
ment, malgré les moyens qu’employa M. Larrey pour les combattre.
Les douleurs de la tête et de l’épine faisoient jeter au malade des cris
lugubres. Il étoit constamment couché dans son l it , sur le côté droit. Le
moindre mouvement lui donnoit des convulsions, et lorsqu’il se levoit
pour prendre du bouillon ou quelque médicament, il tomboit dans des
syncopes effrayantes.
M. Larrey fit appliquer un large vésicatoire à la tête; il prescrivit les
boissons raffraichissantes, et tout ce qui étoit indiqué; mais le mal
empira de plus en plus, et le blessé mourut dans un état tétanique,
le y février 1809, trente-huit jours après l’accident arrivé le 29 décembre
1808.
L ’autopsie cadavérique fit reconnoître les symptômes suivans : il y
avoit eu une grande déperdition de substance à l’occipital; l’ouverture
dont nous avons parlé à la partie de la dure-mere, correspondante au
lobe droit du cervelet, qui étoit affaissé, étoit de couleur jaunâtre, sans
suppuration ni épanchement; les moelles allongées et epinières etoient
d’un blanc terne, d’une consistance plus ferme que dans 1 état naturel,
et réduites d’un quart de leur volume ; les nerfs qui en émanent parurent
également atrophiés.
Le docteur Thouvenelle m’a communiqué un cas de blessure tout
semblable, et qui eut les mêmes suites.
Je fais observer encore ici que chez Bigot, c’est surtout le testicule gauche
qui s’atrophia, au point de se réduire aux dimensions d’une fève
de marais, tandis que c’est l’hémisphère droit du cervelet qui avoit
été lésé, M, Larrey me fit voir des blessés semblables, dans l’hôpital
de la garde, et me donna deux crânes dans lesquels la marque des coups
de sabre sur les fosses occipitales atteste la lésion du cervelet; chez
tous ces sujets, il y avoit eu atrophie et ramollissement des testicules.
Je vais rapporter encore un exemple fort remarquable, quoique je
n’ose pas décider ce qui,- dans ce cas, a souffert le premier des testir
cul es ou du cervelet. Un garçon de treize ans se livroit depuis quelque
temps à l’onanisme avec tant de fureur, que tous les moyens que jop
employa pour le corriger de ce vice, furent infructueux; enfin il fut attaqué
d’une incontinence d’urine, et de vomissemens très-opiniâtres. Dès
le commencement de sa maladie, il ne se traînoit qu’à peine, et au bout
de quelques mois il fut paralysé des extrémités inférieures, sa pupille
perdit la faculté dé se contracter; pendant long-temps il y voyoit encore
un peu vers l’angle interne des yeux, mais il finit par perdre complètement
la vue; des convulsions ne tardèrent pas à se manifester autoui
des yeux et de la bouche. La paralysie devint complète, les poumons
même perdirent leur action , et il mourut suffoqué. A l’autopsie, je
trouvai plus d’une livre d’eau limpide dans les cavités cérébrales. L’un
et l’autre lobe du cervelet étoientremplis de pusà l’intérieur; cependant
la suppuration avoit fait bien plus de ravages dans le lobe gauche que
dans le droit. La commissure des deux lobes du cervelet (le pont),
étoit singulièrement diminuée par l’atrophie, et d’une couleur jaunâtre.
L’un et l’autre testicule étoient très-petits; celui du côté droit avoit
presqu'entièrement disparu, et étoit d’une consistance très-molle : donc
ici encore coïncidence entre la lésion des deux côtés opposés.
Ilexistoit, dans la famille de ce jeune homme, une disposition héréditaire
à l’hydropisie cérébrale. Je suis persuadé que l’eau trouvée dans
les cavités encéphaliques n’étoit en liaison avec l’onanisme, qu’au-
tantque sa présence avoit augmenté l’irritabilité et la sensibilité de tout
le système nerveux.
La suppuration du cervelet devoit aussi être établie depuis longtemps
, car le pus avoit plutôt l’apparence d’un putrilage purulent, que
d’un pus de bonne qualité. C’est donc une question de savoir, si ce n’est
pas l’état maladif du cervelet, qui a entraîné à l’onanisme ce jeune
homme, d’ailleurs fort raisonnable et très-bien élevé. Faut-il admettre
au contraire, que c’est l’onanisme qui a causé la maladie du cervelet?
Quoi qu’il en soit, ce cas prouve l’influence que les parties génitales et
le cervelet exercent réciproquement l’un sur l’autre.
De tout ce que je viens de dire, il résulte que les maladies et les lésions
du cervelet ont, sur les parties génitales, une influence aussi,bien
prouvée que l’est l’influence des maladies et des lésions de ces dernières
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