
jlpparence extérieure de l’organe de l’instinct carnassier
et siège de cet organe chez les animaux.
Les naturalistes ont l’habitude de déterminer les caractères qui distinguent
les carnassiers, par les dents, les griffes, la forme de l’estomac
et des intestins. A les en croire, la conformation de ces parties
explique suffisamment l ’instinct qui pousse ces animaux à en tuer d’autres.
En conséquence de cette idée, ils dédaignent de chercher dans
le cerveau un organe du penchant au meurtre. Tous ces instrumens
sont pris en harmonie avec la force intérieure plus élevée; mais ils
ne peuvent pas la faire naître. Que l’on donne à la brebis les dents, les
griffes du tigre, sans changer la disposition de son cerveau, jamais elle
ne sentira une impulsion intérieure qui la porte à attaquer et à tuer
d’autres animaux. Le tigre placé au milieu d’une prairie couverte
d’herbes en abondance, mourra de faim plutôt que de se décider à les
brouter. L’idiot et l’aliéné, quelque bien conformées que puissent être
leurs mains, ne pourront jamais ni peindre, ni bâtir, tant qu’une force
supérieure ne leur donnera pas l’impulsion nécessaire. Que l’on cesse
de confondre les instrumens d’exécution d’un instinct ou d’un penchant
avec la force intérieure législative, et l’on se verra forcé d’admettre
un organe particulier pour chaque instinct particulier.
Avant de passer aux preuves mêmes, je vais rendre les naturalistes
attentifs 'à un phénomène qu’ils ne pourront certainement pas expliquer
à l’aide des dents , des griffes, de l ’estomac, et des intestins des carnassiers.
Chaque carnassier a sa manière particulière de tuer sa proie.
Les uns étranglent leur victime, et lui coupent le cou avec leurs dents;
d’autres la frappent dans la nuque, etc. Qui donc a instruit ces animaux
à suivre ces méthodes ? Comment les dents , les griffes, l’esto-
tomac et les intestins peuvent-ils déterminer ce genre de mort, toujours
très-approprié à la nature de l’animal à immoler? Nos idées, sur ce
sujet, acquerront bien plus de précision du moment où nous admettrons
que Je monde extérieur, en tant que l’animal et l’homme doivent
influer sur lui, est mis en harmonie avec nos sens, tant externes qu’internes;
que les rapports du monde extérieur sont révélés à l’animal et
à l’homme au moyen des organes cérébraux. C’est par là que les actions
peuvent être mises à l’unisson des objets extérieurs; c’est ainsi que le
faucon et la martre agissent comme ils devroient agir s’ils avoient des
connoissances en physiologie et en anatomie.
J’ai exposé plus haut par quels caractères les crânes des frugivores se
distinguent de ceux des carnassiers. L ’on saisira cette différence en comparant
entre eux des cerveaux de deux classes différentes. LaPl. XXXIII,
fig. m, représente le cerveau du kangourou, fig. i v , celui du lion, et
fig. v , celui du tigre. Les circonvolutions marquées v i, dans le cerveau
du tigre et du lion, manquent dans celui du kangourou. La PI. III représente
un encéphale du veau ; les mêmes circonvolutions y manquent.
Les circonvolutions internes placées près de la ligne médiane sont les
seules qui existent près de la base entre le cervelet et le nerf optique.
Dans le cerveau humain, PI. IV, au contraire, il y a encore , outre les
circonvolutions marquées 70, situées près de la ligne médiane, toutes
celles comprises entre 70 et les circonvolutions latérales marquées vi.
Ce sont précisément ces circonvolutions qui forment la proéminence
immédiatement au-dessus du méat auditif. Delà, la différence
frappante qui existe entre les crânes des oiseaux de proie et insectivores,
etc , et les crânes de ceux qui ne se nourrissent que de graines.
Que l’on compare les crânes du corbeau, de la pie , de la mésange, de
l ’étourneau, de la pie-grièche, de la cigogne, du rossignol, du roitelet
, etc., avec les crânes du gros bec, du pévoine, du verdier, de la
caille, de la perdrix, etc. Que l’on compare encore le crâne de l’oie
avec celui du canard PI. LXX , fig. 5 et 6 , et l’on y trouvera l’explication
de la diversité de leurs moeurs. Le crâne du canard est plus bombé
sur les côtés, et il est en général plus allongé en arrière que celui de
l’oie; c’est pour cela que le canard aime les substances animales, les
souris, les grenouilles, les poissons, etc., tandis que l’oie se nourrit,
par préférence, de végétaux. Que l’on compare encore PI. LX X I , la
tête du cygne fig, 1, avec celle du cormoran, fig. 2.