
recherches, et de l’influence étendue qu’un jour ma
doctrine exercera sur toutes les branches des connois-
sances humaines; c’est pourquoi je suis resté indifférent
à tout ce qu’on pouvoit dire de bien ou de mal de mes
travaux. Ils étoient trop éloignés des idées reçues, pour
qu’ils eussent pu être goûtés et approuvés d’abord. Leur
connoissance exigeoit une étude profonde et suivie; cependant
tout le monde vouloit juger, et chacun me pré-
toit des opinions et une intention selon la mesure de
son intelligence.
Maintenant, toute la doctrine est consacrée au public.
Le jugement ne pourra plus rester long-temps équivoque.
Les vues personnelles disparoîtront ; les passions se
tairont, et la critique ne portera plus que sur sa valeur
intrinsèque. La postérité ne manquera pas d’établir un
parallèle entre le point d’où je suis parti, et celui où je
me suis arrêté. Les adversaires ont trop bien signalé
l’état, où se trouvoient les divers objets qui font partie
de mes travaux, pour qu’il soit difficile de reconnoître
ce que, par mes découvertes , ils ont reçu, et ce qu’ils
recevront d’amélioration. Quels progrès dans l’anatomie,
dans la physiologie et dans la pathologie comparées
du système nerveux ! Quelle source féconde en
principes irrécusables pour les études philosophiques,
pour l’art de tirer le meilleur parti des dispositions des
individus, pour l’art de diriger l’éducation de la jeunesse!
Quels précieux matériaux pour une législation criminelle,
basée sur la connoissance complète des mobiles
des actions humaines ! Combien l’histoire ne devra-t-elle
pas changer de face aux yeux de celui qui saura l’apprécier
d’après les penchans et les facultés dominans des
personnages qui y ont joué les premiers rôles! etc., etc.
Le fondement de cette doctrine utile est posé, et il
doit être aussi inébranlable quelesont les matériaux, les
faits, dont il est construit. Mais, que je suis loin de
croire que l’édifice soit achevé ! Ni la vie, ni la fortune
d’un seul homme ne sauroient suffire à ce vaste projet.
Jusqu’à présent, j ’ai été abandonné à mes propres moyens.
Il faudroit encore un concours immense des circonstances
les plus heureuses, pour élever cette étude au
degré de perfection dont elle est susceptible. Il faudroit
une collection complète de crânes d’animaux, non pas
seulement de diverses espèces, mais aussi d’individus
dans lesquels on eût reconnu des qualités ou des facultés
particulièrement prononcées; il faudroit une collection
complète decerveaux d’animaux, modelés d’après nature
en cire, pour multiplier au besoin les moyens de comparaison.
Il faudroit un grand nombre de crânes, ou au
moins de bustes coulés en plâtre, d’hommes et de femmes
distingués par une qualité ou une faculté quelconque;