
S’il est des sage-femmes assez inconsidérées pour entreprendre de
donner à la tête de l ’enfant une forme de faniaisie, en la pressant et
en la pétrissant, du moins elles ne réussissent pas dans leur entreprise.
L a forme de la tête, toute en tière , résulte de la forme de chacun des
Johannis Boëiri naturalis medicinæ obstetriciæ Libri septem. Viennes, 1812,
p. 441.
« La nature a facilité l ’accouchement en formant le crâne du foetus de
pièces flexibles, séparées par des intervalles non ossifiés et membraneux, qui
permettent aux os d’anticiper les uns sur les autres , et à la tête entière de se
réduire, et de se glisser, en quelque sorte, à travers les détroits du bassin de
la femme ». Nouveaux èlémens de physiologie, par A . Richerand, 7e. édition,
T. I l, p. 474.
Pour fixer mes idées sur les changemens que la tête de l’enfant est susceptible
d’éprouver, par la compression opérée soit par le bassin soit par le forceps,
j’ai, selon mon habitude, fermé tous les livres pour consulter la nature. En
présence de plusieurs médecins, j’ai fait des expériences sur des têtes d’enfans
nouveau-nés, bien conformés. Après les avoir dépouillées du cuir chevelu, nous
les avons pétries dans tous les sens , en employant une force très-considérable;
nous avons fini par serrer tellement le crâne, à l’aide du forceps, que
le sang transsudoit à travers les pores des os.
Sur buit têtes soumises à l’expérience, sept n’ont montré aucune trace de
chevauchement; une seule nous a offert les phénomènes suivans :
Lorsque l’on appliquoit le forceps dans le plus long diamètre, c’est-à-diré
sur le frontal et sur l’occipital, et que l’on faisoit un grand effort, la partie supérieure
de l’occipital glissoit sous les bords postérieurs des pariétaux , à-peu-
près de deux lignes. Ce n’est certes pas là le chevauchement dont parlent les
accoucheurs.
Le plus grand diamètre de presque toutes les têtes d’enfans nouveau-nés ;
est, non pas dans les bosses où les points d’ossification des pariétaux qui ne
cèdent à aucune force, mais au-dessous et un peu en avant de ces bosses, à-peu-
près dans la partie supérieure des pariétaux. O r , lorsque nous faisions agir une
force sur cette partie, elle se déprimoit ; la même chose arrivoit lorsque nous
faisions agir la force sur la partie supérieure des frontaux , ou sur la partie an-
térieure-supérieure des pariétaux. Une dépression de la partie inférieure
os du crâne ; or, la forme de ces os ne peut être altérée par ces pressions
ou par ces malaxations. Si cependant la violence que l’on exerce
étoit trop grande, les lames osseuses pourroient être fléchies et déprimées
; et dans ce cas l’enfant périroit ou resteroit imbécile pour
toute sa vie. Mais tous les os du crâne sont encore très-élastiques dans
l’enfant nouveau-né; du moment où la pression cesse, ils reprennent
leur première forme. Dans le cas même où ils auroient été enfoncés, de
manière que leur propre élasticité ne suffit plus pour leur faire reprendre
leur première forme, le cerveau réagit sur eux; et lorsque l’encéphale
n’a pas été essentiellement lésé, leur forme primitive se rétablit au
bout d’un certain temps; quelquefois seulement après plusieurs
années.
moyenne des pariétaux enlraînoit un gonflement des parties supérieures de la
tête, et vice versa, mais dans aucun cas la tête n’adopta une forme pointue.
Si la pression, dans quelque région qu’on l’applique, est trop forte, on écrase
le cerveau et l’on produit des extravasations de sang, surtout de celui des grands
sinus.
Il y a loin du foible chevauchement que je viens de constater, à une anticipation
des os les uns sur les autres telle , que la tête en prenne uneforme
pointue, in acumen desinat, et se f ile en quelque sorte à travers les détroits
du bassin ; ce qui supposeroit qu’elle se réduit très-considérablement.
Dans toute la longueur de la suture des pariétaux, les bords de ces deux os
ne se trouvent pas dans le même, plan, mais l’un déborde l’autre en hauteur :
en touchant la tête, on peut prendre cette arrête pour un chevauchement;
voilà je crois, en partie, la source de l’erreur des accoucheurs,
Dans les cas où les instrumens, ou une étroitesse extrême du bassin exercent
une pression très-violente, certaines régions de la tête peuvent être déprimées
considérablement; mais alors il en résulte plus ou moins de préjudice pour
l’enfant.
Je fais observer encore, que des têtes très-petites, màis dont les os sont extrêmement
flexibles, souffrent quelquefois le plus, et au point que la mort de
l’enfant s’ensuit. Cette circonstance est importante pour la médecine légale ; et
ceux qui ont à prononcer sur un infanticide présumé, ne sauroient y faire
trop d’attention.