
Elles ne se développent, ni ne diminuent à la même époque que les
autres.
Chacune des qualités exposées peut être, dans le même individu ,
plus ou moins active que les autres.
Chacune peutêtre seule active, tandis que les autres sont paralysées ;
et chacune peut se trouver paralysée, tandis que toutes les autres subsistent
dans leur intégrité.
La plupart de ces qualités se manifestent d’une manière différente
dans les deux sexes.
Réunies toutes dans l’homme, elles se trouvent dispersées et isolées
dans les diverses espèces d’animaux.
Chacune de ces qualités fondamentales devient donc une nouvelle
preuve des propositions que j’ai posées comme principes indispensables
de la physiologie du cerveau ; c’est-à-dire :
Que toutes nos dispositions sont innées;
Que leur manifestation exige des conditions matérielles;
Que le cerveau est l’organe de toutes les qualités et facultés de
l ’ame;
Que le cerveau est composé d’autant d’organes , qu’il y a de qualités
et de facultés essentiellement différentes;
Que dans l’état de santé , et jusqu a l ’âge de la vieillesse, on peut
connoitre à la surface du crâne ou de la tête le plus ou moins grand
développement d’un organe, et le degré d’activité de sa fonction.
Voilà donc les principes qui d’abord ont été prouvés par eux-
mêmes, démontrés aussi par les faits particuliers, caractère irrécusable
de la vérité d’une doctrine.
Enfin il est encore prouvé que toutes les qualités affectives, les pen-
chans et les sentimens ont leurs organes dans le cerveau.
C omm e l’ensemble de toutes ces qualités constitue ce que l’on appelle
qualités appétitives,on voilpourquoi ceux qui ont eu quelque pressentiment
de la pluralité des organes , n’ont pu trouver un organe unique
pour la faculté ou qualité générale appétitive. Ainsi, le reproche que
j'ai fait sous ce rapport aux philosophes , se trouve justifié.
Chacune de ces qualités constitue chez les animaux un instinct particulier;
il né toit donc pas non plus possible d’expliquer les actions des
animaux par l’instinct en général, ni de trouver uu organe unique pour
l’instinct.
Selon que chacune de ces qualités se manifeste avec plus ou moins
d’énergie, il en résulte ce que l’on désigne par les noms de dispositions,
d’inclination , de penchant, de désir, de besoin , de passion; c’est-à-
dire que chaque qualité fondamentale est susceptible de ces différens
degrés de manifestation. Par conséquent il faut admettre autant de dispositions
, d’inclinations , de penchans , de désirs , de besoins , de
passions, qu’il y a de qualités fondamentales ou primitives. 11 s ensuit
en même temps que l’on chercheroit en vain d’autres organes pour
les inclinations, les penchans, les désirs , les besoins et les passions,
que ceux qui président aux qualités fondamentales. Ces considérations
détruisent entièrement toutes les rêveries des philosophes et des physiologistes
sur les instincts, les penchans et les passions. Je ferai ressortir
encore avec plus de clarté et d’évidence, ces mêmes propositions,
quand, vers la fin du quatrième volume, j’exposerai l’ensemble d’une
philosophie qui découle naturellement de la physiologie du cerveau.
Les dix qualités fondamentales, prouvées et exposées en détail
dans ce volume, n’appartiennent pas à l’homme seul; elles existent
également dans les différentes espèces d’animaux. Je n’ai donc traité
de l’homme, qu’autant qu’il est encore animal. Mais comme ces diverses
qualités sont dispersées parmi les animaux, et que dans aucune
espèce elles ne se trouvent réunies, l’homme est nécessairement déjà,
sous ce point de vue, l’animal le plus parfait. Chacune de ces qualités
est un fragment de son essence , une partie de son caractère moral.
Ainsi nous entrevoyons comment, de fragment en fragment, l’homme
se compose. Ceux qui ont pu me suivre, sont certainement convaincus
que ce n’est qu’en étudiant l’homme dans chacune de ses parties, qu’on
peut parvenir à la connoissance claire et complète de tout son être
moral et intellectuel.
Dans le quatrième volume, je continuerai cette même analyse pour