
dîner, après le repas, elle défioit à la lutte lès plus forts d’entre les
convives. J’ai connu encore une dame de petite taille et d’une constitution
délicate, qui fut souvent assignée par ce qu’elle avoit l’habitude
de frapper ses domestiques de l’un et de l’autre sexe. Pendant un voyage
qu’elle fit, deux charretiers ivres s’étant égarés la nuit dans l’auberge ,
probablement en cherchant la servante, entrèrent dans la chambre où
elle étoit couchée toute seule ; elle les reçut si vigoureusement avec les
chandeliers qu elle leur jeta à la tête, et avec les chaises dont elle les
frappa, qu’ils furent obligés de prendre la fuite. Chez toutes ces personnes
, je trouvai la région dont j’ai parlé, conformée comme je l’ai
dit plus haut, quoique la tête de chacun eût du reste une forme toute
différente.
Ces observations m’enhardirent, et, dès-lors je commençai à parler
dans mes leçons, d’un organe du courage, comme je l’appelois alors.
Peu après mourut un général, dont toute la réputation étoit fondée
sur son courage, et sur son amour des combats. Je trouvai dans son
crâne représenté PI. L X I I I , l ’organe v. v , conformé comme dans le
•garçon du combat. Ce qui acheva de me confirmer dans mon opinion,
ce fut le crâne du poète Alxinger, qui manquoit tellement de courage,
que sa poltronnerie l’exposoit aux plaisanteries. Que l’on compare avec
le précédent, son crâne représenté PI. LXII, quelle différence dans le
développement de la région marquée v , v. Maintenant, il me fut facile
de trouver chez les animaux des renseignemens ultérieurs sur la nature
de cet instinct.
Histoire naturelle de l’instinct de la défense de soi-même
et de sa propriété.
En rapportant l’histoire naturelle de l’instinct de la défense de soi-
même, et de sa propriété, du courage et de l’amour des rixes, je combattrai
quelques préjugés, que l’on a généralement au sujet du courage
des animaux.
L ’on accuse certains animaux de manquer de courage, parce qu’ils se
montrent craintifs dans des cas où ils se voyent assaillis par une force supérieure.
Dans cette manière de voir, il n’existèroit en général que de la
témérité, et nulle part de véritable courage. Parmi les carnassiers, le
chien est, sans contredit, l ’un des plus courageux. Tant qu’il n’a point
éprouvé la supériorité du lion, du tigre et du bison, il les attaque sans
balancer; mais échappé de ce combat inégal', qui l’expose à une mort
presque certaine, il fuit à l’approche de ces redoutables animaux. Il n’y
a que le sanglier qui n’apprenne jamais à calculer ses forces. On dit
que le lièvre, le pigeon, etc., sont craintifs; mais que I on voie des
lièvres se battre les uns contre les autres]; ils s'arrachent souvent des
lambeaux de peau, et quelquefois ils se mutilent. Que l’on observe
le combat de deux pigeons, mâle contre mâle , ou femelle contre femelle,
on lés verra se frapper des ailes, lutter; se donner avec acharnement
des coups de bec. Y a-t-il un animal plus courageux que le
coq? et cependant il prend la fuite devant la martre.
L ’on admet généralement que les Carnassiers ont beaucoup plus de
courage que les frugivores. Je me fais fort de prouver le contraire.- Les
chasseurs n’ignorent pas que le loup, à moins qu’il ne soit excité par
la faim, prend la fuite à l’approche du moindre danger. Le tigre, ce
puissant animal, doué de la souplesse du serpent, et d’une force incroyable,
armé de dents et de griffes, à l’attaque inopinée duquel rien
ne résiste, manque de courage. A peine un troupeau de buffles le
voit-il arrivera pas de loup, que le taureau, chef de la famille, sé détache,
présente le .combat au tigre, et d’ordinaire en est vainqueur.
Dans l’arêne du combat d’animaux de Vienne, un cerf fut destiné fl
être déchiré par une lionne. Du moment où le cerf vit la lionne sortir
de sa hutte pour s’avancer sur lui, il se mit sur ses gardes; la lionne tourna
autour de lui à pas lents, à peine le cerf eut-il aperçu l’intention de la
lionne, qu’il sauta sur elle,.et lui fracassa les côtes avec ses pieds. On
eut beaucoup de peine à transporter la lionne dans sa loge, où elle
mourut au bout de trois semaines. Peu après, l’on fit combattre un chevreuil
contre un lion ; le chevreuil s’élança avec courage sur son adver-
, mais la disproportion des forces saire étoit telle, que ce malheureux