
Dans la tête d’une jeune femme, qui nous fut envoyée de la Salpétrière
et dont j’ai déjà parlé plus haut, Vol. II , p. 299, nous trouvâmes
l'hémisphère gauche beaucoup plus petit que le droit : cela provenoit
d’un grand ulcère au milieu de la, soi-disant, couche optique du côté
gauche. Cette couche optique, ou plutôt ce ganglion cérébral, étoit diminuée
de plus de moitié; le corps strié, du même côté, et tout l’hémisphère
gauche avoient subi la même diminution. La PI. LI, fig. i, représente
l’hémisphère sain tout entier, fig. 2; la couche optique saine, fig. 3; le corps
strié sain, fig. 4; les deux lobes antérieurs, vus d’en bas, avec les deux
nerfs optiques. La PL LII représente les deux hémisphères, mais l’hémisphère
gauche seul est entièrement visible; l’hémisphère droit le dépasse
; l’on voit combien toutes ses circonvolutions sont plus petites. La
fig. 2, est la couche optique amaigrie par la suppuration et l ’atrophie ; la
fig. 3, le corps strié également atrophié. Quant au crâne, PI. LIII, tout
son côté gauche est plus épais que le côté droit, surtout depuis le temporal
jusqu’au basilaire; le plancher orbitaire gauche est bombé en
sphère et uni, tandis que l’on remarque encore distinctement dans le
plancher orbitaire droit, beaucoup moins convexe, les impressions des
circonvolutions. La fosse entre les orbites et les rochers est beaucoup
moins large que de l’autre côté ; dépôts épais de matière osseuse sur la
partie interne inférieure et interne latérale du temporal, le rocher plus
épais, la fosse occipitale plus petite. Ainsi, dans le crâne, même rapetissement
que dans l’hémisphère gauche du cerveau '.
Plus tard, je reçus une tête dans laquelle l’hémisphère droit étoit
encore bien plus considérablement amaigri que dans le cas précédent ; 1
1 Si la, soi-disant, couche optique appartenoit au nerf optique, il faudroit que
l’un des côtés de ce nerf eût été considérablement amaigri ; mais cela n’a point
eu lieu. L’amaigrissement simultané delà couche optique, du corps strjé et de
l’hémisphère, prouve que les couches optiques et les corps striés ne sont
que des appareils de renfort pour les hémisphères, comme nous l’avons démontré
, dans notre anatomie du. cerveau, par de nombreuses preuves d’un
autre genre.
j ’en conserve le plâtre. Dans le crâne, on remarque du côté droit les
mêmes épaississemens et les mêmes rétrécissemens proportionnels que
l’on observe dans le cas précédent du côté gauche. Dans l’un et l’autre
de ces crânes, les temporaux, si trarisparens dans l’état naturel, onttrois
lignes d’épaisseur du côté malade. Dans l’un et l’autre, tous les autres
os sont considérablement plus épais du côté malade que du côté sain.
M.Esquirol possède un crâne semblable, et Greding en cite plusieurs
qui étoient plus épais d’un côté que de l’autre,Qu’après cela, on nie
encore l’influence du cerveau sur la forme du crâne!.
Influence du cerveau sur le crâne dans les sujets qui ont
un penchant au suicide,
Il n’y a pas de maladie mentale qui surprenne sa proie plus sourdement
que le malheureux penchant au suicide, Je regrette de
ne pouvoir, ici, traiter cette matière à fond; mais je dois renvoyer
ces détails à un ouvrage sur les maladies mentales , dont je
inoccupé. Je me bornerai donc pour le moment, à la considération
du crâne.
Nous avons examiné beaucoup de cerveaux et de crânes de suicidés;
chez tous nous trouvâmes le crâne très-dense, très-pesant et très-épais ;
ou s’il n’étoit pas épais , toujours éburné , comme dans toute autre
manie de longue durée. Le plus pesant, le plus dense et le plus épais de
tous les crânes que renferme ma collection, est celui d’un homme que
non-seulement un malheureux penchant poussa à se détruire, mais qui,
avant de porter la main sur lui-même, crut devoir immoler une épouse
qu’il chérissoit. Dans la première partie du second volume, j’ai consacré
quelques pages à cette épouvantable maladie , et j’en ai rapporté
plusieurs exemples '.
Trois crânes de suicidés, que je dois à la complaisance de M. le baron