
Une femme mourut d’une péritonite aiguë, qui avoit été précédée
d’une hydropisie de l’ovaire droit, et ensuite d’une ascite; on avoit
procédé plusieurs fois à la ponction. A l’autopsie, on trouva l’ovaire
• converti en trois vastes kystes, remplis de sérocité : le lobe gauche du
cervelet étoit sensiblement atrophié.
Chez une autre femme, morte le n novembre 1818, on trouva à
l’autopsie cadavérique, dans l’ovaire droit, un kyste contenant environ
une cuillerée à café de sérosité limpide ; l’ovaire gauche étoit sain. Le
cerveau n’olfroit rien de remarquable, mais le lobe gauche du cervelet
étoit d’un tiers environ plus petit que le droit.
Ces observations confirment l’idée que dans l’état de santé aussi, le
cervelet doit diminuer chez les mammifères et les oiseaux, toutes les
fois qu’après le temps de la chaleur les testicules diminuent.
Influence des lésions du cervelet sur les parties génitales
Hippocrate dit des Scythes r « Lorsqu’ils se sentent malades, ils
s’ouvrent une veine derrière chaque oreille ; lorsque le sang en a
coulé, ils se trouvent assoupis de foiblesse, et s’endorment; au réveil,,
quelques-uns se trouvent guéris, mais il n’en est pas ainsi de tous..Pour
moi, je pense que cette méthode curative leur est très-pernicieuse, car
il y a derrière les oreilles des veines dont la section entraîne l’impuissance,
et c’est précisément à celles-là, je erois, qu’ils se saignent; car
lorsqu’après ils s’approchent de leurs femmes, ils se trouvent dans l’impossibilité
d’exercer le coït* »..
Aleméon regardoit aussi la liqueur séminale comme une partie constituante
du cerveau. Cette opinion paraît avoir été assez généralement
adoptée dans l’antiquité.
Qn trouve, dans les Mémoires de B ran tôm e , contenant les vies des
hommes illu stre s , et grands capitaines de son temps, le passage qui
suit: « M. de Burie mourut sans lignée, et n’en eut jamais, Sa femme;
' Hipp. de aere, locis et aquis, n°. 20, edit. a Foës.
qui étoit naïve et libre, disoit qu’il n’avoit pas tenu à lui ni à elle, car
ils en avoient bien fait le devoir pour en avoir, mais que son mari y
avoit eu autrefois , aux guerres, un coup d’épée ou de masse d’arme sur
la nuque du col qui lui empêchoit le conduit de la semence, si bien
que la vraie crème nepouvoit n’y passer, ni couler, sinon quelque petite
espèce d’eau claire dans sa matrice, qui ne servoit nullement pour engendrer
ni concevoir’ ».
A Vienne, je fus consulté par deux officiers devenus impuissans
à la suite de coups de feu qui leur avoient rasé la nuque. L ’un
d’eux recouvra peu à peu la faculté génératrice, se maria, et fut père
de plusieurs enfans. A cette époque, je n’étois pas encore attentif aux
changemens que subit la nuque elle-même après de semblables lésions.
A Berlin, M. le docteur Formey nous parla d’un homme qui, à la
suite d’une blessure à la nuque, eut d’abord des érections désordonnées,
après quoi il tomba dans une impuissance complète; il recouvra
cependant la virilité après six mois. Dans ce cas, l’inflammation causée
parla blessure, avoit d’abord produit une irritation dans le cervelet ;
cette irritation fut suivie de foiblesse, comme le sont d’ordinaire toutes
lés inflammations et toutes les surirritations; delà d’abord impuissance,
et puis retour des forces, retour de la virilité.
Un cocher qui jusque-là avoit été un vaillant champion au champ
d’amour, se frappa la nuque contre une poutre; depuis cet accident,
Sa femme se plaignit à moi de ee que les forces de son mari s’éteignoient
davantage de jour en jour, et de ce qu’il étoit devenu complètement
nul. M. le baron Larrey a trouvé la remarque qu’Hippocrate fait sur
les Scythes, confirmée chez les Egyptiens; ils s’appliquent fréquemment
des ventouses dans la nuque, et des observations multipliées ont
convaincu M. Larrey, que ces saignées souvent répétées, affoiblissent
considérablement les soldats, sous le rapport de l’acte de la cohabitation.
Ce savant a eu la complaisance de me eommuniquerles faits qui suivent,
* Edition ia-ia. Londres, 1739, T. II, p. 182: