
jours de la menstruation. Ainsi les femmes auxquelles les règles durent
huit jours , quoique trois semaines après la cessation elles recommencent
, ont également les règles dans l’intervalle de vingt huit jours.
Comme je n’ai pas l’intention de faire un traité complet sur la menstruation
, je passe les irrégularités qui ont lieu dans les femmes, soit
trop foibles, soit trop fortes, ou par suite d’événemens accidentels.
Mais je demande : Les femmes sont-elles réglées indifféremment
dans tous les temps, ou sont-elles sous l’influence d'une loi déterminée?
Et les hommes sont-ils privilégiés de la nature, et exempts de
toute évacuation critique dans l’état habituel de santé , ou sont-ils sous
l’influence de la même loi générale? Voici ce que j’ai observé relativement
à ces questions.
Exerçant la médecine à Vienne, je me suis bientôt aperçu que pendant
un certain laps de temps , presqu’aucune femme n’étoit réglée, et
quedans un autre temps un grand nombre l’éloient à la fois. Comme
cette circonstance se présenta très-souvent, elle dut nécessairement
frapper mon attention , et me faire naître l’idée, que cette espèce d’évacuation
périodique pourroit bien être subordonnée à une loi déterminée..
Je tins un journal où je marquai les époques d’un nombre
considérable de femmes pendant plusieurs années. Le résultat fut que
les femmes sont divisées en deux grandes classes. Chaque grande classe
a une période différente pour la menstruation. Les femmes de la même
classe sont toutes réglées dans un espace de huit jours. Ces huit jours
passés, suit un intervalle de dix à douze jours, où l’on ne rencontre
que très-peu de femmes réglées. Après ces dix jours commence l’époque
assignée à la seconde grande classe, dont tous les individus seront
réglés dans l’espace aussi de huit jours. Supposons qu’une femme de
cette classe commence à être réglée le premier du mois, elle aura fini
le 8 , en cas que ses règles lui durent huit jours. Une autre , dont
les règles ne durent que trois jours, aura fini le 3; ou en cas qu’elle
n’ait commencé que le 5 du mois , elle aura également fini le 8, et
ainsi des autres, de manière que les femmes, tant qu’elles sont dans
un état régulier de santé, ont vingt-un, ou vingt-cinq, qu vingt-six jours
d’intervalle. Voici, telles qu’elles ont eu lieu, les époques de deux
femmes, dont chacune appartient à une classe différente. 1818, janvier
19, 3. Février, 16.1, 29. Mars 14, 28. Avril 10 , 25. Mai 8, 23. Juin
5, 3o. ig. Juillet 26, 17. Août 2 1 , i 3. Septembre 18, 9. Octobre
16,8. Novembre 14 , 5. Décembre 12, 2. On voit que chacune a
été réglée treize fois ; et que celle qui avoit commencé le 3 janvier, le
sera pour la quatorzième fois au dernier de décembre.
Il y a toujours des femmes qui pour causes accidentelles sont réglées
hors de ces deux grandes périodes; mais après un ou deux mois , elles
rentrent ordinairement dans la cla*se à laquelle elles appartiennent.
Les femmes valétudinaires, les jeunes personnes qui ne sont lias encore
tout à fait formées, les femmes qui sont sur leur retour sont les plus
sujettes à ces irrégularités.
Si les règles,ont été suspendues , soit par une maladie, soit par la
grossesse ou par l’allaitement, elles reparaissent à la même époque où
la femme aurait été réglée, si elle eût toujours continué de l'être,
Quand, chez certaines femmes, surtout chez celles qui sont sur le point
de perdre, les règles continuent pendant plusieurs semaines, elles deviennent
toujours plus abondantes au temps-de l’époque accoutumée.
Pourquoi toutes les femmes sont-elles rangées, pour leurs règles, en
deux classes, et pourquoi telle femme appartient-elle à cette classe, et
telle autre à l’autre classe? Je n’ai pu acquérir encore à ce sujet le
moindre éclaircissement. Les filles et les mères, les soeurs, les brunes
et les blondes, les délicates et celles qui sont fortement constituées
sont pêle-mêle du nombre de l’une et de l’autre grande division.
Pendant mes voyages, j’ai continué mon journal ; et ce qui m’a le
plus frappé, c’est que les deux époques coïncident dans tous les pays,
au moins en Europe. A la même époque où les femmes étoient réglées
à Vienne, à Berlin , à Hambourg, à Amsterdam , elles l’étoient aussi à
Berne, à Copenhague, à Paris, etc. Fit ce qui me fait croire que c ’est le
même cas pour toute la terre, c’est que les espèces de singes qui sont
sujettes à cet écoulement périodique, le sont en même temps que les
femmes.