
enfance, il n’eût certainement pas épanché sa bile sur le beau sexe; et
la cruauté avec laquelle les eunuques, à ce que l’on dit, traitent les
femmes, prendroit du moins une autre direction, si l’on n’avoit pas,
dès leur enfance, arrêté le développement de leur cervelet.
Lorsque la castration a lieu après la fin de la croissance, ou du moins
à une époque où le cervelet est en grande partie développé, elle n’empêche
ni la manifestation de l’instinct de la propagation, ni ne détruit
la faculté d'exercer le coït. Preuve certaine que l’instinct de la propagation
dépend d’autres conditions que de l’existence des parties génitales
, et de la liqueur séminale.
Quelques physiologistes qui déduisent l ’instinct de la propagation
d'une propriété irritante de la liqueur prolifique, soutiennent que chez
les châtrés la semence reste dans le sang, et que c’est-là ce qui explique
tous les phénomènes qui ont lieu encore chez les eunuques.
Cette explication suppose qu’il peut exister dans le sang de véritable
liqueur spermatique, qui n’auroit pas été secretée par les testicules,
reçue dans les vésicules séminales, et absorbée delà; mais cette hypothèse
est en contradiction avec lés principes de l’anatomie et de la
physiologie. Dans la manière de voir de ces physiologistes, la liqueur
séminale existeroit également dans les alimens. Et pourquoi donc n’en
existeroit-il pas dans le sang des animaux qui ont été coupés dans un
âge tendre, dans le sang des femelles et des femmes?
Pour se tirer d’embarras, ils ont recours à la liqueur des prostates; c’est
elle qui, à les en croire, produit chez les eunuques, non-seulement l ’instinct
de la propagation , mais qui les rend encorelpropres à en exercer
l’acte.
_ Mais on sait que la sécrétion; de cette liqueur a encore lieu chez des
sujets décrépits, et quelle n’existe pas du tout chez les enfans qui cependant
ont de fréquentes érections.
Il paroît pourtant que les suites de la Gastration ne sont pas les mêmes
chez tous les sujets. Chez quelques-uns, les poils de la barbe tombent
pour ne plus repousser ; le gosier qui étoit déjà dév elopp é, se contracte
de nouveau, et la voix redevient celle d’un garçon impubère. Dans ce
cas, et je suis tente de dire dans tous les cas, l’influence de l ’opération
finit par se manifester sur le cervelet. Il ne diminue pas toujours
au point de devenir aussi petit que si son développement avoit été
empêché dans l’enfance ; mais il se rapetisse et s’aplatit considérablement
; les bosses occipitales aussi, qui déjà étoient très - bombées,
s aplatissent, et 1 intervalle entre les procès mastoïdiens se resserre. Ces
changemens sont suivis de plus de calme du tempérament, et enfin de
l ’impuissance.
Ainsi donc l ’observation, des eunuques, prouve que l’instinct de
la propagation ne dépend point des parties génitales, mais du cervelet.
Tout cela n empêche pas M. Piicherand de dire :
« Le cranioscope fait, du cervelet, l’organe de l ’amour physique;
c’est-à-dire qu’il y loge la faculté génératrice : c’est en vain qu’on lui
objectera que le cervelet des eunuques est aussi volumineux que celui
des autres hommes ; que l’amputation des organes génitaux, faite de
bonne heure, éteint les désirs amoureux, sans empêcher pour cela le
cervelet de s’accroître; qu’il est très-difficile, pour ne pas dire impossi-
ble, de juger sur une' tête entière, et non dépouillée de ses chairs, de
la saillie plus ou moins forte des bosses occipitales inférieures, correspondantes
au cervelet; que les blessures de cette région, comme toutes
celles de la moelle de l’épine, doivent diminuer la faculté génératrice
de même quelles affaiblissent toutes les autres facultés; que les médecins
de cet évêque d’Allemagne, atteint d’une folie amoureuse, dont
il raconte l’histoire dans ses leçons, le guérirent par la castration , et
non en lui faisant une blessure à la nuque; que ce n’étoit point par
l’effet d’une plaie du cervelet que les Scythes, dont parle Hippocrate
dans son immortel ouvrage, de l’air, des eaux et des lieux, devenoient
inhabiles à la génération, qu’en général les animaux ont le cervelet
plus volumineux que l’homme, quoique le plus grand nombre soit privé
de la faculté de faire l’amour en tout temps, et présente moins de saaCll<
Y..........;..............................Gall ne tient aucun compte de toutes
ces observations, et poursuit sa carrière sans daigner y répondre ».