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Code pénal, il a été, en exécution de ce jugement, tenu des conférences
avec la cour de police, et le prévenu a été mis dans une maison
de détention.
Excepté la clause relative aux frais, la sentence est parfaitement
adaptée à la nature de l’action , et fait honneur aux connoissances et
à la prévoyance du juge. La faculté de Vienne ouvrit un avis très-sage
en proposant la détention à vie dans le cas où la folie seroit prouvée,
car dans des occurences semblables personne ne peut se rendre garant
de la guérison. On peut admettre comme généralement vrai que les
rechutes sont à craindre lorsqu’une disposition naturelle et très-forte a
son principe dans l’organisation.
Je pense avec les médecins de Trieste, que H** devoit être jugé
comme aligné. Quel motif auroit-il eu de se plaindre de la destruction
de sa santé et de son épuisement physique, tandis qu’il étoit plein de
force et de vie, s’il n’eût pas été dans une erreur completle sur son état?
S’il eût eu le jugement sain, n auroit-il pas dû prévoir que son aspect
eût à l’instant démenti son assertion ? La particularité rapportée par
son père au confesseur, savoir que dès son enfance il avoit commis des
traits de folie, et s’étoit éloigné de la maison paternelle, ne prouve pas
que plus tard il dût devenir fou; mais elle prouve en lui une irritabilité
naturelle extrême, et une très-grande facilité à avoir des visions ,
et à se forger des fantômes, quand il sprouvoit intérieurement une
agitation violente.
Le choix de l’objet de son amour prouve aussi la propension de son
esprit à la folie. On dit en effet, avec raison, que celui qui se prend
d’amour pour une reine, et qui, Selon l’expression commune , devient
fou, ne l’est pas devenu, mais l’étoit déjà de s’être épris d’une telle
personne. H** déclara que son amour étoit un effet des sortilèges des
deux femmes.
La faculté de Vienne s’appuie sur la déclaration des gens de l ’art
présens au premier interrogatoire, qui prononcèrent que le meurtrier
étoit dans son bon sens, et que sa folie étoit feinte ; elle s’appuie sur le
témoignage des individus qui avoient joué avec le meurtrier, et sur
nu c e b v e au. S®SÉ
celui de la servante du cabaret: mais pourquoi dans une discussion où
il s’agit de la vie d’un homme , la faculté de Vienne s’en rapporte-t-elle
plutôt à des gens qui ne peuvent rien alléguer à l ’appui de leur opinion,
qu’à l’assertion des médecins de Trieste, fondée sur l’expérience [qui
apprend que l’on peut être aliéné sous un seul rapport, et sensé dans
tout le reste ? La médecine a-t-elle donc satisfait à ce que l’on attend
d’elle en se livrant à de vaines subtilités, et à un zèle aveugle contre
les vices? L’expérience journalière n’apprend-elle pas, comme l’ont
observé les médecins de Trieste, que les aliénés jugent avec exactitude
le désordre qui règne dans leurs sensations et leurs idées ? La faculté
de Vienne croit-elle avoir réfuté les faits en disant que les citer c’est
faire étalage d’érudition?
La faculté de Vienne conclut que la folie étoit feinte ; mais quiconque
veut feindre l’aliénation, doit la bien connoître. Or, l’histoire
naturelle de cet état n’étant connue que d’un très-petit nombre de
médecins, comment peut-on attendre qu’elle le sera d’un jeune homme
extrêmement ignorant sous ce rapport? Celui qui feint, ne se contente
pas, pour témoigner son embarras, de dire : je suis un fou, un insensé;
il cherche à le faire croire par une conduite folle et extravagante. Le
meurtrier ne dit pas qu’il lui semble qu’il a eu des visions; mais il dit
qu’il est très-malheureux, et qu’il se désespère parce qu’il les a réellement
eues. Dans d’autres cas où l’on ne peut pas avoir le plus petit
soupçon que les aliénés veuillent se mettre à couvert d’une sentence de
mort, on les entend fréquemment se plaindre de leur folie avec l’accent
de l’affliction et du désespoir.
J’admets qu’un fait commis dans les intervalles lucides entraîne la
culpabilité.Mais on ne peut, envers leshommes sujets à des accès périodiques
de folie, user d’assez de circonspection quand il s’agit de décider
si l’acte a été commis dans un état de parfaite santé d’esprit. Dans
ce cas, la décision n’étoit pas difficile pour les personnes pourvues de
connoissances. La faculté de Vienne dit, à l ’appui de son opinion ,
que le meurtrier a choisi le temps, le lieu, le moyen, l’occasion les
plus propres pouf l’exécution de son dessein. Mais les suicides qui par