
détache la.méninge : le crâne ne reçoit donc que l’impression des
grandes éminences du cerveau, qu’il exprime très-bien plr ses bosses
frontales, occipitales, etc.Mais quant aux détails et surtout à des détails
aussi minutieux que ceux que l ’on suppose dans la cranioscopie, il nous
paroit que le crâne ne peut pas les exprimer » >.
Il est vrai qu après 1 enlevement du crâne, les proéminences de certaines
parties cérébrales ne paroissentpas telles quelles sont imprimées
dans le crâne. Faut-il s’étonner de ce que l’encéphale qui, tant que
sa boite osseuse le revêt, est soutenu et maintenu de tous côtés, s’affaisse
et s’épate en quelque façon lorsqu’on enlève cette dernière? Mais il
n’est nullement vrai de dire que dans ce cas les grandes protubérances
s’aplatissent entièrement. MM. Bérard et de Montègre, en faisant l’oh-
servation suivante : « U est en effet incontestable que le crâne ne suit
pas le cerveau dans ces sinuosités si profondes, qu’on ne découvre que
quand on détache la méninge » : semblent faire entendre au lecteur que
j ’ai soutenu qu’il le suit ; mais jamais je n’ai rien soutenu de semblable,
et cet accolement de détail du crâne au cerveau est entièrement indifférent
pour la craniologie. Ne me suis-je pas tout au contraire déclaré
en tout temps l ’adversaire de ceux qui admettent un nombre indéfini
d’organes, et qui craignent de trouver le crâne trop petit pour les contenir?
Quant aux « détails minutieux que le crâne ne peut pas exprimer »
je fais observer que ces messieurs se sont trouvés présens à plusieurs
de mes démonstrations publiques, où j ai fixé ce que l’on peut recon-
noitre par le crâne ; mais je reviendrai plus bas sur ce sujet. Un critique
qui, pour combattre son adversaire, est réduit à lui prêter des opinions
contraires à celles qu’il professe, trahit la foiblesse de ses argumens.
« Les cranioscopes auraient dû suivre, dans le cerveau, l’organe
qu’ils croyoient voir sur le crâne2 ».
La sagesse elle-même ne donnerait pas un meilleur conseil ! Mais
' Ibidem f p. 5o2.
* Ibidem, p. 3o2,
aussi nous l’avons suivi long-temps avant que MM. Béranl et de Montègre
nous l ’eussent donné ; eux, qui ont assisté à nos démonstrations,
pourraient se rappeler que nous avons, et plus d’une fois, fait suivre à
nos auditeurs, dans le cerveau, un organe annoncé par le crâne; ils
pourraient ne pas ignorer qu’à Paris même nous avons fait, en présence
de plusieurs témoins , des recherches sur le cerveau de quelques
hommes d’un talent éminent ; mais je veux qu’ils l’ignorent : de quel
droit suggèrent-ils à leurs lecteurs l’idée que des hommes qui pendant
une longue suite d années se sont voués à l’étude des fonctions du cerveau
, avec un zèle infatigable et un amour de la vérité à l ’épreuve de
tous les obstacles, ont négligé de remplir une condition aussi essentielle!
Combien de fois ne leur ai-je pas répété, qu’après avoir reconnu
sur le crâne la place de 1 organe, nous avons suivi cet organe dans le
cerveau, et que nous avons trouvé les formes des ciroonvolutions cérébrales
correspondantes à la protubérance de la surface du crâne?
«Nous remarquerons enfin que la cranioscopie, eût-elle beaucoup
plus d extension que l’on ne croit devoir lui en donner, exigerait un
tact très-délicat et très-exercé ; qu’il y aurait peu de juges eompétens en
cette matière, et quen même temps l’erreur se glisseroit aisément dans
les considérations de ce genre......>»
Je suis convaincu que, pour parler pertinemment de l’organologie et
de la cranioscopie, il faut en avoir acquis la connoissance par une
longue étude pratique. Mais il n’est pas moins certain que ceux-là seuls
qui ont satisfait à cette condition, ont le droit de s’en établir juges
devant le public. Je vais répondre maintenant à l ’objection du défaut
de parallélisme des deux lames crâniennes.
Jamais je n ai prétendu distinguer des modifications peu prononcées
des formes du crâne ou de légères nuances du caractère.
Mes premières observations même, n’ont été faites que sur des
personnes qui se dntinguoient des autres hommes par quelque qualité
ou par quelque faculté éminente. Je sentois bien que ce n’est que chez
' Ibid em , p. 3oa.