
feu aux maisons, et ce désir dégénéroit en un penchant irrésistible
toutes les fois qu’elle avoit bu pour deux ou trois sous d’eau-de-vie.
Elle ne savoit donner d’autre raison ni indiquer d’autre motif d’avoir
mis jusqu’à douze fois le feu à des maisons, que ce penchant qui l’y
poussoit. Malgré la crainte, la terreur et le repentir qu’elle sentoit
chaque fois après avoir commis le crime , elle le commettoit toujours
de nouveau. Le gouvernement fit examiner à plusieurs reprises, par
des médecins, l’état de sa santé, et l’assiète de son esprit; mais on ne
trouva aucun indice d’alienation ! Elle entendit prononcer sa sentence
avec une résignation chrétienne..... »
Ces faits ne nous eussent cependant pas conduits à admettre une
analogie entre le penchant au meurtre et celui à l’incendie, si nous
n’avions pas trouvé chez les incendiaires le même développement des
parties cérébrales que nous avions remarqué chez les meurtriers, et si
le crâne de ces deux espèces de criminels n’offroit pas les mêmes proé-
minences.
Quelle est la qualité fondamentale du penchant au
meurtre.
Pour répondre à cette question , d’une manière satisfaisante jusqu a
un certain point, nous devons nous rappeler la circonstancé qui m’a
conduit à la découverte de ce penchant; c’est-à-dire la différence qui
existe entre le crâne des frugivores et celui des carnassiers , ces derniers
ayant, au-dessus de l’oreille, une protubérance produite par une grande
masse cérébrale, dout les frugivores sont privés,
Je me trouvai encore ici dans le même cas que pour la découverte
de toutes les qualités ou facultés fondamentales, et de leurs organes. 11 ne m’étoit possible de découvrir une semblable qualité ou faculté
que lorsqu’elle se manifestoit avec le plus haut degré d’activité, ou
qu’elle avoit au moins une activité très-marquée; et j’étois dans la nécessité
de lui donner un nom, pris de ce haut degré d’activité, et cela
d’autant plus, que les carnassiers dévoient être non-seulement poussés
avec violence par un penchant intérieur à tuer les animaux necessaires
à leur nourriture, mais que ce penchant devoit encore les instruire sur
le genre de mort à faire subir à leur proie. Delà, la dénomination,
instinct du meurtre. Comme l’homme est de tous les carnassiers le plus
redoutable, qu’il ne borne point ses ravages à une seule ou à quelques
espèces comme la plupart des autres carnassiers, qui ne tuent que pour
se nourrir, qu’il les exerce sur tout ce qui a vie sans en excepter sa propre
espèce, on peut l’appeler carnassier à plus juste titre qu’aucun autre
animal. Mais jamais, comme quelques-uns de mes adversaires se sont
efforcés de le répandre parmi le peuple avec autant d’empressement que
de légèreté, jamais en parlant de l ’instinct du meurtre je n’ai entendu
parler d’un penchant à l ’homicide. J’ai pour principe , et j’y serai toujours
fidèle, qu’il faut choisir pour désigner une qualité ou une faculté
fondamentale, commune aux animaux et à l ’homme, une dénomination
qui lui convienne chez les brutes aussi bien que dans notre espèce.
Mais certainement un penchant au meurtre qui pousseroit à l’homicide,
11e seroit nullement applicable à la destination que la nature a donnée
aux carnassiers.
C’est par la même raison que je ne voudrois pas non plus ramener
cet instinct à l’idée générale de penchant à détruire; car supposé même
que l’on trouve moyen de justifier la nature d’avoir mis dans l ’homme
une forme fondamentale qui le porte à détruire, il n’y a rien dans celte
idée qui puisse s’appliquer aux animaux. Si quelquefois il est nécessaire
de détruire une chose inutile pour mettre à la place une chose
utile, il est souvent tout aussi nécessaire de tuer l’ennemi pour garantir
sa vie et celle des siens. Lorsque l'homme sortit des mains du
créateur, l’Etre suprême avoit certainement prévu qu’il vivrait avec
ses semblables dans une guerre éternelle. La nature eût-elle été juste
en lui refusant les moyens de se délivrer de ses ennemis ? Ceux qui
condamnent les criminels à la mort, ceux qui détruisent par le fer et