
ne faut pas oublier que le cerveau agit sur la concavité de la voûte, et
le poids comprimant sur sa convexité : or, tout homme qui a quelque
idée de la théorie de la voûte, ou même toute personne qui a essayé
seulement d’écraser, dans le creux de ses mains jointes, un oeuf placé
dans le sens de son plus grand diamètre , concevra facilement quelle
résistance est capable d’opposer la voûte du crâne ; je passe sous silence
les objections que d’autres ont déjà faites contre l’idée de MM. Hufe-
land et Fodéré.
Du reste, nous avons trouvé dans la forme de la tête des habitans
de ces contrées autant de diversité que dans celle des autres hommes.
Nous avons trouvé chez eux les organes delà fermeté, de la hauteur, etc.,
placés vers le sommet de la tête , tout aussi développés que chez
d’autres,
On assure que certaines hordes sauvages de l’Amérique appliquent
sur le front de leurs enfans de petites planches, à l’aide desquelles ils
leur aplatissent la partie supérieure du frontal '. Comme M. Spurzheim
a eu l’occasion de faire sur ce sujet plus d’observations que moi, je ne
ferai que transcrire ce qu’il dit sur cette matière,
«J’ai vu sept crânes de Caraïbes; ils ont peu de hauteur, et ils sont
surtout renflés dans la région temporale; mais je trouvai de l’un de ces
crânes à l ’autre, autant de différence que l’on en remarque en comparant
un nombre égal de crânes d’Européens. J’ai vu des crânes d’Européens
beaucoup moins élevés, par conséquent le défaut de hauteur
en question ne peut pas tenir uniquement à une dépression mécanique.
La surface de ces crânes de Caraïbes étoitmême plus ou moins bombée?
et ne portoit par conséquent nullement l’empreinte d’une planche.
Il me semble que tout ce que l’on rapporte de la méthode d’aplatir
les têtes se réfute de lui-même : il faudroit une force très-considérable
pour comprimer le crâne et le cerveau; mais cette force ne sauroit
agir de haut en bas, à moins qu’on ne lui oppose une résistance égale
‘ Voy. Dictionnaire des Sciences médicales, T. XXI, p. 268 et suiv. Des variétés
acquises , et des altérations fortuites du type humain.
de bas en haut, ou dans une autre direction ; or, si la pression de haut
en bas produisoit un effet quelconque, la résistance de bas en haut, ou
dans toute autre direction, doit produire un effet égal.... ...»
« Depuis la publication de la première édition de mon ouvrage, je
me suis entretenu sur ce sujet avec plusieurs personnes qui avoient été
à l’ile St.-Vincent : mais leurs rapports sont contradictoires, et ne
lèvent nullement mes doutes»,
« Les uns me disent que l’on laisse cette planche sur la tête de
l’enfant pendant six semaines; d’autres prétendent qu’on l’y laisse six
mois, d’autres encore parlent de deux ans, etc, » '
Dans le crâne de Caraïbe que nous vîmes chez M. Blumenbach, et
dont la partie antérieure du front est fortement déprimée, les orbites
ont la même forme déprimée qu’elles acquièrent dans les hydrocéphales,
par la pression de l’eau’.
Le cerveau des Caraïbes se développe-t-il naturellement davantage
dans la région temporale, et vers la base du crâne, ou cette forme esi-
elle artificielle ? C’est ce que selon les observations de M. Spurzheim on
ne peut guères admettre: il y auroit donc eu, dans ce cas, action permanente
d’un corps dur et inflexible; action qui ne peut être comparée à
aucune autre influence du dehors. Après tout, nous sommes très-
éloignés d’appliquer la craniologie à des déformations violentes.
Influence du développement de parties cérébrales
individuelles sur la forme de la tête.
J’ai prouvé ailleurs, que le développement des différentes parties
cérébrales n’est point simultané. Or, s’il est vrai que le crâne se moule
sur le cerveau, je dois être en état de suivre le développement successif
des parties cérébrales , à l’aide des changemens qui surviennent au
crâne. Voyons si encore ici l’expérience confirmera ma doctrine,
1 The pbysionomical System, p. 220 et suivantes.
* Decas I,Tab. X.