
Mais p u isq u e , à raison des organes qui manquent chez les animaux,
tantôt dans telle rég ion , tantôt dans telle autre, la place de ces organes
varie à ce p o in t, comment le naturaliste s’assurera-t-il q u e , par exemp
le , la protubérance placée au bord extérieur du front, est chez tel
animal l ’organe du sens des localités, chez tel autre celui du sens des
ton s , et dans l ’homme enfin, celui du sens des nombres? Comment
est-il possible, dans Ces cas, d’établir l’analogie qui existe entre l ’homme
et les animaux, et de trouver , chez ces derniers, une confirmation des
organes découverts dans l ’homme?
C est-là, sans contredit, une grande difficulté pour le commençant;
mais elle se réduit à rien pour l’observateur consommé; car, d’abord, il
y a moyen aussi de faire nombre de comparaisons entre différentes espèces
d animaux , et entre différens individu de la même espèce. En
second lieu, la forme déjà connue de l’organe offre surtout de grandes
ressources. Ces formes restent toujours les mêmes, quant à l’essentiel
et 1 observateur exercé ne sera guère exposé à les confondre. Si l ’on compare
un homme chez lequel l’organe du sens des localités est très-
développé, à un chien qui a aussi cet organe très-apparent , et à un
lemming, on trouvera la même forme de l’organe ; si l’on étoit
encore dans le doute, l’on n’auroit qu’à faire la comparaison avec
d autres espèces de souris, et avec des chiens qui ont l’organe des localités
foiblement prononcé. Cette méthode est applicable à tous les
organes, en tant qu’il s’agit de trouver, chez les animaux, des confirmations
pour les organes découverts dans lhomme.
L’examen des encéphales et des crânes des animaux fournit toutes
les lumières que certains physiologistes attendent des mutilations violentes
des cerveaux. Les encéphales des brutes sont, en comparaison
des cerveaux humains, des cerveaux naturellement mutilés. Qu’avez-
vous besoin de mutiler des encéphales humains, pour vous convaincre
que telle partie cérébrale est l’organe de la musique? Examinez les animaux
qui sont absolument dépourvus du sens musical. L’on procède
de même relativement à l’organe du sens des constructions, de celui
de l’instinct carnassier, etc. Nous verrons, par la suite, combien cette
source de confirmations est féconde.
La comparaison de l ’encéphale humain, avec celui des animaux
nous, fait eonnoître enfin de quelles parties intégrantes, ou de quels
organes individuels, est Composé le cerveau de lh om m e , où l'animal
cesse dans l ’homme, où commence le noble caractère qui distingue
l ’homme de la b ru te , et de combien il est élevé au-dessus d ’elle • recherche
bien plus utile que les vaines rêveries des métaphysiciens.?
Huitième moyen.
Jai rejete, il est vrai, les mutilations violentes, comme moyen de
découvrir les fonctions d’une partie cérébrale , ou d’un organe quelconque.
Les raisons que j’ai alléguées subsistent aussi pour les cas où
une mutilation, soit accidentelle soit entreprise à dessein, a troublé
les. fonctions d’une qualité ou d’une faculté quelconque. Cependant
lorsque après que le siège d’un organe a été découvert par d’autres
moyens, que cette découverte est suffisamment constatée et que cet
organe ayant été lésé, il s’ensuit lésion de la faculté qu’on lui attribue-
Ion peut, en toute assurance, regarder ce phénomène comme une
preuve nouvelle. Lorsque par exemple l’organe a l’aide duquel nous
avons la faculté de retenir les noms, a été lésé par une balle et qu’il
en resuite une impuissance de se rappeler les noms; lorsque la région
ou est placé l’organe des nombres devient douloureuse chaque fois que
on a fatt des calculs difficiles; Iorsqu’après une lésion de l ’organe
déjà bien constaté, de l’instinct de la propagation, il s’ensuit timpuissance
et le dégoût pour la cohabitation : personne ne trouvera que c’est
mal raisonner que de regarder ces faits comme autant de confirmations
nouvelles*
De quelques autres moyens.
Le fait a prouvé que l ’emploi des moyens indiqués ci-dessus a été infi
minent plus utile à la science, que tous les efforts des métaphysiciens et
des anatoimstes, qui n’étoient pas dirigés par l’esprit de la véritable
philosophie J eus cependant d’innombrables difficultés à vaincre • hm
qu une qualité ou une faculté, ou bien son organe, n ’étoit pas décou