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chef de brigands hollandois. Celui-ci avoit précipité plusieurs personnes
dans les canaux, uniquement pour les voir se débattre contre la mort.
Que peut-on me faire ? disoit-il dans son procès, ne suis-je pas un honnête
homme ? Schinderhannes et Heckmann son complice, avoient un
plaisir extrême à raconter leurs crimes ; leurs yeux brilloient pendant
ces récits. Toutes les circonstances accessoires qui leur sembloient propres
à donner d’eux une grande idée, leur causoient la joie la plus
vive. Il y en a même qui, au moment de leur exécution, en repassant
dans leur mémoire toutes les jouissances dont ils s’étoient assouvis pendant
leur vie, se sont vantés qu’aucune n’égaloit celles que leur avoit
causées la cruauté » '.
Si quelques-uns de mes lecteurs trouvoient ce portrait de l’homme
trop rembruni, qu’ils se retracent toutes les périodes de l’histoire des
peuples tant anciens que modernes. Existe-t-il un seul espace sur la
terre qui ne soit rougi de sang humain ? Qu’on lise l’histoire du peuple
élu, celle des Romains, la découverte de l’Amérique ; que l’on suive
les Espagnols à Cuba, au Mexique, au Pérou ; que l’on ouvre l’histoire
des inquisitions, celle des guerres de religion ; que l’on se rappelle les
vêpres Siciliennes, la St.-Barthélemi, les massacres de la révolution
françoise, etc., etc., etc.
Partout on ne marche que sur des champs de bataille, partout on ne
rencontre que des bûchers, des roues et mille instrumens de torture
inventés pour arracher la vie.
De quelle immense diversité de machines de destruction et de morts
les arsenaux ne sont-ils pas remplis ! Enfin la gloire militaire n a-t-elle
pas toujours été mise au-dessus de toutes les autres?
Si vous voulez connoître, dans toute sa nudité, l ’homme dans le sein
duquel dominent des penchans atroces, suivez-le quand, parle nombre
de ses crimes, il croit superflu tout ménagement ultérieur.
Suivez celui qui loue des assassins ; l ’assassin lui-même qui vendant
ses coups de stilets, fait un commerce de la vie de son semblable ; l’empoisonneur
et ces chefs qui, entourés des brigands les plus féroces, font
marcher avec eux la rapine et le meurtre.
Observez surtout ces hommes nés avec la soif du sang, lorsqu ils sont
assis sur le trône, lorsqu’aucune loi ne les arrête, et qu’aucune considération
ne met un frein à leur fureur. Voyez Caligula qui fait couper
la langue aux innocens , les fait dévorer par les bêtes féroces; qui force
les parens à assister au supplice de leurs proches; qui s’amuse à faire
donner la question ou mettre sur la roue des malheureux; qui porte
la rage jusqu’à dire qu’il eût voulu que le peuple Romain n’eût
qu’une tête, afin de pouvoir la couper d’un seul coup ; qui fait nourrir
d’hommes vivans des bêtes sauvages réservées aux spectacles; dont les
voeux les plus ardens avoient pour objet la famine, la peste, l’incendie ,
un tremblement de terre , la perte d’une de ses armées.... Voyez Néron
qui fait empoisonner Britannicus, massacrer sa mère, et le mari d’une
femme à laquelle il avoit voulu faire violence; qui passe la nuit dans
les rues, dans les lieux de débauche, suivi d’une jeunesse effrénée,
avec laquelle il bat, vole et tue; qui sacrifie à sa fureur Octàvie sa
femme, Burrhus, Sénèque, Lucain , Pétrone, Poppée , sa maîtresse;
qui fait mettre le feu aux quatre coins de Rome, et monte sur une'tour
fort élevée, pour jouir à son aise de ce terrible spectacle; qui désire
voir brûler le monde entier; qui fait enduire de cire et d’autres ma-
tières combustibles les chrétiens, et les fait brûler la nuit, disant qu’ils
serviroient de flambeaux; qui forme le projet de faire massacrer tous
les gouverneurs des provinces, et tous les généraux de l’armée, de
faire périr tous les exilés, de faire égorger tous les Gaulois qui étoient à
Rome ; d’empoisonner le sénat entier dans un repas, de brûler Rome
une seconde fois, et de lâcher en même temps dans les rues, les bêtes
féroces réservées pourles spectacles, afin d’empéçherle peuple d’éteindre
le feu....Voyez un Louis XI, fils ingrat et dénaturé, rebelle, dont
le père mourut de la crainte que son enfant ne le fît mourir ; qui, formé
par la nature pour êtreuntyran, cruel, implacable dans ses vengeances,
ne veut gouverner que par la terreur, regarde la France comme un pré
qu’il peut faucher tous les ans, et d’aussi près qu’il lui plaît. Pûu de tyrans