
P H Y S I O L O G I E
La même chose a lieu lorsque les os du crâne se trouvent déprimés
par l’étroitesse du bassin, ou par l’application des instrumens.
Influence du cerveau sur le crâne depuis la naissance
jusqu à l’âge adulte.
Peu après la naissance, les os du crâne se durcissent ; ils perdent leur
flexibilité, ils se joignent par leurs bords; les intervalles membraneux,
les fontanelles, s’ossifient. Est-il encore possible, dans ces circonstances,
que l’encéphale imprime sa forme aux os qui ont déjà pris de la
dureté? Voyons d’abord ce qui arrive à la masse cérébrale toute entière
, et à la cavité du crâne. Après cet examen nous passerons à la
considération du développement marqué' de parties cérébrales particulières,
et des changemens que ce développement fait subir au crâne.
Le cerveau d’un enfant de deux ans est manifestement plus volumineux
que celui d’un enfant qui vient de naître, ou d’un enfant d’un an,
PI. XXXVII et PI. XXXVIII, comparées avec PI. XXXIX ët XL. Le
cerveau, soit d’un garçon, soit d’une fille, est plus volumineux, à dix
ans, qu’il ne l'étoit à deux ans, à six ans, etc. La cavité cérébrale, et
par conséquent tout le contour de la tête, s’élargissent dans la même
proportion que le cerveau augmente de volume ; et cet agrandissement
simultané continue jusqu’à la fin de la croissance de la tête. Ce fait
prouve bien que le crâne cède constamment au cerveau, qui augmente
de volume; o r , comme jusqu’à la puberté les os du crâne sont très-
minces, il faut bien que les contours extérieurs de la boite osseuse
suivent ceux du cerveau.
L ’épaisseur du crâne représentée PL IX et PI. X I I , est l’épaisseur
ordinaire dans l’âge de puberté. L ’on voit encore, par ces mêmes planches,
et par les PL VIII, PL X et PL X I, que le cerveau est dans tout son
contour exactement appliqué contre la surface interne du crâne; car,
dans l ’état de santé, les membrane interposées n’entrent point en considération.
En examinant la surface interne du crâne d’un sujet qui n’est
point mort d’une maladie cérébrale chronique, l’on verra que les grands
vaisseaux sanguifères de la dure-mère y sont exactement empreints; l’on
y remarquera également l’empreinte des soi-disant glandes de Pachoni
et des sinus déférens. Les circonvolutions mêmes se trouvent très-distinctement
empreintes, à cet âge, dans la table supérieure du plancher
orbitaire, dans la partie inférieure-antérieure du frontal, et dans les
temporaux; lorsque, par une cause quelconque , les méninges se sont
amincies, on distingue même l’empreinte des circonvolutions sur toute
la surface interne du crâne. C’est encore à raison de la minceur des
méninges, que l’on distingue, chez presque tous les mammifères, l’empreinte
bien manifeste des circonvolutions sur toute la surface interne
du crâne; par exemple, chez le cochon, la chèvre, le chevreuil, le
cerf, la brebis, le boeuf, le chat, le chien, la martre, le putois, le petit
phoque, le singe, etc.
Quelques physiologistes ont pensé que l’agrandissement de la boîte
osseuse provenoit de la pression que le cerveau exerce sur la surface
interne des os du crâne ; mais il n’existe pas, dans l’organisme vivant,
d’action aussi mécanique. Il y a là continuellement usure, sécrétion,
nutrition , décomposition et composition. Les molécules osseuses sont
absorbées , et d’autres sécrétées à leur place ; et tant que le cerveau et
le crâne n’ont point acquis leur maximum de croissance, la sécrétion
est plus considérable que l’absorption. Les nouvelles juxtapositions
ont lieu d’après les mêmes lois qu’a suivie la première formation des
lames osseuses dans le foetus, c’est-à-dire qu’elles suivent constamment
les contours du cerveau.
MM. Hufeland et Fodéré partent de ce même point de vue mécanique
lorsqu’ils disent que, dans les contrées où les habitans portent
des fardeaux considérables sur la tête , le crâne doit être pressé en
dedans, et par conséquent les organes situés à la partie supérieure de
la tête déprimés.
Mais supposé même que le cerveau exerçât une pression mécanique
contre la surface interne du crâne, comme cela peut avoir lieu réellement
dans les cas d’hydrocéphales qui croissent très-promptement, il