
n’avoit aucune connoîssance demes decouvertes;à cette époque, j’avois
déjà fait cette observation sur les coqs de basse-cour, et je l’ai trouvée
confirmée depuis, tant chez les coqs de combat, que chez leurs femelles,
en les comparant avec des coqs et des poules de basse-cour. M.le docteur
Spurzheim a eu en Angleterre de fréquentes occasions de répéter cette
observation sur le coq de combat.Les poules de cette variété sont tellement
acharnées contre toutes les autres poules, qu’aucune poule commune
ne peut rester dans la basse-cour où il s’en trouve. La corneille et
le corbeau ont dans cette région la tête beaucoup plus large que plusieurs
espèces d’aigles et de faucons. Aussi n’existe-il pas d’animal plus courageux
que le grand corbeau noir. Du moment où j’eus vu le crâne d un
roitelet, son infatigable témérité me fut expliquée. Comment concevoir
que le lapin sauvage ose poursuivre et réussisse à vaincre le lièvre?
L ’organologie nous l’explique : dans le lièvre PI. LXIV, fig. 5. la région
en question est plane, ou même renfoncée ; dans le lapin, même planche
fig. 6, au contraire, elle est fortement bombée. C’est la même conformation
de la tête qui donne au hamster et à tant d’autres frugivores en
général, cet instinct de la défense si actif.
Opinions de quelques autres physiologistes sur l’origine
du courage.
Il est concevable qu’avant la découverte de l’organologie on n’ait pas
songé à se rendre compte des diverses qualités et facultés, et qu’on s’en
soit tenu, à cet égard, à des erreurs reçues. Mais ce qu’on ne peut concevoir,
c’est quede,nos jours encore des physiologistes aient recours
à des assertions absolument gratuites, pour expliquer l’origine d’une
qualité. M. Richerand s’exprime ainsi au sujet du courage :
«..... Le coeur est également plus gros, plus fort et plus robuste chez
les animaux courageux, que dans les espèces foibles et timides ».
« Voici le premier exemple d’une qualité morale dépendante d’une
disposition physique ; c’est l’une des preuves les plus frappantes de
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l ’influence du moral sur le physique de l’homme. Le courage naît du
sentiment de la force, et celui-ci est relatifà la vivacité avec laquelle le
coeur pousse le sang vers tous les organes. Le tact intérieur que produit
l’afflux du liquide est d'autant plus vif, d’autant mieux senti, que le
coeur est"plus robuste. C’est par cette raison que certaines passions,
telle que la colère, augmentant l’activité des mouvemens du coeur, centuplent
les forces et le courage, tandis que la peur produit un effet
opposé. Tout être foible est craintif, et fuit le danger, parce qu’un sentiment
intérieur l’avertit qu’il manque des forces nécessaires pour le
repousser. On objectera peut-être que certains animaux, tels que le coq-
d’Inde, l’autruche, sont moins courageux que le plus petit oiseau de
proie, que le boeuf l’est moins que le lion et plusieurs autres carnivores.
Il ne s’agit point ici du volume absolu du coeur, mais de sa grosseur
relative. Or, quoique le coeur d’un épervier soit absolument moins gros
que celui d’un coq-d’Inde, il l’est bien plus proportionnellement aux
autres parties de l’animal. Ajoutez que l’oiseau de proie, comme tous
les carnivores, puise encore son courage dans la bonté de ses armes
offensives » ,i, ;
« Une autre objection plus spécieuse, mais non mieux fondée, se tire
du courage que manifestent dans certaines occasions les espèces animales
les plus timides, de celui, par exemple, avec lequel la poule défend
ses petits, de celui avec lequel d’autres animaux, pressés par les
besoins de la faim ou de l ’amour, bravent tous les obstacles, et surtout
de la valeur poussée jusqu’à l’héroïsme chez les hommes les plus débiles.
Tous ces faits ne sont cependant que des preuves de l’influence du
moral sur le physique. Dans l’homme en société, le préjugé du point
d’honneur, les calculs de l’intérêt et mille autres idées, dénaturent les
inclinations naturelles, au point de rendre lâche l’homme que sa force
porterait à affronter tous les périls, tandis qu’elles inspirent les actions
les plus courageuses à ceux que leur organisation semblerait devoir
rendre les plus timides. Mais toutes ces passions, tous ces sentimens
moraux n’agissent qu’en augmentant la force du coeur, en redoublant
la rapidité et l’énergie de ses battemens; de manière qu’il excite, par
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