
crânes d’hommes et d’animaux peuvent servir à déterminer
les fonctions des diverses parties cérébrales1.
'En parlant p. 14, des planches à l’aide desquelles certaines hordes
sauvages d’Amérique aplatissent la partie supérieure du frontal, j’ai dû
laisser la question indécise. Mais depuis, j’ai trouvé dans Lafiteau,
un passage qui me paroît concluant; le voici: « Quelques nations vers la
Louisiane, à qui les François ont donné le nom de Têtes plates, parce
qu’elles font consister leur beauté à avoir le front aplati, et le sommet
de la tête terminé en pointe en façon de mitre, ont des berceaux à
peu près semblables à ceux que je viens de décrire, mais qui ont, outre
cela, quelque chose de particulier pour contribuera leur faire prendre
cette forme, dans laquelle elles trouvent un si grand agrément. C’est
un trou pratiqué dans le berceau, où la mère fait entrer la tête de
l’enfant, lui appliquant sur le front et au-dessus de la tête une masse
d’argile , quelle serre et lie de toutes ses forces. Elle couche ainsi l ’enfant
toutes les nuits, jusqu’à ce que les ossemens du crâne ayent acquis
assez de consistance. Les enfans souffrent extrêmement dans les premiers
essais de cette violente opération, laquelle les fait devenir noirs, et
leur fait jeter par le nez, par les yeux et par les oreilles, une liqueur
blanchâtre et visqueuse; ils doivent encore beaucoup souffrir dans la
suite de la situation gênante où ils sont forcés de passer toutes les
nuits, les premiers mois de leur enfance ; mais il doit en coûter à ceux
qui veulent être beaux par artifice, et qui souhaitent avoir des agré-
mens que la nature leur a refusés ».
« Les Caraïbes et la plupart des sauvages méridionaux ont aussi le
front aplati, et la tête pointue ; leurs mères ont soin de la leur enfoncer
avec de petites planches, et de petits coussinets de coton, liés fortement
derrière la tête. Mais les enfans n’ont point d’autre berceau, que
des hamacs proportionnés à leur petite taille, que les mères peuvent
suspendre et transporter fort commodément, et où les enfans sont
couchés tout nuds, sans aucune gêne. Les sauvages , qu’on nomme en
Canada les gens des terres, ou Garlmsonronnon, ont un goût tout
Cette section sera suivie par l’exposition des moyens
que j ’ai mis en usage pour découvrir le siège des organes.
On verra que la découverte des forces fondamentales et
du siège de leurs organes est due uniquement à l’observation,
et que le raisonnement n’a d’autre mérite en tout
cela, que d’avoir combiné les faits, et d’avoir saisi les lois
qui leur donnent l’existence, et qui président à leurs
modifications
différent des Têtes-plates; car ils font consister leur beauté à l’avoir fort
ronde : c’est pour cela qu’on les nomme aussi les Têtes de boule ». Moeurs
des sauvages Américains, etc., par le P. Lafiteau, T. I , p. 5q5.
■ J’ai oublié d’enseigner au lecteur la méthode pour explorer les
organes. Il faut, avant tout, se familiariser avec le degré médiocre ou
moyen du développement d’un organe. Puis on acquerra une idée
exacte du développement extraordinaire des diverses parties cérébrales.
Ces deux précautions sont indispensables, et cependant presque
toujours négligées par les partisans de la cranioscopie. Les parties
antérieures du front, les têtes chauves et les crânes n’ont pas besoin
d’être palpés; l ’inspection exercée suffit seule pour juger le degré de
développement du cerveau en général, de certaines de ses régions o u
de certaines parties en particulier.'Mais lorsqu’il s’agit de toucher, il
est encore nécessaire d’employer un expédient dont j’ai toujours de la
peine à faire convenir mes auditeurs. Croyant que l’exploration des
organes exige un tact bien fin, ils les cherchent avec les bouts des
doigts, et les doigts écartés. De cette manière, on sentira certaines aspérités,
des fissures, des exostoses sur la tête ; mais jamais on ne s’apercevra
des douces proéminences que les difïérens développemens des
parties cérébrales produisent sur la surface des crânes ou des têtes. 11