
dans toutes les institutions morales, religieuses et civiles.
M. Spurzheim, soit qu’il veuille caresser l’ignorance,
le préjugé et la superstition, soit qu’il ait été intimidé
par les facéties malignes d’un certain journaliste, a
souvent l’air de désavouer mon Traité sur les dispositions
innées. Il a jugé qu’il étoit prudent de le passer sous silence,
ainsi que la proposition sur la dépendance de la
manifestation de nos facultés des conditions matérielles.
Seulement p. 345 et 346 , il se déclare contre l’irrésistibilité
des actions, admet la liberté morale, tout cela
d’après mes propres principes. Voici comment il s’énonce
sur le mal moral :
« On demande si les facultés affectives et intellectuelles
de l’h omme sont bonnes ou mauvaises? Il faut commencer
par admettre l’existence de deux sortes de mal ; du physique
et du moral. L’homme, continue-t-il, d’après les
dispositions innées, a beau se trouver humilié de son
imperfection , il faut qu’il reconnoisse l’existence du mal
moral. Le Seigneur vit que la malice des hommes qui
vivoient sur la terre étoit extrême , et que toutes les
pensées et tous les désirs de leur coeur n’étoient en tout
temps que méchanceté. Le Code sacré des chrétiens atteste
, dans beaucoup de passage, l’existence du mal
moral ; il faut même admettre que nous sommes enclins
au mal, et que le mal est en nous ”,
Voilà l’existence du mal moral dans l’homme bien
solidement établie par M. Spurzheim. « Mais, ajoute-il,
faut-il croire que toutes les facultés ou quelques-unes
sont mauvaises? n
« M. Gall est porté à admettre des penchans vicieux,
et il fait entrer le mal moral dans le plan du Créateur.
Je suis intimement convaincu que toutes les facultés en
elles-mêmes sont bonnes et données pour un but salutaire
; qu’elles sont même nécessaires et indispensables
*.
Le même langage vacillant et contradictoire se rencontre
à tout moment dans l’ouvrage de M. Spurzheim ;
mais aussi comment l’éviter, quand d’un côté on est
pressé par la force de la vérité, et que de l’autre côté
on voudroit transiger avec l’erreur? Moi aussi, je suis
intimement Convaincu que toutes les facultés en elles-
mêmes sont bonnes et nécessaires pour la nature humaine
, telle qu’elle devoit être d’après les ordres du
Créateur. Mais je suis aussi convaincu qu’une activité
très-énergique de certaines facultés produit des penchans
vicieux, fait dégénérer la destination primitive de la
propagation en penchant au libertinage; le sentiment de
propriété en penchant au vol ; la circonspection en irrésolution
et en penchant au suicide; l’amour-propre en insolence
et en désobéissance, etc. : autant de penchans