
question qui peut donner lieu à des opinions très - divergentes. En
conséquence de ce que j’ai dit plus haut, en parlant de l’influence du
cerveau sur le crâne, dans 1 état de maladie, je soutiens que dans tous
ces cas, il s’opère dabord un changement dans le cervelet; qu’il y a
dans cette partie diminution de la plénitude nerveuse. J’ai prouvé,
dans la même section, en alléguant des faits nombreux, que la substance
osseuse du crâne devient ou plus dense ou plus épaisse, toutes
les fois que le cerveau a commencé à diminuer, soit par suite d’une
longue maladie cérébrale, soit par suite de la vieillesse. Ce n’est que de
cette maniéré que Ion peut concevoir, après la lésion des testicules,
1 excessive croissance du bois, comme une suite de la diminution du
cervelet, produite par ces lésions.
Une autre observation , faite également sur les cerfs, paraît constater
l'influence réciproque du cervelet et du, bois. Eorsqu’immédiatement
avant 1 époque du rut, on scie le bois tout près de la couronne)
la saillie du cerf devient inféconde. Cependant on dit qu’uu daim,
qui étoit abondamment nourri dans un parc, a fait exception à cette
règle.
J’en viens maintenant à des faits que j'ai observés sur l’homme même,
et qui jne laissent aucun doute sur l’influence nuisible des lésions des
testicules sur le cervelet.
Un homme de trente ans s’étoit froissé le testicule gauche , à l’âge
d à-peu-près vingt-quatre ans; peu à peu, ce testicule s’étoit atrophié ,
et avoit pris la consistance d’une petite pelotte de coton. Après avoir
suivi mes leçons, il fut curieux de savoir si cet accident avoit eu quelque
influence sur son cervelet ; et il ne tarda pas de s’apercevoir que sa bosse
occipitale droite, étoit beaucoup moins bombée que.la gauche.J’ai
moi-même examiné soigneusement ce sujet, et j’ai trouvé parfaitement
confirmées, tant l’atrophie du testicule gauche, que celle du côté droit
du cervelet.
Peu après, un domestique vint me trouver, et se plaignit à moi
d’être depuis quelque temps, beaucoup plus indifférent pour les femmes
qu’à son ordinaire ; indifférence qu’il attribuoit à un coup qu’il avoit
reçu aux testicules, quelques années auparavant. Chez lui aussi, ie
trouvai le testicule gauche , presque entièrement atrophié ; de suite je
portai la main à sa nuque, et je sentis que la bosse occipitale droite
étoit entièrement aplatie; la gauche, âu contraire, étoit assez bombée. *
Par hasard, 1 un de mes auditeurs se trouvoit dans ma maison ; je le fis
entrer sans lui dire un seul mot. Dès qu’il eût examiné la nuque du domestique,
il lui demanda s’il avoit un testicule plus petit que l ’autre •
question qui jeta cet homme dans un grand étonnement. Voilà donc
deux cas d’atrophie du lobe du cervelet, du côté opposé à celui où il y a
eu lésion d’un testicule. Je rapporterai encore quelques observations
qui nous autorisent à conclure que les fibres médullaires, remontant
des parties génitales le long de la moelle épinière jusqu'au cervelet,
s entre-croisent avec les fibres médullaires de cette partie, tout comme
une grande partie de la moelle allongée s’enlre-croise avec une grande
partie du cerveau ■.
M. le baron Larrey m’envoya un soldat âgé de trente ans qui, il y a
neuf ans, s’étoit froissé les testicules contre la palette de la selle, à la suite
de quoi ils s’étoient enflés, et étoient devenus très-douloureux ; peu de’
temps après, ils commencèrent à s’atrophier de manière qu’il n’en resta
plus que de petites pelottes membraneuses. Les bosses occipitales sont
étroites, renfoncées et raboteuses ; il né sent pas la moindre irritation
dans son flasque membre viril, et les femmes lui sont maintenant tout
à-fait indifférentes, quoique autrefois il y fût très-adonné.
Les faits suivans consignés dans les cahiers d’anatomie pathologique
de l’Hôtel-Dieu, m’ont été communiqués par M. Rousseau , chargé de
la rédaction d« ce recueil.
( Le nomméFlorat, âgé d’environ soixante ans, mourut le i g mars 1818
d’une cystite avec inflammation et suppuration *de la prostrate. Le testicule
gauche avoit un volume un peu moindre que le droit; l’épididyme
gauche étoit gonflé, endurci, et contenoit un peu de pus ; le lobe droit
du cervelet étoit moins considérable que le gauche.
' En opposition avec ce que nous avons dit, Vol. I, p. 27S,