
R E M A R Q U E S S U R l ’ o U Ï R A G E
pernicieux, que M. Spurzheim reconnoît dans son ouvrage.
Maintenant, je demande : qu’est-ce qui est la cause
d’une pareille activité de certaines facultés? L’organisation
de l’homme auroit-elle été faite à l’insu et malgré
la volonté de Dieu? Certes, autant que cette activité
extravagante est l’efiét de la constitution corporelle, on
n’en sauroit pas accuser l’homme; c’est la nature, c’est
le Créateur. Par conséquent, il existe des penchans vicieux,
et ils doivent entrer dans le plan du Créateur.
Sans ces penchans vicieux, comment le mal seroit-il en
nous? Comment serions-nous .enclins au ruai? Comment
le Seigneur aüroit-il vu que la malice des hommes est
extrême, que toutes les pensées et tous les desseins de
leur coeur ne sont en tout temps que méchanceté? Pourquoi
M. Spurzheim a-t-il cru tant devoir s’appesantir
sur la double nature de l’homme, sur l’homme et la
bête dans l’homme? Pourquoi .ces deux natures doivent-
elles se combattre l’une l’autre? Pourquoi les facultés
supérieures doivent-elles l’emporter sur les inférieures,
s’il n’y a rien de mauvais dans celles-ci? Pourquoi avoue-
t-il p. i 77 î qu’on pourroit citer des milliers de faits qui
prouvent que le penchant désordonné au vpl n’est pas
toujours la suite d’une mauvaise éducation ?
M. Spurzheim, en usant de ces tergiversations, se
trouve dans une singulière perplexité. Il ne lui suffit pas
de dire que le mal n’est pas une substance, et que dans
les facultés il n’y a de mauvais que l’abus que les hommes
en font. Pour esquiver l’aveu qu’il existe de mauvais penchans,
que dans plusieurs endroits de son ouvrage il a
prouvés, il invente un nouveau langage, et appelle abus
tout ce qui se passe de mauvais dans l’organisme, sans
que l’homme y contribue en rien de sa part. Delà, les
abus de l’amativité : l’impuissance et la sensualité ; les
abus de la combativité : la poltronnerie et la témérité;
les abus de la destructivité : la sensiblerie et le penchant
a 1 homicide; les abus de convoitivité : la dissipation,
1 avarice et le vol ; les abus de la sécrétivité : l’indiscrétion
et l’hypocrisie; les abus de la bienveillance : la mollesse
et 1 ingratitude, etc., etc. Dorénavant,pour nous réconcilier
avec le meilleur des mondes, les averses, les ouragans
, les inondations, les incendies, les tremblemens de
terre, la famine, la peste et toutes les maladies, l’idiotisme
et la folie, les monstruosités, etc., ne seront plus
que des abus de notre mère nature!]
m. e