
diaer. La société étoit réunie, le dîner servi, tous les convives autour
de la table; on appelle le maître de la maison , il ne répond pas : on
le trouve pendu dans un grenier. Il n’y avoit pas une heure qu’il avoit
donne paisiblement des ordres à ses domestiques , et causé avec ses
amis.
Le dernier, proprietaire d’une maison rue de Richelieu, ayant fait
exhausser sa maison de deux étages, s’effraye du montant de cette dé-
pense j se croit ruine ? et veut se tuer : trois fois on l’en empêche 5
bientôt après , on le trouve mort et frappé par lui-même d’un coup de
pistolet. La succession, toutes dettes payées, s’élevoit à trois cent mille
francs; il pouvoit avoir quarante-cinq ans à l’époque de son suicide.
Dans la famille de M. ]N*, l’aïeul, le grand-père et le père se sont
suicidés.
Dans une autre famille, la grand’mère, sa soeur, la mère, ont mis
elles-memes fin a leurs jours. La fille de la dernière a été sur le point
de se précipiter par la croisée ; le fils s’est pendu.
Les exemples de cette fatale hérédité ne sont pas très rares. Il en est
comme de la goutte; le grand-père, le petit-fils et l’arrière petit-fils
eu souffrent horriblement, et le fils n’en éprouve pas la moindre
atteinte.
Que l’on me permette une réflexion relative à certains penchans
irrésistibles : déjà plusieurs fois j’ai fait voir que cette irrésistibilité a
souvent lieu, en même temps que d’autres qualités ou facultés sont
intactes, et que dès-lors elle constitue une véritable manie partielle.
Sf un pareil entraînement irrésistible se manifeste souvent dans un
penchant qui menace et opère la mort de l’individu, comment peut-on
s’obstiner à ne pas vouloir accorder une pareille irrésistibilité pour
d’autres penchans? La morale a-t-elle donc si' peu de valeur réelle
qu’il soit besoin d’emprunter le secours du mensonge et de l’erreur,
pour la rendre recommandable aux hommes ? Quand donc les décla-
mateurs hypocrites se lasseront-ils enfin de confondre les déplorables
effets du délire avec le crime?
Le penchant au suicide est, comme les autres aliénations, sous l’influence
d’une périodicité qui rend la connoissance de son véritable
état, dans beaucoup de cas, singulièrement suspecte , et le résultat du
traitement toujours très-incertain. Le malade présente les marques
d une parfaite guérison ; il ne laisse plus percer nulle part ni cette méfiance
ombrageuse, ni ces craintes imaginaires , ni cette humeur sombre;
il a l’air, au contraire, de prendre part aux jouissances de la vie
et de convenir de bonne foi du dérangement de ses idées et de ses
sentimens antérieurs; et voilà que subitement ce penchant perfide
s’empare de nouveau de lui avec une force redoublée, et le pousse à
sa propre destruction.
On sait qu’une des causes les plus puissantes et les plus fréquentes
de ces,rechutes est le retour de.certaines saisons.
Une autre cause non moins puissante est l’époque de la menstruation.
Je vais m’occuper de ce grand phénomène de la nature de l’espèce
humaine. Qui croiroit qu’après tant de travaux de la part des physiologistes,
il pût encore devenir l’objet de nouvelles observations, dont
l'application sera du plus haut intérêt pour la médecine, pour la morale
et pour la jurisprudence?
Toutes les femmes bien constituées sont, en général, sujettes dans l’espace
de vingt-huit jours, à leur évacuation critique, qui dure avec plus ou
moins d’abondance, un jour, deux jours, le plus souvent trois à cinq
jours, et chez quelques-unes huit jours. Comme les mois sont composés
de trente à trente-un jours, et que l’ensemble de la menstruation et
des jours libres comprend une période de vingt-huit jours seulement,
il s’en suit qne l’époque de chaque menstruation doit avancer,
chaque mois, de deux, trois jours, et que les femmes sont réglées,
dans une année, treize fois. Beaucoup de femmes vous disent que
leurs règles reparaissent toujours à la même date du mois. Si cela
arrive quelquefois de suite, la nature reprend bientôt ses droits ; et le
dérangement sera d’autant plus grand. D’autres femmes, quand elles
s’apperçoivent de la différence de ces deux ou trois jours, se plaignent
qu’elles sont réglées deux ou trois jours trop tôt. Un petit nombre de
femmes savent qu’il faut compter les quatre semaines, y compris les