
Les occupations dont nous faisons notre état, ne prouvent rien
d’ordinaire, ni pour nos facultés, ni pour nos penchans dominans.
Mais celles auxquelles nous nous livrons pour nous récréer, sont
presque toujours conformes à nos talens et à nos goûts.
Lorsqu’un individu s’est livré à une partie en dépit de tous les
obstacles, et y a acquis une certaine fo rc e , il est certain qu’il a suivi
sa vo cation , c’est-à-dire qu’il a obéi à l ’impulsion de ses facultés et
de ses penchans innés.
Voulez-vous épier le caractère d’une personne , sans oourir aucun
risque de vous tromper, fût-elle même prévenue et sur ses gardes? Faites-
là causer sur son enfance et sa première jeunesse; faites-lui raconter
ses tours d ’é co lie r , sa conduite envers ses parens, ses frères et soeurs,
ses camarades ; ses délations, l ’émulation dont elle étoit animée; faites-
lu i faire l’histoire de sesliaisons d’amitié avec certains enfans, et de l ’inimitié
qu’elle ressentoit pour d’autres; questionnez-là sur ses jeu x , etc.
Rarement on croit qu’il vaille la peine de dissimuler à Get égard ; l ’on
ne se doute pas que l ’on a à faire à un homme qui sait parfaitement
que le fond du caractère reste le même; que les objets seuls qui nous
intéressent changent avec l’âge et avec les relations sociales. Lorsqu’en
outre je vois encore ce qu’une personne apprécie ou méprise, blâme,
loue ou excuse; quels événemens l ’intéressent ; quelle société elle recherche;
si je la vois agir, surtout dans des cas où il y a conflit d’intérêt;
si elle est auteur, et que je lise son liv re , etc ., etc ., l ’homme tout
entier est dévoilé à mes yeux.
Lorsqu’une fois j’ai découvert la faculté ou le penchant dominant, je
fais usage encore des deux premiers moyens.
Je parcours aussi les famille s, les écoles, les hospices pour les orphelin
s , les enfans trouvés, les aliénés; les maisons de correction; et je
m’attache partout aux sujets qui se distinguent par quelque penchant
inné; je les compare tous entre eux, toujours dans le but de recueillir
des faits nouveaux et des preuves à l ’appui de l ’existence d’une qualité
pu d’une faculté, et de son organe,
Quatrième moyen.
On n’est pas dans tous les momens, également bien disposé pour
découvrir ce qu’une tête a de caractéristique; l’on n’a pas non plus à
Sa disposition des personnes vivantes, toutes les fois que l’on voudrait
renouveler ses recherches, ou éclaircir ses doutes. Souvent il est impossible
de rassembler plusieurs individus doués à un haut degré de la
même faculté, afin de les comparer entre eux. Ces difficultés me déterminèrent
à faire une collection considérable de plâtres. Toutes les fois
que je faisois la connoissance d’une personne qui possédoit à un degré
éminent une qualité ou une faculté quelconque, je moulois sa tête. Pour
en avoir la forme toute entière, je rasois les cheveux, à quoi plusieurs
familles se prêtèrent de très-bonne grâce, ou bien je rendois les
contours extérieurs de la tête, en les mesurant et en les palpant. En
peu d’années, je formai ainsi une collection de quatre cents plâtres
d’hommes de tous les états et de toutes les classes, depuis le mendiant
jusqu’au prince; de sourds-müets, d’idiots, d’enfans de tout âge, de
garçons, de filles, de femmes, etc. Je mis à contribution pour cet objet,
les écoles, les maisons de correction , les hospices pour les aliénés, etc.
Je possédois donc des plâtres de sujets dont j’avois été à même d’ob-
Server les qualités et les facultés; dans le nombre, il s’en trouvoit de
personnes sans la moindre éducation, et de personnes élevées avec le
plus grand soin,
Je plaçois les uns à cûté des autres, tous les plâtres d’individus
dans lesquels j’avois observé une qualité ou une faculté marquante.
Si le signe extérieur m’en étoit déjà connu, j’observois avec soin s’il
existoit dans toutes ces têtes. Lorsque j’avois encore à chercher l’organe
le problème étoit, sans contredit, bien plus difficile; dans ce cas, je
me dingeois d’après les principes suivans : Des têtes qui coïncident sous
le rapport d’une qualité ou d’une faculté marquante, doivent coïncider
aussi par la forme du crâne, dans un certain endroit : en conséquence ,
je parcourais toutes les régions de mes têtes, je les comparais toutes;
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