
bête comme dans l’homme, les mêmes marques à la même place du
crâne.
Ces considérations m’ouvrirent un vaste champ pour rectifier et pour
confirmer les observations que j’avois faites sur l ’homme; plus une
qualité ou une faculté est générale chez les animaux, plus mes preuves
se multiplièrent, parce que je fus à même de constater, dans un plus
grand nombre d’espèces, tant la qualité ou la faculté fondamentale, que
sa marque extérieure. Les cerveaux des bêtes sont plus simples, leurs
qualités et leurs facultés sont d’ordinaire très*prononcées ; voilà pourquoi
les têtes des animaux offrent, d’ordinaire, des organes plus dis*
tincts et mieux circonscrits que la tête de l ’homme, dont le cerveau est
composé d’un bien plus grand nombre d’organes; organes qui se trouvant
plus rapprochés, doivent se confondre plus aisément. L’étude des
encéphales et des crânes des animaux est, sous ce rapport, une ressource
précieuse.
11 va sans dire que l’on ne doit pas comparer avec l ’homme des animaux
dont les qualités ou les facultés diffèrent trop des siennes. Ces
animaux ont certainement des organes qui nous manquent, et ces organes
remplissent des fonctions dont nous ne pouvons pas nous faire
d’idée. Cependant, dans la section des organes considérés insolément,
nous verrons avec surprise que 1 on peut suivre, jusque dans les insectes
et dans les oiseaux, les premières et les plus essentielles des qualités et des
facultés, tels que l’instinct de la propagation, l’amour de la progéniture
, etc. L’on trouve même dans les oiseaux les confirmations les plus frappantes
pour le sens delà musique, le sens des localités, l’éducabilité, etc.
11 y a p lu s , les animaux nous fournissent les preuves négatives les
plus irrécusables en faveur des organes des qualités et des facultés que
l ’homme possède exclusivement. Si en général les bêtes sont privées de
Certaines parties encéphaliques placées contre la région antérieure-su-
périeure du front, l ’on peut en conclure avec certitude, que ces parties
là sont précisément chez l ’homme les organes des qualités et des facultés
dont lu i seul est doué.
Je viens de dire, tout-à-l’heure, que chez les animaux qui ne s’éloignent
pas trop de notre espèce, les organes des facultés déterminées, se
trouvent précisément à la même place que dans l’homme. C’est-là une
loi que la nature observe aussi relativement à leurs viscères et à leurs organes
des sens. Mais les encéphales des animaux ne sont que des frag-
mens de l'encéphale humain. Tantôt à telle place, tantôt à telle autre,
il manque un ou plusieurs organes, qui forment, si je puis m’exprimer
ainsi, quelques-uns des termes de la série entière des organes humains*
Cette circonstance produit, sans contredit, une grande modification
dans tout l’arrangement des organes. Ceux qui dans l’homme sont placés
vers le milieu du front, par exemple l’organe des localités, se trouvent
chez l’animal, rapprochés du bord latéral extérieur, dans le cas où il
est dépourvu des organes des sens des couleurs , des tons et des nombres;
organes qui chez l’homme sont placés encore au-delà de celui du
sens des localités, Voilà pourquoi l’homme a le front carré, tandis que
chez les animaux il est ovale, et que leur boîte osseuse se rétrécit sur
le devant, en cône plus ou moins tronqué. Que l’on compare sur les
planches tous les encéphales et les crânes humains, avec tous les encéphales
et crânes d’animaux !
Cette circonstance amène, même chez quelques espèces d’animaux,
une différence dans la situation des nerfs des sens. Chez l’homme, les
nombreuses circonvolutions inférieures du cerveau dépassent le bulbe
du nerf olfactif, PI, IV , chez beaucoup d’animaux au contraire, tels
que les poissons, les amphibies, les oiseaux, et même quelques mammifères,
Comme le boeuf, PI, III, la brebis, PI, X IV , la taupe, etc., le
bulbe du nerf olfactif se trouve placé en avant des circonvolutions in-
ferieures-anterieures., parce que les animaux en question ou n’ont pas
du tout ces circonvolutions, ou les ont beaucoup plus courtes.
Par tout ce que je viens de dire, l’on voit que, pour comparer avec
fruit les encéphales et les crânes des animaux, avec ceux de l’homme,
il faut avoir de profondes connoissances dans l’anatomie comparée de
tout le système nerveux; et certes, les savans qui s’occupent de cette
science, lui feraient faire des progrès bien plus essentiels, en donnant
leur attention aux systèmes nerveux, qu’en l’arrêtant sur l ’organisation
grossière, sur les os, les muscles, etc.