
P H Y S I O L O G I E 200 cadeaux à ses conuoissances. Il montre la joie la plus vive de ce que
deux de ses enfans ont la même inclination, et ne témoigne pas la
moindre inquiétude de l’influence que ce penchant peut avoir sur leur
sort. Ces deux enfans ont la même organisation que le père.
Le médecin de la maison de force de Grætz, en Stirie, m’envoya
une caisse remplie de crânes. En les déballant, je fus tellement frappé
à la vue de l’un de ces crânes, extrêmement large dans la région tem-
porale antérieure, que je m’écriai : Mon Dieu, quel crâne de voleur !
Dans la lettre d’envoi, le médecin me mandoit : « Lé crâne marqué ***
est de la nommée N**, voleuse incorrigible » ; et malgré cela, il n’avoit
pu découvrir dans ce crâne, la protubérance que je désignois comme
l’organe du vol. Ce crâne est gravé en face, PI. X X V I I, et de profil
PI. XXVIII. Jamais on ne verra les organes dont la grande activité
dispose au vol, à la ruse et au meurtre plus développés que là.
Nous vîmes, dans la collection d’Ackermann, le crâne d’un voleur
de chevaux, conformé à peu près de la même manière que celui représenté
PI. XXVIII, c’est-à-dire aplati par en haut et sur le devant,
et très-large dans la région temporale. Nous vîmes aussi, dans la maison
de force de Bruchsal, un crâne tout semblable, provenant également
d’un voletrr de chevaux. En examinant dans cet établissement les détenus
pour récidive de vol, nous trouvâmes qu’ils avoient tous cet
organe très-développé.
Dans la maison de force de Bern, on m’amena un homme âgé de
trente et quelques années, et l’on me demanda quel jugement je por-
tois de sa tête. J’y trouvai l’organe en question très-proéminent. C’est
alors qu’on me dit que cet individu étoil condamné à mort pour avoir
commis des vols répétés, et pour s’être échappé à plusieurs reprises de
la prison. Je trouvai cet organe développé au même point chez deux
hommes détenus dans la prison de Hambourg, dite Frohnerey. L’un
étoit le voleur Zander, très-connu dans le pays ; l ’autre nommé Paul.
Peterson , étoit également un déterminé voleur.
A Marbourg , nous trouvâmes cet organe extraordinairement développé
chez trois voleurs fameux ; l ’un de ces trois, et une femme ,
chez qui le développement de cet organe étoit très-marqué , voloient
depuis leur enfance, malgré toutes les punitions qu’on leur avoit infligées.
Us rioient de bon coeur chaque fois qu’il étoit question de
leurs vols; ils étoient si loin de témoigner du repentir, qu’ils nous
racontoient avec volupté tous les détails de leurs tours de filouterie.
A Manheim, les voleurs les plus incorrigibles , et qui ont récidivé le
plus souvent, sont renfermés dans le même établissement. Nous trouvâmes
chez tous l’organe du sentiment de propriété fortement prononcé.
Nous fûmes frappés surtout du développement qu’il avoitacquis chez ce
vieillard, dont j'ai déjà parlé, qui étoit condamné à la réclusion pour ja
septième fois, et qui soutenoit, les larmes aux yeux, qu’il lui étoit impossible
de 11e pas voler. Il me seroit facile d’ajouter cent autres cas à
ceux que je viens de rapporter.
Il en est de cet organe Comme de tous les autres ; le climat et les
circonstances extérieures paroissent tantôt empêcher, tantôt favoriser
son développement. Cet organe est très-foiblement développé dans les
crânes de Caraïbes que j’ai eu occasion de voir, quoique ces crânes
soient aplatis par devant et par en haut. Aussi dit-on que cette nation
a peu de penchant au vol. Lorsqu’il leur arrive d’être volés , dit Ro-
chester dans son Histoire des Antilles, ils prétendent qu’il faut que ce
soit par un chrétien. Les Nègres paroissent également peu enclins au
v o l, et cela encore est conforme à leur organisation. Je vis dans les
troupes espagnoles, tant des Arragonois que dés Castillans; les uns et
les autres ont presque généralement la région temporale antérieure
renfoncée. L’on m’assura qu’ils sont les domestiques les plus fidèles ,
et qu’ils sont aussi incapables de voler que de mentir. Il en est tout
autrement desKalmucks, connus de tout temps par leur penchant aux
filouteries. Aussi M. le professeur Blumenbach , en parlant de leurs
crânes, observe-t-il qu’ils sont reeflés sur les côtés, capita ad latera
exstantia. Deux crânes de Kalmucks, qui font partie de ma collection ,
confirment parfaitement cette observation. Si à l’avenir les voyageurs
s’appliquent à observer l’organisation des différens peuples, et à la
comparer avec leurs moeurs, ainsi qu’avec leurs qualités et leurs vices,
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