
ce volume de l'influence du cerveau sur la forme et la texture des os
du crâne dans l ’état de maladie.
D après toutes ces raisons fondées non moins sur l’observation que
sur le raisonnement, on est forcé d’admettre que le penchant au suicide
, quand il est l’effet de maladie, a sa source dans l’organe de la circonspection.
Lequel des deux sexes faut-il accuser de succomber plus facilement
au funeste penchant du suicide? Les femmes sont d’ordinaire, quant
aux facultés intellectuelles, inférieures aux hommes; elles sont douées
d'une excitabilité plus prompte, et d’une sensibilité plus exquise;
elles sont aussi plus souvent que les hommes , en proie aux mauvais
traitemens, à la trahison, à l’abandon, à la jalousie et à la misère.
Cependant le nombre de suicides, en général, est beaucoup plus grand
chez les hommes que parmi les femmes. L’an 1800, il y eut à Paris,
164 hommes, et 24 femmes de suicidés. L’an 1806, sur 120 hommes,
4ofemmes; l’an 1807, sur 98 hommes, 49 femmes; ainsi dans l’espace
de trois années, n 3 femmes sur 38n hommes.
Mais le dénombrement des suicides que l’on fait partout avec grand
soin, n’est guère capable de donner, sous aucun rapport, une juste
idée de l’histoire naturelle du suicide. Il est toujours très-difficile, et
souvent impossible, à moins que les malades n’aient été traités par les
médecins, d’obtenir des renseignemens exacts sur l’état moral des
individus, qui ont mis fin à leurs jours. Quels sont ceux chez lesquels
le suicide a été la suite d’une maladie mentale, de l’aliénation, dont
il est ici question ? Ceux chez lesquels il a été déterminé soudainement
par un désespoir momentané? Et chez lesquels enfin on seroit en
droit de l’attribuer à une immoralité réfléchie et coupable?
Toutes circonstances égales, même en cas de disposition organique,
les femmes paroissent vaincre plus souvent que les hommes ce terrible
penShant. Je connois plusieurs familles où le penchant au suicide est
héréditaire; et presque toujours le nombre d’hommes suicidés surpasse
celui de femmes. Il existe encore à présent à Vienne une famille dans
laquelle deux frères se sont brûlé la cervelle, il y a plusieurs années.
Les trois soeurs, toutes mariées et mères de plusieurs enfans, ont résisté
jusqu’à ce moment, quoiqu’elles soient tellement tourmentées pendant
leurs époques, et même durant leurs grossesses, quand c’est le temps
des époques, quelles éprouvent le besoin le plus urgent de se faire
garder à vue , jusqu’à ce que, quelques jours après, elles se sentent débarrassées
de toute tentation. Dans une autre famille , le grand-père, le
père, le fils se sont suicidés, et il n’y a qu’une soeur du dernier qui en ait
fait une seule tentative. Les femmes sont-elles moins impatientes dans les
maux; sont-elles plus habituées à souffrir et à se résigner; sont-elles
plus souvent retenues par des principes de religion ou parle sentiment
de se conservera leurs enfans?Ou sont-elles, en général, moins sujettes
aux excès de cette maladie que les hommes? et en ce cas , quelle en
seroit la raison ?
L ’été paroît avoir une influence plus funeste sur ce penchant que
l’hiver.
Il y a certaines constitutions du temps qui le déterminent et le rendent
épidémique : chose connue de tous les médecins; mais tout le
monde ne fait pas attention que cette cause matérielle ne doit pas
être confondue avec d’autres causes extérieures purement morales.
On sait aussi que le penchant au suicide se transmet des pères et
mères aux enfans. Dans ce’ cas, il est aussi matériel et aussi involontaire
que s’il étoit le résultat d’une maladie accidentelle. Le sieur Gauthier,
propriétaire de diverses maisons construites au-delà des barrières
de Paris , pour servir d’entrepôt de marchandises, laissa sept
enfans, et une fortune d’environ deux millions à partager entre eux.
Tous restèrent à Paris ou dans lès environs, et conservèrent leur patrimoine
; quelques-uns même l’accrurent par des spéculations commerciales.
Aucun d’eux n’eprouva- de.malheurs réels; tous jouirent
d’une bonne santé, d’une fortune suffisante et d’une estime générale.
Tous cependant furent travaillés de la fureur du suicide, et tous les
sept y succombèrent dans l’espace de trente à quarante années; les uns
se pendirent, d’autres se noyèrent, d’autres se brûlèrent la cervelle.
L’un des deux derniers avoit invité, un dimanche, seize personnes à