
lement les petits, et les soignent d’un commun accord. Ceci a lieu
surtout chez celles où la nature a établi un mariage aussi durable que
la vie ; par exemple chez le renard, le loup, la martre, la fouine, chez
presque tous les oiseaux, tels que la cicogne, le ciguë, 1’hiroudelle, le
merle, le rossignol, le pinçon , le moineau, le pigeon, etc. Dans ces
espèces, lorsque la femelle périt, le mâle continue de couver les oeufs
et de nourrir les petits. Lorsque l’un et l’autre restent en vie, ils couvent,
d’ordinaire, alternativement, et prennent soin des petits en commun.
Cependant même dans ces espèces, l’on remarque que la femelle est
dominée plus puissamment par cet instinct que le mâle. Dans les cas de
danger imminent, le père prend la fuite plutôt que la mère.
Dans chacune de ces deux classes, il existe encore des différences
d’individu à individu. Il y a des vaches, des jumens, des chiennes qui
supportent la perte de leurs petits avec assez d'indifférence; quelques
femelles même les abandonnent toutes les fois quelles en font. Généralement,
les pigeons, tant le mâle que la femelle, couvent avec
nonchalance. Ils laissent souvent refroidir les oeufs; assez souvent ils
écrasent les petits, quelquefois ils abandonnent le nid pour le plus léger
motif; et lorsqu'on leur enlève leurs petits, ilsne témoignent pas beaucoup
de regrets. Le raie des genets, dit roi des cailles, couve avec tant
d’assiduité, que souvent la couveuse alfl tête emportée par la faucille
du faucheur. Lorsque le feu prend à un édifice où il y a un nid de cico-
gnes, le père et la mère se précipitent dans les flammes plutôt que
d’abandonner leurs petits,
La femelle du lapin argenté, et celle du hamster, quittent légèrement
leurs petits, et les mangent quelquefois, même dans les cas où elles ne
manquent pas de nourriture. D’autres femelles sont inconsolables
de cette perte, maigrissent de chagrin, et poussent des cris continuels.
J’ai vu des chiennes chercher sans cesse leurs petits pendant des mois
entiers, en hurlant d’un ton étouffé; elles se jetoient avec fureur sur
toutes les personnes contre lesquelles elles avoient quelques soupçons
de les avoir enlevés, et aceabloient de caresses plaintives toutes
celles dont elles croyoient pouvoir attendre qu’elles les l.eurrendroient;
lorsque là encore elles voyoient leur espoir déçu, elles poussoient de
longs liurlemens. Quelques jumens ont une telle passion pour les poulains,
qu’elles enlèvent ceux des autres jumens, et en prennent soin
avec une tendresse jalouse.
Dans les différentes espèces, l’amour maternel se manifeste encore
avec différentes modifications. La femelle du faisan argenté aime singulièrement
les petits; et c’est pour cela qu’on lui confie la couvée et
la conduite des petites pintades, de préférence à une pintade. Certaines
femelles n’aiment que leurs propres petits, et n’ont que de la haine pour
ceux des autres femelles de la même espèce. La perdrix femelle aime
ses propres petits avec une grande tendresse, mais elle poursuit et elle
tue ceux des autres. Le faisan femelle, (ordinaire), au contraire,
montre beaucoup moins d’amour pour ses petits , et abandonne avec
assez d’indifférence ceux qui se sont égarés, mais accueille avec joie, et
prend sous sa protection de petits faisans qui lui sont étrangers. Quelques
animaux vivent long-temps avec leurs petits, et constituent une
famille ; d’autres les quittent dès que ceux-ci peuvent se passer de leurs
secours.
Il y a de nombreuses familles d insectes, d’amphibies et de poissons
dont ni les mâles ni les femelles ne s'inquiètent le moins du monde
des petits. Parmi les oiseaux, le coucou est entièrement étranger à l’amour
de la progéniture. Tous ses soins pour sa postérité se bornent à ses
oeufs qu’il va déposer dans les nids d’autres oiseaux dont il emporte
ou mange les oeufs. Les maîtres de ces nids toujours plus petits que
l’usurpateur, non-seulement couvent l’oeuf du coucou, mais nourrissent
encore avec une infatigable complaisance le petit très-vorace qui en
éclot. Lorsqu’on enlève du nid le jeune coucou, et qu’on le met
dans une volière avec d’autres oiseaux, ou qu’on l ’expose dans un
jardin , tous les oiseaux qui se trouvent à portée s’empressent de l'adopter.
J’en ai fait élever plusieurs fois par un roitelet : c’étoit un spectacle
assez plaisant que celui du père nourricier, obligé de monter sur les
épaulés de son nourrisson, pour lui introduire la nourriture dans le bec.
L’homme fait partie de cette classe dans laquelle le mâle et la