
sions qu’ils exercent sur le crâne, contribuent beaucoup à déterminer
la forme de la tête ; et qu’en conséquence, on peut se tromper très-fort
en considérant les proéminences dont je m’occupe, comme produites
par un développement considérable de certaines parties cérébrales.
Quelque spécieuse que puisse paroître au premier coup-d’oeil cette
objection, elle tombe tout-à-fait dès qu’on la soumet à un examen
approfondi.
i°. Les physiologistes qui donnent tant d’importance à l’action des
muscles, se divisent en deux partis, et les opinions de l’un sont en
contradiction avec celles de l’autre. Les uns prétendent que le tiraillement
des muscles produit des saillies et des proéminences. Les autres
soutiennent que les muscles doivent, par leur action, aplatir ou enfoncer
les endroits sur lesquels ils l ’exercent. Lequel des deux partis a
raison? Ils ont tort tous les deux.
2«. Avant que l’animal, o u l’homme, aient quitté le sein de leur mère,
la forme de la tête d’un foetus diffère de celle de l’autre , et la forme de
chaque tête indique déjà certaines formes dominantes de telle partie
cérébrale. Dans le foetus, les muscles n’ont point agi encore.'Il y a plus,
tant chez les animaux que dans notre espèce, la face et les muscles de
la tête sont, long temps après la naissance , et jusqu’à l’époque du développement
des dents, très-petits, en comparaison de la boîte osseuse
qui renferme le cerveau, lequel, comme nous l’avons vu plus haut, à
mesure que ses différentes parties se développent, agit constamment
sur’ le crâne, pour en modifier la forme. 3°. La plupart des proéminences q'ui indiquent des organes,- sont
placées dans les régions de la tête, sur lesquelles aucun muscle n’agit,
ou qui ne sont soumises qu a l’action de muscles très-foibles. Les petites
proéminences des organes à la partie inférieure du front, les saillies,
plus considérables dans la partie antérieure supérieure , et dans la
partie supérieure du frontal, celles depuis le sommet de la tête jusqu’à
la partie.inférieure de l’occipital, celles enfin des pariétaux ne peuvent
■ Hl. Duméril émet la même opinion dans ses leçons publiques,
pas être dues à l’action des muscles. Car toutes ces régions ne sont soumises
que tout au plus au souscutané lequel, si l’on veut absolument lui
prêter une action sur le crâne, tendroit manifestement à l’aplanir et à
l’arrondir uniformément dans tous les sens. Où est le physiologiste qui
veuille attribuer à l’action des muscles les grandes proéminences à la
partie supérieure du frontal, où il y a quelques organes considérables ?
les proéminences, au sommet de la tête, celles des pariétaux, celles
des lobes postérieurs du cerveau, ou de la partie supérieure de l’occipital
, les crêtes droites qui se trouvent aux têtes de plusieurs animaux?
S’il y avoit des muscles attachés à ces proéminences, comme par exemple
aux crêtes osseuses chez certains animaux, ces muscles jamais ne pour-
roientexercer une action de bas en haut; ils devroient tout au contraire
tirailler la proéminence osseuse de haut en bas, et plus encore en arrière.
De même, la grande proéminence à la partie supérieure de l’occipital,
laquelle correspond à l’organe de l’amour de la progéniture, chez
la femme, ne devroit point être tirée en arrière, mais de haut en bas.
4°. Dans la région où sont attachés les muscles masticateurs, se présentent
plusieurs organes très-saillans et fortement bombés. M. Hufe-
land pense que dans beaucoup de cas ces proéminences pourroient bien
prouver uniquement, que celui, à la tête duquel elles se montrent, est
doué d’une grande faculté de mâcher. Argumentera t-on toujours là où
il faudroitobserver ! M. Hufeland n’ignore pas, je pense, quegénérale-
rnent on accorde aux Nègres des muscles masticateurs plus forts qu’aux
Européens; eh bien! les Nègres ont cette région-là aplatie ; aussi,
d’autres physiologistes n’ont-ils pas manqué de dire que cet aplatissement
provient de l’action des muscles masticateurs, si énergiques dans
les Nègres. Plusieurs animaux doués de muscles masticateurs extraordinairement
forts, tels par exemple que l ’hyène, le bul-dog, le lion, le
tigre, le blaireau, n’ont pas, à beaucoup près, cette région du crâne aussi
bombée que certains hommes, que plusieurs espèces de singes, que le
petit phoque, la loutre, l’aigle , et même le roitelet; cependant ces
derniers animaux n’ont, dans la région en question du crâne, que
des muscles extrêmement foibles. Et comment expliquer que ces
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