L ’enfant nouveau-né reste, pendant quelque temps, étranger au
monde extérieur. Sa vie n’est guère que végétative, il la passe à dormir
et à téter. Son cerveau, placé dans les parties antérieures-supérieures
du front, n’offre à l’oeil qu’une pulpe rougeâtre ' ; mais au bout de
quelques semaines, les fibres nerveuses se prononcent déplus en plus;
l’enfant commence à devenir citoyen du monde ; au bout d’à-peu-près
trois mois, les parties moyennes et antérieures-supérieures du front,
jusqu’ici perpendiculaires, ou applaûes en arrière, commencent à se
bomber. P l.X L I , fig. i et i.
Dès cette époque, l’enfant regarde long-temps et avec attention tous
les objets; il les compare entre eux; en peu d’années il acquiert une
somme énorme de connoissances du monde extérieur, et nous étonne
par ses questions et par ses observations. Mais plus tard, ces parties
frontales se mettent cbez la plupart des individus en équilibre avec les
autres parties du cerveau, et le petit prodige rentre dans la foule des
gens médiocres.
Que l’on compare le front d’un enfant nouveau-né avec celui d’un
enfant d’un à dix ans : à moins que le sujet que l’on observe ne soit
condamné par la nature à la plus triste médiocrité , l’on trouvera que,
dans les premiers mois, le front est petit, étroit, court, et tout au plus
perpendiculaire ; mais qu’à ‘partir de cette époque, il se dilate dans
toutes les directions, et surtout en avant; que plus tard il perd de sa
convexité, au point même de reculer dans beaucoup de sujets. Donc,
la forme du crâne subit les mêmes changemens que les parties cérébrales
situées contre le front.
La partie inférieure de l’occipital subit aussi les changemens les plus
marqués. Le cervelet est placé dans les deux fosses occipitales, Cbez
l ’enfant nouveau-né, il est très-peu développé, en comparaison du
reste du cerveau ; chez lu i, le crâne se rétrécit, dans cette région, en un 1
1 Je ne parle ici que du cerveau qui n’a subi aucune préparation. Je n’ignore
pas que lorsqu’on l’a fait macérer dans l'esprit de vin, etc., il otlie déjà une
Structure fibreuse,
cône tronqué; les proéminences extérieures correspondantes aux fosses
occipitales, sont petites, plates, et presque imperceptibles; les deux
procès mastoïdiens sont encore très-rapprochés, etc. PI. XLÏ,fig. III.
Mais quelle différence dans le garçon de douze ans ! Les fosses occi-
pitales'se prononcent déjà au dehors, par des proéminences bombees;
les procès mastoïdiens sont bien plus écartés; la base postérieure est
bien plus large, etc.; et tout cela, parce que le cervelet se développé
maintenant bien davantage, comparativement aux autres parties cérébrales,
PL XLII.
Enfin, dans un âge plus mûr, où le cervelet a acquis tout son développement,
les proéminences correspondantes aux fosses occipitales, sont
bien plus bombées et bien plus larges encore , de manière que dans
cet état de choses, la base du crâne égale presque son diamètre pris
d’un temporal à l’autre, PI. XLIII.
Or, ce qui a lieu relativement aux parties cérébrales et aux régions
correspondantes du crâne dont nous venons de parler, a lieu , de
même, lors du développement marqué des autres parties encéphaliques,
et comme dans l’âge en question, le crâne est encore extrêmement
mince, on peut reconnoître, avec certitude, la forme du cerveau
par la forme extérieure du crâne ’,
Coïncidence de la surface du cerveau avec la surface
externe du crâne, dans l’âge stationnaire, sous le
rapport de l’organologie,
Il n’est guère possible de déterminer exactement, ni l’époque de 1 a maturité
, ni la durée de l’état stationnaire du cerveau. Il est des individus
qui arrivent plutôt à cette maturité que d’autres. Le cerveau de la plupart
des hommes n’a guère acquis son développement définitif qu’à trente
ans; souvent même seulement à quarante.
‘ Tout ce que je viens de dire du développement du cerveau et du crâne,
dans notre espèce, a lieu également chez les mammifères et chez les oiseaux.