
4 i A r chi t e c tu r e Hyd r a u l iqu e , L ivr e I.
levier moyen qu’on cherche ; la circonférence qui aura pour rayon
cette ligne, exprimera la vîteffè du poids. Alors, dans le calcul de
la machine, on fuppofera qu’elle n’eft compofée que d’un corps
de pompe dont le pifton qui feroit fufpendu à l’extrémité du bras
de levier moyen, agit fans interruption.
Je pourrois encore rapporter des chofes affez curieufes fur les
manivelles plus compofées ; mais comme il n’y a point d apparence
qu’on en faffe jamais ufage, je ne m’y arrêterai pas.
Voici quelques principes fur la force des animaux propres a
mouvoir les machines , c’eft-à-dire, fur celle des hommes St des
chevaux, extraits des raifonnemens St expériences faites fur ce
fujet par MM. de la H ire, Sauveur 8t Parent. Dans la fuite nous
en ferons l’application à la manoeuvre de plufieurs machines effen-
tielles à la vie.
M a n iè re Le f- 1 1 7 . La force de l’homme 8t de tout autre animal quon em-
timer la force plç>ie à mouvoir des fardeaux, dépend des mufcles qui jouent, 8t
dq ïd i i ï ^ u de la pofition où eft fon corps, St ce n’eft que par 1 expérience
qui porte un qu’on peut connoître la force des difFérens mufcles.
fa rdeau. Un homme d’une taille médiocre St d’une force ordinaire, pefe
autour de 140 livres : comme cet homme, étant à. genoux, peut
fe relever en s’appuyant feulement fur la pointe des pieds, St
qu’alors les feuls mufcles des jambes 8t des cuiflês elevent le
poids de tout fon corps , il eft: évident que ces mufcles ont la
force 'de 140 livres.
On voit aufli par expérience qu’un homme ayant les jarrets un
peu pliés, peut fe redreffer , quoique chargé d’un poids de 150 'liv.
auquel ajoutant celui de fon corps de 14 0 , la force des mufcles
des jambes St des cuiffes peut donc élever un poids de 190 livres,
pourvu que l ’élévation ne foit que de deux ou trois pouces au
plus. 4 .
Un homme peut, élever un poids de 100 livres qu’il auroit entre
les jambes , ployant feulement le corps pour prendre ce poids
avec les mains comme avec deux crochets, 8t fe redrefîant en-
fuite ; d’où il fuit que les feuls mufcles des lombes ont la force
d’élever un poids de 170 livres ; car ils élevent non-feulement le
poids de cent livres, mais encore toute la partie fupérieure de fon
corps depuis la ceinture qu’on eftime pefer 70 livres, St qu’il avoit
panché pour prendre le poids.
Un homme, 1 1 8. A l’égard de la force des bras pour tirer St pour elever un
en fe fervant fardeau, elle peut être évaluée à 1 60 livres. Si l’on a une corde
fixT, Fne peut qui pafle fur une poulie, qu’à l’un des bouts il y ait un poids de
C h AP. I. DE L A MÉC P IANIQUE . 43
140 livres, l’homme, que nous avons fuppofé avoir cette pefan-. enlever un
teur, étant appliqué à l’autre bout de la corde, ne pourra enlever
ce poids, parce qu’il fera en équilibré avec lu i, St qu on ne peut fauteur proenlever
au-delà À fa pefanteur p ro p r e quelque fecouffe que l’on fe t n-
donne, parce-que la force des mufcles des bras St des épaules.ne
peut avoir lieu pour foutenir un fardeau plus pefant que le corps,
qu’autant qu’on a un point d’appui qu’on ne quitte pas; ce qui ne
peut arriver dans le cas dont nous parlons, où l’on ne peut faire
agir tout le poids du corps fans perdre terre.
119 . M. de la H ire, après avoir établi ce que nous venons d’ex- La force d’au
pofer, confidere l’effort de l’homme pour tirer ou pour pouffer h° f nc ‘PPll~
horizontalement; pour cela, il le fuppofe appliqué à la manivelle n iv e lle , pou r
d’un treuil dont le rayon feroit égal au coude de la manivelle, la f“irf j p
afin de comparer la force de l’homme, fans aucun avantage de la n‘{„’s nJ ? f e“27
part de la machine. ........ liv .cn a g ïjfan t
Si le coude de la manivelle eft placé horizontalement à la hau- mille
teur des genoux, l’effort de l’homme qui la releve, peut élever toifes par heur
en même tems un poids de 150 livres qui feroit attaché à l’extré- re•
mité de la corde appliquée au travail, en prenant tous les avantages
poffibles, puifqu’il fera dans le même cas que ci-devant pour élever
ce poids ; mais fi au contraire il veut »bailler la manivelle,, fon e ffort
ne peut être que. de 140 livres, ne pouvant appuyer que du
poids de tout fon corps.
Si le coude de la manivelle eft placé verticalement, & que l i
poignée foit à la hauteur des épaules, il eft certain qu’un homme
ne pourra faire aucun effort pour la faire tourner en tirant ou en
pouffant avec la main , fi fes deux pieds font l’un contre l’autre,
& que le corps foit droit, puifque, dans cette pofition, ni la force
de tout le corps ou de fes parties, ni fa pefanteur, ne peuvent faire
aucun effort pour pouiïèr ou pour tirer.
Mais fi la manivelle eft plus haute ou plus baffe que la hauteur
des épaules, l’homme pourra avoir quelque force pour pouffer out
pour tirer, fie cette force dépend de la feule pefanteur de fon
corps, que l’on doit confidérer comme réunie dans fon centre
de gravité, qui eft à-peu-près à la hauteur du nombril, pour déterminer
l’équilibre; car l’effort des mufcles des jambes & descuiflès,
ne fert que pour conferver cet équilibre en marchant.
120. Il n’y a donc que lorfque le corps eft incliné, qu’un homme
peut pouffer horizontalement avec le bras, fie l’inciinaifon la plus
commode pour agir, eft de faire un angle de 6q degrés avec l’horizon.
Alors la force de l’homme fe réduit feulement à 27 livres
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