
de manie érotique. Les bosses occipitales très-saillantes annoncent un
cervelet extraordinairement développé.
11 en est cependant de cet organe comme de toutes lès autres parties ;
non-seulement une activité excessive dont il est doué parla nature,
peut dégénérer en manie , c’est-à-dire en une activité tellement forte ,
qu’elle n’est plus soumise à l’empire de la volonté; mais d’autres causes
encore peuvent exalter l’action du cervelet, au point qu’il en résulte
une manie érotique, même chez des personnes q u i, suivant la marche
ordinaire de la nature , n’y étoient pas disposées.
Ne voit-on pas, dans des maladies aiguës, des sujets qui n’avoient
auparavant aucune disposition à être métromanes ou querelleurs, faire
des vers et chercher dispute à tout le monde? Ces cas, il est vrai,
sont fort rares, et toujours l’histoire de la vie antérieure du malade,
jointe à la conformation de. son cervelet, pourra donner l’explication
du phénomène, et décider le médecin à avoir égard dans le
choix de sa méthode curative, plus particulièrement aux causes accidentelles,
ou à la disposition naturelle, à des dérangemens généraux,
ou à un dérangement partiel.
Je place ici le tableau que fait M. Pinel de la manie érotique, tant
parce qu’il confirme ce que j’ai dit jusqu’ici de cette maladie, que parce
que M. Pinel lui-même, qui cependant ne paroit attribuer ce genre de
manie qu’à une espèce d'effervescence qui auroit lieu dans les parties
sexuelles, est obligé d’en revenir à une disposition particulière.
k C’est dans l’un et l’autre sexe une effervescence physique des organes
générateurs, avec les gestes les plus lascifs, et les propos les plus
obscènes ; elle tient d’autant plus à la disposition intérieure, qu’elle ne
dure qu’autant que la maladie ; et j’ai vu les personnes les plus recommandables
par la pureté de leurs moeurs,éprouver, pendant un temps
déterminé de leur état maniaque, ce rapprochement malheureux avec
des femmes de débauche; puis revenir, lors de leur convalescence, à
leur caractère primitif de réserve, et d’une extrême décence. J’ai vu
cette affection se développer dans des cas extrêmes de la manière suivante
: d’abord gaîté insignifiante, regard animé, recherche voluptueuse
dans la toilette, curiosité inquiète, tremblement des mains, douleurs
sourdes à la matrice, chaleur brûlante dans l’intérieur des seins, mobilité
extrême des yeux, impatience : l’accès est alors à son plus haut
degré ; babil rempli de mots sales,et de propos obscènes, vociférations,
gestes provocateurs, et mouvemens du corps, les plus lascifs, tous les
emportemens effrénés, et les illusions d’un délire érotique. Cette fougue
impétueuse cède à une répression rendue nécessaire, et il succède un
morne repos, ou plutôt un état de lassitude; la maigreur est alors extrême
, et cette fureur interne amène l’épuisement, la stupeur et la
démence ; l’embonpoint se rétablit par degrés. Jja maladie devient
quelquefois périodique, et la vie se passe dans une alternative d’un
égarement érotique, et de l’apathie la plus stupide
Le tableau qu’on vient de lire nous conduit naturellement à cet état
d’irritation du cervelet, qui entraîne les maladies connues sous le nom
de satyriasis , de priapisme, et de nymphomanie. Quelque diverses
que puissent être les idées déréglées, et les sentimens extravagans qui
accompagnent ces maladies, ils ont toujours pour pivot l’instinct de la
propagation; et ce genre d’aliénation doit être raDgé, par conséquent,
dans la classe de la manie érotique. Comme l’on cherchoit uniquement
la source de cernai dans les parties sexuelles, l’on n’a indiqué d’ordinaire,
d’autre remède que la castration. Par cette mutilation, l’activité
du cervelet se trouve affoiblie; et c’est pour cela que le mal diminue
quelquefois après l’opération. Je veux bien qu’à défaut de meilleure
méthode curative l’on continue, dans ces cas, de couper les
étalons; mais lorsque dans notre espèce il y a encore possibilité de
guérison, on l’obtiendra certainement avec moins d’inconvéniens'par
une méthode curative dans laquelle on auroit uniquement égard à l’état
du cerveam, et surtout du cervelet.
L ’on parle beaucoup d’une manie, produite ou par une trop grande
continence, ou par des émissions excessives de la liqueur séminale.
Une trop grande continence, supposé qu’elle ait lieu réellement, peut
'De l’alie’nation mentale, deuxième édition , p. 67, §. 78.