de pareils individus que je pourrois trouver des différences frappantes
de la tête, et que je pourrois distinguer des protubérances bien marquées.
Je n’avois donc, dans l’examen des têtes et des crânes, d’autre
but que de découvrir les marques extérieures qui indiquent des qualités
ou des facultés éminemment distinguées.
Or, il est certain que le défaut de parallélisme des deux lames osseuses
du crâne, n’est point dans l ’état de santé, et avant la vieillesse , un
obstacle qui empêche d’observer le développement marqué de certaines
parties cérébrales. Pour en convaincre mes auditeurs, je leur montre des
crânes assez épais; par exemple ceux représentés P1.VI1I ,P 1. X ,P 1. XI,
Pl.Xll,puis j’appelle leur attention sur le cervelet, et je leur fais observer
son développement très-foible, comme PI. X, 47 •> 4®* S°n développement
médiocre, comme PI. XI, 4-75 4$) et son très-grand développement,
comme PI. VIII, 47, 48. Je démontre de même le développement plus
ou moins considérable des lobes postérieurs du cerveau immédiatement
au-dessus du cervelet. Ces lobes postérieurs sont par exemple beaucoup
moins développés PI, XI, 48, 49> et PI- VIII, 48, 49) *ïue dans
PI. X , 4 8 ,4g , et PI. IV, il, 28. Qui osera soutenir qu’avec de pareils
organes le défaut de parallélisme des lames puisse induire en erreur?
D’ordinaire , je démontre la même chose pour deux organes situés à
la partie supérieure de la tête. Je démontre la même chose encore, pour
les organes de l’architecture et des nombres, lorsqu’ils ont acquis un
développement marqué ; or, ces deux derniers sont au nombre des
plus petits.
Ces démonstrations convainquent tous mes auditeurs, que le défaut
de parallélisme des deux tables, lorsqu’il a lieu, n’infirme nullement
l ’exploration cranioscopique. En traitant des puissances fondamentales
et de leurs organes, j’appliquerai ces considérations à chaque organe en
particulier.
Faute de faits assez nombreux, je ne saurois décider la question,de savoir
si chez certains peuples les crânes sont généralement plus épais que
chez d’autres. Les crânes des Nègres sont souvent épais et lourds; cependant
, j’en possède dans ma collection qui sont minces et légers, Les crânes
de Grônlandois et d’Esquimaux, qui se trouvent dans la collection de
M, Blumenbach, sont minces et légers. Selon Hérodote, les crânes des
Egyptiens étaient plus épais que ceux des Perses. Quelquefois les
crânes d’hommes très-bornés sont très-épais, sans que cet état soit dû
à l’àge avancé, ou à une maladie mentale. De semblables crânes sont
des pièces utiles pour la physiologie en général; mais ils ne peuvent
pas servir pour la craniologie.
M, Hufeland craint que par la suite on ne découvre un si grand
nombre d’organes, que le crâne ne puisse plus les contenir; je renvoie
cette question à la section sur les puissances primitives.
Ce savantse trompe en affirmant que je regarde chaque circonvolution
comme un organe particulier, Je n’ai jamais enseigné cela; cependant
même dans ce cas il ne seroit pas impossible de reconnoi’tre, sur là face
externe du crâne, le développement extraordinaire de certaines circonvolutions,
11 est vrai que l’investigation seroit plus difficile lorsque
plusieurs organes voisins auroient acquis à la fois un grand développement.
Mais en tout état de cause, tout individu ne peut pas devenir
l’objet d’observations craniologiques utiles,
Je fais observer enfin, que toutes }es objections et tous les doutes de
mes adversaires ont tin vice radical : la craniologie et l’organologie sont
des .sciences expérimentales, Pourquoi mes adversaires ne cpmmencerft-
ils pas par répéter les observations que nous avons faites, M. Spurzheim
et moi? Pourquoi ne recueillent-ils pas des faits, plutôt que de me combattre
par des subtilités déduites deleur propre manière de considérer
les puissances de j’ame , et l’organisme animal? Moi aussi, je tenois
autrefois aux idées reçues, mais la force des faits m’a contraint de sacrifier
à la vérité cette sagesse dont je m étais imbu sur les bancs de
l’épole, et cette fureur de tout expliquer dont j’y avois contracté l’habitude.
Le naturaliste, avant tout, est l’esclaye de la nature; il doit
savoir ce qui est ; après il pourra se livrer son vain désir de savoir pourquoi
ce qui est, est, comme il est !