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fera en avant l’encouragera à poursuivre sa carrière, et en peu d’années
il sera convaincu que l’organologie repose sur des bases inébranlables.
Remarque générale sur l’instinct de la propagation, et
sur l’amour de la progéniture.
Il est prouvé, par ce qui précède, que les deux penchans les plus impérieux
et les plus essentiels à l’animal ont leurs organes dans le cerveau.
Donc, non-seulement les facultés et les forces intellectuelles, mais
aussi les qualités morales et les penchans, les sen.timens et les instincts
ont leurs organes dans le cerveau, et les organes placés dans d’autres
régions du corps, tels que les parties sexuelles, et les seins ne sont formés
que pour .exécuter les impulsions et les commandemens de forces supérieures.
Influence de la castration sur l’organe de l’amour de la
progéniture.
Cabanis rapporte la méthode connue de tout le monde, de disposer
les chapons à couver et à conduire les poussins ‘. « On prend un chapon}
on lui plume l’abdomen, on le frotte avec des orties et du vinaigre ; et
dans l’état d’irritation locale où cette opération l’a mis, on le place sur
des oeufs. Il y reste d’abord machinalement pour soulager la douleur
qu’il éprouve : bientôt il s’établit dans ses entrailles une suite d'impressions
inaccoutumées, mais agréables, qui l’attachent à ces oeufs pendant
tout le temps nécessaire à l’incubation, et dont l'effet est de produire
en lui une espèce d’amour maternel factice, qui dure, comme celui de
la poule, aussi long-temps que les petits poulets ont besoin d’une vigilance
et de soins étrangers. Les coqs ne se prêtent pas à ce manège : ils
ont un instinct qui les porte ailleurs....... »
‘ Rapports du physique et du moral dans l’homme, seconde édition,
T. I ,p . 15 1-
Comme la même méthode ne réussit point avec les coqs, il faut que
l’opération de plumer le ventre et de le frotter avec des orties et du vinaigre
, ne soit pas la seule cause qui provoque dans le chapon l ’amour
de la progéniture. Je conçois bien que de semblables procédés peuvent
suffire pour réveiller l’activité de certains organes trop paresseux; mais
que peuvent opérer toutes ces irritations, là, où les organes n’existent
pas? Si dans la poule, comme on veut nous le faire croire
pour les mammifères, ce sont les ovaires, etc., qui constituent les
viscères dont dépend l’instinct de prendre soin de la progéniture, il
doit être impossible de faire naître cet instinct chez le chapon, par
quelque procédé que ce soit. S i, ce que personne ne voudra soutenir,
d’autres viscères sont le siège de cet instinct, pourquoi ces viscères
sont-ils constamment incapables, dans le coq, de le faire naître?
1,’instinct qui porte le coq ailleurs, ne peut pas non plus l’empêcher
d’être susceptible de l’amour de la progéniture, puisqu’il y a beaucoup
de mâles qui couvent les oeufs, et qui soignent les petits ; et les femelles
n’ont-elles pas aussi ce même instinct qui les porte ailleurs ?
Cette observation doit faire naître chez les naturalistes, le soupçon
que l’amour de la progéniture dépend d’une partie dont le chapon n’est
pas dépourvu. Il est de fait que l’organe de cet amour existe chez les
animaux mâles, des espèces où le mâle ne prend aucun soin des petits,
seulement il est peu développé chez eux. On connoît cependant des
exemples de chiens et d’étalons qui ont recherché avec sollicitude les
petits qu’ils avoient engendrés, et qui les ont conduits avec tendresse, et
défendu avec courage. Or, il me paroît que dans les animaux l’organe de
l’amour de la progéniture acquiert plus de développement par l ’ablation
des parties génitales, et parla diminution du cervelet, qui en est une suite.
Que l ’on compare le coq et le chapon, le taureau et le boeuf, l’étalon et
le cheval hongre, etc. Si mes soupçons venoient à se confirmer, l’on
concevroit comment l’organe de l’amour de la progéniture se trouve
excité dans le chapon par réchauffement du ventre, tout comme il l’est
dans la poule par la simple influence de la saison et d’une nourriture
plus abondante.