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loppëeschez les animaux doués éminemment de l’instinct des hauteurs;
le cerveau et le crâne du chamois et du bouquetin en fournissent un
exemple frappant. Pans le cas même où nous supposerions que la
partie inférieure iv de ces circonvolutions produisît l’instinct des
hauteurs au physique, et la partie supérieure xn la fierté, le très-
proche voisinage de ces parties cérébrales nous conduiroit toujours à
admettre une analogie dans leurs fonctions.
Il ne faut pas oublier que dans l’homme plusieurs organes sont
plus volumineux et plus compliqués que chez les animaux. L’organe
du sens des localités , celui de la musique et même celui de
l’amour physique, sont plus parfaits dans l’homme, dans la même proportion
que leurs fonctions le sont davantage, quoique la destination
primitive reste essentiellement la même. Il seroit donc très-conforme à
la marche de la nature, que l’organe dont il s’agit maintenant, fût aussi
plus volumineux dans l’homme, puisque son activité est destinée à
un but plus élevé.
L ’action de cet organe paroît dans quelques cas se restreindre, chez
l ’homme même , à un instinct des hauteurs physiques. Je connois des
hommes qui ont la passion de grimper sur les montagnes, de monter
géniture. Chez l’homme et chez le singe, par exemple, l’organe de l’amour delà
progéniture s’étend en grande partie dans les lobes postérieurs des hémisphèrès,
jusqu’à la ligne médiane. Chez les oiseaux et chez la plupart des mammifères, cet
organe ne se-trouve plus placé dans la ligne médiane. Il occupe la partie postérieure
du second rang de circonvolutions, à commencer par la ligne médiane. Cette circonstance
produit aussi une variation du siège de l’organe de la hauteur. Dans l’homme
et dans le singé, il existe une masse' cérébrale entre le cervelet, organe de la propagation
, et l’organe de la hauteur. Dans d’autres animaux, lorsqu’ils sont destinés
à rechercher les lieux élevés, les circonvolutions moyennes qui suivent immédiatement
après le cervelet, sont très-développées, et forment une proéminence bombée
oblongue. Pour mieux faire sentir ces différences, j’ai fait dessiner les cerveaux du
chat et d’un singe, les crânes d’une chatte et de la panthère PI, LXXV II, les circonvolutions
XU, X I I , et l’élévation XII, sont l’organe de la hauteur. Les circonvolutions
II, II, et les proéminences II, appartiennent à l’organe de la progéniture.
DU C E RV EAU . ô l f
sur les clochers, etc. Partout où les conduit le hasard , leur première
affaire est d’escalader les hauteurs des environs ; les contrées mon-
tueuses sont celles qu’ils préfèrent à toutes les autres. J’ai trouvé à
tous ceux que j’ai examinés, un assez grand développement de cette
partie cérébrale.
Et comment se fait-il que cet organe se développe davantage sur les hauteurs
que dans la plaine? Je sais parfaitement que l’on peut avoir autant
d’orgueil dans une vallée que sur une montagne; mais il n’en est [pas
moins vrai que la fierté se trouve bien plus fréquemment dans lés sites
élevés. S’il n’existe pas une très-grande analogie entre l’instinct des
hauteurs et l’orgueil, pourquoi les montagnards sont-ils plus fiers *
plus passionnés pour l’indépendance, plus portés à l’esprit de domination
que le reste des hommes ? Pourquoi imaginent-ils être élevés
autant au-dessus des habitans de la vallée au moral, qu’ils le sont effectivement
au physique par les lieux qu’ils habitent?
Que l’on observe les enfans, ou même les adultes, lorsque dans
leurs jeux ils se laissent aller au premier sentiment, et au premier
mouvement qu’ils éprouvent : ils se dressent sur la pointe des pieds,
ils montent sur des chaises , fit trouvent du plaisir à comparer leur
taille avec celle des grandes personnes, et même à les; surpasser. Les
femmes petites <t orgueilleuses choisissent une coiffure très-élevée;,
portent des talons fort hauts. Qu’est-ce qui chatouille plus l’orgueil
du guerrier, que des bonnets à poil, des casques surmontés d’énormes
panaches? En général, tout ce qui hausse , tout ce qui grandit notre
moi, part du sentiment intérieur de l’orgueil, et réveille ce sentiment
en réagissant sur nous. 11 est usité chez tous les peuples de placer dans
un endroit élevé ceux qui commandent aux autres. Qu’y auroit-il de
commun entre un trône et le pouvoir souverain, si l’homme n’éloit
pas guidé en cela par un sentiment intérieur qu’il ignore lui-même?
On objecte que les enfans montent sur les bancs, parce qu’on leur
refuse bien des choses par la seule raison qu’ils sont petits; parce qu’ils
ont remarqué les prérogatives dont jouissent les grandes personnes ,
ou parce qu’ils en ont entendu faire toutes sortes d’éloges.