
turbulentes et très-indomptables. On peut mettre de ce nombre1, icelles
qui ne peuvent être pliées à la loi générale du travail, et qui toujours
dans une activité malfaisante, se plaisent à chercher les autres aliénées,
à les provoquer, et à exciter sans cesse des sujets de discorde, sans que
les moyens ordinaires de répression puissent exciter en elles la moindre
réforme..... »
Ces exemples prouvent, à l’évidence, que l’instinct de la défense
de soi-même peut être surirrité, indépendamment de toutes les autres
qualités et de toutes les autres facultés, jusqu’à dégénérer en monomanie
, phénomène qui seroit impossible si cet instinct n’avoit pas son
organe particulier et indépendant.
Qualité fondamentale de l’amour des rixes et des combats.
Le lecteur sait déjà qu’il me fut impossible de découvrir aucune force
fondamentale dans sa destination primitive; il sait que mon intention
a toujours été fixée d’abord à la manifestation extraordinaire d’une
qualité ou d’une faculté, et par conséquent au résultat d’un développement
excessif d’un organe. L’action la plus exaltée d’un organe n’est
autre chose que la gradation de la force fondamentale, mais non pas
cette force fondamentale elle-même. La qualité ou la faculté fondamentale
est commune à tous les individus de l’espèce, mais les degrés de la
manifestation varient d’un individu à l’autre, selon que l’organe est plus
ou moins développé. Si on néglige toutes les modifications accidentelles,
et si on ne fait attention qu'à ce qu’il y a de commun de cette
qualité, dans tous les individus, l’on aura trouvé la qualité ou la faculté
fondamentale. Comme ici beaucoup de choses restent abandonnées à
la sagacité de chaque savant qui s’occupe de, cette matière, il subsistera
toujours une grande diversité d’opinions, même parmi les organologistes,
1 Ibidem, p. agi , dans la note.
«
D U C E R V E A U . l O l
au sujet de la dénomination des qualités ou des facultés fondamentales.
Quanta l’instinct de l’amour des rixes et des combats , il me semble
que 1 on peut ramener toutes ses modifications et tous ses degrés à l ’instinct
de la défense de soi-même et de sa propriété. Dès que l’homme
ou 1 animal devoit avoir un gîte, un mâle ou une femelle, des enfanà ou
des petits, ou quelque propriété que ce fût, il devoit être pourvu d’une
qualité qui le portât à se défendre contre la violence du dehors. La
seule conservation de l’individu même, suppose l’existence de cet instinct.
Mais il n’y a point encore là penchant , amour pour les rixes et
les combats, etc. Ce penchant, cet amour supposent un degré supérieur
d exaltation de la qualité fondamentale, de l’instinct de la défense
de soi-même et de sa propriété, dont l’organe est susceptible de
différens degrés de développement.
Lindividu qui, avec un développement médiocre de l’organe, se fût
borné à se défendre lui et sa propriété, attaquera du moment où l’organe
sera plus développé ou plus fortement excité; le penchant aux
rixes est plus puissant dans la même proportion que ce développement
ou cette excitation augmentent; le penchant finit par dégénérer en désir,
en besoin, en passion. On recherche les rixes et les combats, on aime
les dangers, et l’on s’en crée.
Si l’on nommoit la qualité fondamentale, en conséquence de cette
excitation , ou de ce développement excessif, amour des rixes et des
combats, Ion pécheroit tout autant que si l ’on empruntoit le nom de
l’instinct de la propagation , des goûts les plus dépravés dans lesquels
il peut dégénérer.
Comme tous les différens degrés de développement de cet organe
existeront toujours, il y aura toujours aussi des animaux et des hommes
dont la suprême jouissance sera dans les dissensions, les querelles et les
combats. Et tant qu’il existera des hommes, il y aura des disputes, des
rixes et des guerres.
il