
proéminences ont un degré de développement si différent chez deux
hommes d’une force musculaire à-peu-pres égale ? Comment se fait-il
que dans plusieurs têtes qui se trouvent dans ma collection , et qui
proviennent d’hommes fortement musclés, ces organes sont beaucoup
moins prononcés que dans quelques autres têtes qui ont appartenu à
des femmes d’une constitution délicate?
5°. Si les proéminences du crâne étaient dues à l’action des muscles,
elles devroient adopter les contours de l’attache de ces muscles; mais
aucune des proéminences que je regarde comme l ’indice d’un organe,
ne se trouve dans ce cas : toutes correspondent à la forme des circonvolutions
cérébrales qui constituent l’organe dont ces proéminences
sont l ’indice; c’est ce que je prouverai plus bas, en traitant de chaque
organe en particulier.
6p. Si les muscles tiroient les os du crâne en dehors, ils devroient
nécessairement agir avec plus de force sur la lame externe, et l’arracher
de l'interne. Mais c’est justement là où agissent les muscles les plus
forts, (par exemple dans la région temporale et dans celle des fosses
occipitales.) , que les lames osseuses sont plus rapprochées , que le
crâne soit dans cette partie saillant ou rentrant. Là, au contraire, où
agissent les muscles les plus foibles, les lames sont plus écartées, et ce
n’est jamais 1 externe qui s’écarte en dehors; c’est au contraire toujours
l’interné qui s’écarte en dedans. Ceci est visible, par exemple, dans la
partie antérieure inférieure du frontal, au milieu de la spina cru-
ciata de l ’occipital; e t , comme nous l’ayons yu, cet écartement est
d’autant plus considérable , que le sujet est plus vieux ; cas où
cependant Iesmuscl.es ont agi pendant un plus grand nombre d’années.
INous voyons donc, dans la nature, toujours le contraire de ce qui
devroit, en-conséquence de l’objection, résulter de l’action des muscles.
’j°. Quelques physiologistes prétendent que l’action des muscles
opère la dépression de leurs points d'attache; d’autres leur attribuent
des proéminences et des apophyses, par exemple, dans les différens
procès osseux, etc. Dans le fait, les muscles sont attachés tantôt dans
des creux ou des sillons., tantôt à des proéminences et des crêtes;
et voilà précisément cé qui prouve que ni les proéminences, ni les en-
foncemens ne sont formés par les muscles; que les unes et les autres
tiennent à la forme primitive des os. En effet, qui pourroit attribuer la
crête osseuse placée à la partie la plus saillante du crâne de certains
animaux,la crête occipitale du Crâne du cheval, du boeuf, du cerf, etc.,
aux muscles qui agissent dans une direction tout opposée? Attribuera
t-on à l’action des musclés le procès mastoïdien placé derrière
l’oreille? Mais alors, comment expliquera-t-on les autres procès dont
la direction est diamétralement opposée au sens dans ’lequel tirent les
muscles; par exemple, les proéminences de l’occipital, qui s’élèvent absolument
d’avant en arrière ; la Caisse osseuse fortement bombée qu’ont
la plupart des mammifères près de la cavité du tympan? Et pourquoi
donc les procès mastoïdiens son t-ils souvent fortement saillains chez les
hommes les plus foibles, et très-peu pronoincés chez des hommes d’une
constitution d’athlète ?
8«. Chez les tortues, les forts muscles masticateurs sont placés dans
les cavités internes de la tête; de même, chez tous les animaux, certains
muscles sont placés dans l’intérieur des orbites; mais a-t-on jamais vu
ces cavités être rétrécies, élargies, ou modifiées d’une manière quelconque
par les muscles ?
9°. Dans certaines maladies, l’action des muscles courbe l’épine du
dos : dans la plupart de ces cas, l’épaule droite »’élève davantage à raison
de cette même action; voilà bien, dit on, une modification des os
produite par les muscles. Le phénomène cité prouve, à la vérité,
que lorsque l ’action de certains muscles devient prédominante, leurs
antagonistes plus foibles cèdent, mais nullement que- la forme même
des os soit modifiée par une telle action, et qu’en particulier elle puisse
produire les enfoncemens, les surfaces planes-, et les proéminences du
crâne.
M. Blumenbach cite le crâne d’un homme âgé, dont le côté gauche
de la face avoit été tellement contracté, par suite du tic douloureux
dont cet individu fut affligé pendant plusieurs années, qu’il fait un
contraste singulier aveçde côté droit. La crampe violente, ditM. Blumen