
égaremens. Quoique ce sujet, objet des méditations de tant de savans,
ait été traité mille fois, il peut fournir encore des résultats aussi neufs
qu’importans pour le physiologiste, pour le médecin , pour l’instituteur
et pour le moraliste.
En traitant l’histoire naturelle de l’instinct de la propagation, je
prouverai qu’il n’a point son origine et son siège dans les parties
où on le relègue d’ordinaire; je démontrerai que les parties génitales
sont subordonnées à une puissance supérieure, au cerveau, et que
par conséquent c’est dans l’encéphale qu’il faut chercher tout ce
qui a rapport à oet instinct, tant dans l’état de santé que dans l’état
de maladie ; que c’est le cerveau qui explique tous les phénomènes
qui le concernent, que c’est lui qui règle tout ce qui y a rapport; que
cest en agissant sur le cerveau qu’il faut modifier la manifestation de
cet instinct,
Historique de la decouverte que le cervelet est l’organe
de rinstinct de la propagatioii,
Une jeune veuve se trouva attaquée, peu à près la mort de son mari,
de mélancolie et de violentes convulsions. Ces accès étoient précédés
par une tension et un sentiment de chaleur très-désagréables dans la
nuque. Quelques instans après, elle tornhoit par terre dans un état de
roideur, jusqu’à ce qu’enfin Ja nuque et la colonne verticale fussent
violemment retirés en arrière, La crise ne manquoit jamais de se terminer
par une évacuation qui avoit lieu avec les tressaillemens de la
volupté, et dans une véritable extase; après quoi, ejle restait sans
attaques pendant quelque temps,
Plusieurs fois je lui soutins, avec le plat de la main, la nuque,
durant ses accès, et jy sentis une forte chaleur; mais j’y remarquai
surtout une proéminence bombée très-considérable. Plus tard, cette
dame m’avoua que depuis son enfance il lui avoit été impossible de
résister à un besoin impérieux, et <jue dans les momcns où ses désirs
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étoient les plus pressans, la tension et la sensation de chaleur brûlante
dans la nuque l’incommodoient le plus.
Ces circonstances réveillèrent mon attention. Je me rappelai avoir
remarque des symptômes semblables dans des cas pareils ; et je ne
tardai pas à apprendre que des personnes d’un tempérament très-
ardent éprouvent dans la nuque une tension et une sensation de
chaleur, dans certaines occasions, et surtout après des émissions excessives
et inconsidérées, ou après une continence prolongée.
Apollonius de Rhodes d it , en parlant de l’amour passionné de
Médée ;
; ï*|Le feu qui la dévore s’attache à tous ses nerfs, et se fait sentir jusque
derrière la tête; dans cet endroit, où la douleur est la plus vive,
lorsqu’un amour extrême s’empare de tous les sens »*.
Van der Haar avoit déjà appelé l’attention des médecins sur la connexion
qui existe entre certaines affections maladives des parties génitales
, et des mouvemens convulsifs, et des frémoussemens des muscles,
accompagnés de douleurs et de sentimens de chaleur dans la nuque.
Tissot a consigné des observations du même genre. Un horloger de
dix-sept ans, toutes les fois qu’il provoquoit une éjaculation par l’onanisme
, perdoit connoissance pour quelques instans, et éprouvoit des
mouvemens convulsifs de la tête, qui étoit violemment retirée en arrière,
et Son cou enfloit. Pendant tout le temps de ces accès, qui finirent
par devenir habituels chez lui, il sentoit de violentes douleurs
dans toute la partie postérieure du cou. A la fin, il en résulta une faiblesse
extrême des muscles extenseurs du cou. Chez un autre sujet, les
mêmes causes produisirent une paralysie complète de ces mêmes muscles,
de manière que le malade laissoit constamment pencher sa tête
sur la poitrine.
Préparé comme je l’étois par mes précédentes découvertes, l’idée ne
ut pas m échapper, qu’il pourroit bien exister une connexion entre
les fonctions de l’amour physique et les parties cérébrales placées dans
' Ulsi0lre abrégée de la littérature Grecque, de M. Schoell, vol. I, p, 99.