ) On
pourra donc faire cette proportion 4348 liv. x 24 pouces x 5 3 tours,
120 feptiers : : 700 liv. x 14 pouces x 60 tours,à un quatrième terme,
qu’on trouvera de 1 2 feptiers Sc environ \ pour la quantité de farine
que le moulin pourra moudre en 24 heures, ce qui revient à
un demi feptier de bled par heure, le feptier dont je parle pefant
.75 liv. comme j ’ai dit ailleurs,
C ’eft ainfi que dans les machines de même efpece, lorfqu’on
eft parvenu à en bien développer une , on en tire de juftes confé-
quences pour les autres ; Sc ce qui me fatisfait le plus eft de voir que
toute la théorie fur laquelle j’ai fondé les calculs précédens, fç
trouve conforme à l’expérience.
P ia n . 10, 682. La première figure de la planche dixième exprime une au-
Pig. 1. tre .maniéré de faire agir une petite meule, en donnant .le mouvement
aux manivelles G d’une façon fort commode. Ce mouvement
éft entretenu par trois volées D , E , F , dont chacune eft croifée pat
'un e fécondé volée qu’on ne peut voir dans le deffein, lequel eft
^ftçz in te llig ib le , fans qu’il fo it befoin que je m’y arrête davantage,
C s a p . I. des M o u l i n s a e a u. . 315
683. La troifieme 8c la quatrième figure de la planche feptieme,
repréfentent le plan Sc le profil d’un autre moulin à bras qui eft de la
derniere fimplicité, n’ayant d’autre frottement que celui de deux
pivots : il eft compofé de deux roues AB Sc C D , pofées horizontalement,
ayant chacune un canal à leur circonférence comme aux
poulies ; la première eft de 4 pieds de diamètre, Sc l’autre de deux :
ces roues font embraffées par une corde fans fin, ainfi la première
ne peut tourner que la fécondé ne tourne auffi.
L ’effieu F de la roue CD eft commun à une autre roue GH de
3 pieds j de diamètre, Sc de 5 à 6 pouces d’épaiflèur, laquelle fert
de volée pour rendre uniforme le mouvement de la meule : quant
à l’effieu de la roue A B , on voit qu’il eft coudé à la hauteur de 4
pieds pour former une manivelle K , 8c qu’il eft auffi accompagné
d’une double volée E , E : deux hommes font tourner la manivelle
en fe fervant de béquilles, comme je l’ai dit dans l’article 677, ou
de deux potences tournantes LM , dont il eft aifé de s’imaginer
l ’effet.
Comme la meule fera deux tours contre la manivelle un, fi l’on
fuppofe à cette meule les mêmes dimenfions qu’au moulin précédent
, elle pourra moudre, comme l’autre, un demi-feptier, de bled
par heure, avec une puiflance de 5 o liv. tout au plus.
684. La fécondé figure de la planche 1 0 , comprend le deffein
d’un moulin à cheval compofé d’un grand rouet A , que l’on fuppofe
accompagné de ioo dents qui s’engrainent avec la lanterne
B de 20 fufeaux, dont l’elîieu répond à un autre rouet C de 48
dents qui s’engrainent avec la lanterne D qui a 6 fufeaux. Selon
cette difpofition le cheval attelé au palonneau H faifant un tour,
la meule en fera 40 : cependant, pour éviter les engrainemensinutiles
, voici un autre moulin repréfenté par la figure-é de la planche
9, lequel eft beaucoup plus fimple, Sc par conféquent préférable à
celui de la planche 10.
685. Pour montrer de quelle maniéré on doit s’y prendre lorf-
qu’on veut faire le projet d’une machine, nous allons déterminer
les parties du moulin dont il eft queftion, en nous fervant des réglés
tirées de l’expérience Sc du raifonnement, ce qui pourra fervir
d’exemple pour le conduire dans tout autre cas que celui-ci.
Mon premier objet eft de faire enforte que la machine foit la
plus fimple qu’il eft poffible ; cependant je ne puis me dilpenfer
d’employer un rouet Sc une lanterne pour donner à la meule une
vîteffe qui lui faffe faire au moins 40 tours par minute ; enfuite je
vois qu’il faut proportionner la réliftance qu’on aura à furmonter
Defcrlption
d'un moulin
à bras s p lu s
fimple encore
que le précèdent.
Plan. 7.
Fig. 3 Ôc 4.
Maniéré de
déterminer les
dimenfions
d'un moulin
mis en mouvement
p a r un
cheval.
Plan. 10.
Fig. x.
Plan. 9,
Fig* 6 ,