
postérité un buste parfaitement ressemblant du défunt. Si nos ancêtres
avoient moulé ainsi la tête de tant de grands hommes, quel trésor pour
l ’observateur philosophe ils nous eussent transmis ' !
Observations sur les moyens ci-dessus de découvrir les
facultés et les qualités fondamentales, ainsi que le
siège de leurs organes.
Tous les moyens indiqués ci-dessus, supposent que le développement
favorable d’un organe emporte toujours la possibilité d’une manifestation
favorable, d’une qualité ou d’une faculté. Comme j'ai prouvé
très-au long, dans plusieurs endroits de cet ouvrage, qu’il en est réellement
ainsi; je crois superflu de revenir encore sur Ce sujet.
Quoique les moyens en question aient constamment frayé le chemin à
la découverte des qualités ou des facultés fondamentales, ils ne sont cependant
pas toujours suffisais pour les déterminer. J’ai, comme je l’ai
* Jusqii’icr, nous ne possédons que très-peu de bustes fidèles. Lorque l’artiste
compose, il lui est permis d’obéir exclusivement aux règles de l’art; mais lorsqu’il
est chargé de transmettre à la postérité , le portrait d’hommes qui ont
vécu, il a l’obligation de copier servilement la nature i dans ce cas, vouloiridéa-
liser son modèle, c’est défigurer la nature. Mais malheureusement, les artistes,
au lieu de rendre hommage à la vérité, se laissent subjuguer encore par les
règles imaginaires de l’art, et par les prétendues lois du beau. Us sont trop
fiers pour mouler les têtes, et pour exécuter simplement ce masque ; et cependant,
il est certain que tant qu’ils ne voudront pas se résoudre à ce parti, nous
n’aurons que des imitations imparfaites ou fausses; et deux bustes du même
homme, sortis des mains de deux artistes diflérens, différeront toujours. Je
vois même que les plus grands artistes , peintres, dessinateurs et sculpteurs
lorsqu’ils rencontrent des formes peu ordinaires, et qui leur paroissent choquantes,
les regardent comme des défauts, comme des erreurs de la nature,
et croient devoir alors modifier les proportions. Et cependant, d’ordinaire, ces
formes insolites , et qui offensen t l’oe il, sont précisément l’expression du caractère
moral et intellectuel.
déjà dit, été obligé de faire mes premières recherches sur des hommes
doués de qualités ou de facultés très-éminentes; par conséquent, sur
des sujets chez lesquels les organes avoient le maximum de la manifestation
de leur activité, mais cette activité est souvent tellement éloignée
d’être la force essentiellement fondamentale, qu’il faut beaucoup de
sagacité pour reconnoitre l’unè dans l’autre. Et cependant, je me
trouyois dans la nécessité de donner à ce genre de manifestation qui
accompagne d’ordinaire le développement peu commun d’un organe,
un nom qui la désignât avec précision. Ainsi, par exemple, il est hors
de doute que la trop grande activité d’un certain organe emporte un
penchant à voler, et celle d’un certain autre organe, un penchant au
meurtre. J’étois donc obligé de nommer ces organes d’après ce genre
d activité. Dans-le fond, je n’avoispas tort, puisque ces penchans résultent
de ce degré donné du développement de ces organes; mais à
cette époque, je n’avois pas encore poussé mes observations assez loin
pour être dans le point de vue nécessaire; pour ne regarder cette action
excessive des organes que comme une gradation delà manifestation d’une
qualité fondamentale. Ce n’est que long temps après que j’ai pu résoudre
ces difficultés ; et si j’y ai réussi, c’est plutôt parle raisonnement que par
l’observation : aussi les Opinions resteront-elles toujours partagées, dans
certains cas, sur la question de savoir, s’il faut ramener telle qualité ou
telle faculté, à telle qualité ou faculté fondamentale, ou à telle autre.
Des philosophes timorés, pour sauver de tout reproche la nature, ou
ce qui revient au même , la création, appelèrent abus le plus haut
degré d’activité d’un organe, parce qu’assez souvent une semblable activité
blesse les idées reçues, et l ’ordre social. Je ne vois pas trop en
quoi la nature a besoin d’être excusée. C’est suivant les lois naturelles
de l’organisation que ce développement excessif a lieu ; c’est suivant
les mêmes lois qu’il doit en résulter un penchant violent ou une faculté
transcendante. Qui croira que la nature a besoin d’être excusée,
lorsque au lieu de pluies fécondes, de vents rafraîchissons, elle nous
envoie des ondées et des tempêtes dévastatrices? Je vois bien là excès
mais je n’y vois pas d’abus. 11 n’y a abus, que lorsque l ’homme, doué de