
288 P H T S I O L O G I E
même pièce, qu’on a l’air de la chercher, ou de ne pas y faire d attention,
elle se donne toutes les peines du monde pour s en rendra
maîtresse. C’est-là une observation que 1 on peut repéter tous les jours.
Il est tellement certain que le vol a lieu chez les animaux, que la
nature leur a même enseigné plusieurs moyens par lesquels ils tâchent
d’empêcher qu’on ne les vole. Ils cachent, ils enterrent, ils gardent
leur propriété. Qui ne sait avec quelle infatigable vigilance les abeilles
gardent l’entrée de leurs ruches contre tous les animaux dont le miel
pourrait exciter l’appétit? Précautions qui n auraient pas lieu si le vol
n’étoit pas un phénomène naturel dans le genre animal.
Ces considérations sur le sentiment delà propriété nous conduisent
naturellement à la solution de la question : quelle est la qualité fondamentale
à laquelle se rattache le penchant à voler ?
C’est le sentiment de la propriété ou le penchant a faire
des provisions, (jui est la cjualite fondamentale a ld~
c/uelle se rattache le penchant au vol.
Le sentiment de la propriété et le penchant à faire des; provisions
sont non-seulement utiles, mais encore indispensables, tant à 1 homme
qu’à l’animal. Il n’étoit pas possible de découvrir l’organe de ce penchant
borné à sa destination primitive; la découverte ne pouvoit s en faire
que lorsqu’il étoit excessivement développé. Mais lorsque 1 organe a
acquis ce degré de développement, et l’activité qui y correspond, le
sentiment légitime de propriété, le penchant raisonnable à faire des
provisions, à acquérir un pécule, s’accroît et devient une avidité qui
fait naître la passion de s’approprier le bien d’autrui ; enfin dans le
plus haut degré de développement de l’organe, supposé qu’il n’y ait
pas de motifs intérieurs et extérieurs qui l'empêchent, il dégénère en
un penchant irrésistible à voler. Toutes ces différentes dépravations ne
sont .cependant que des degrés d’activité d’un penchant fondamental,
essentiel et indispensable du sentiment de la propriété et du penchant
à faire des provisions. Nous voyons donc ici quelque chose de semblable
à ce qui s’est offert à nous, dans la dépravation graduelle de
l ’instinct de la propagation , de l’instinct de la défense de soi-même
et de sa propriété, et de l’instinct carnassier. Mais ne nous flattons pas
d’avoir sauvé la nature du reproche d’être l’auteur du penchant au
vol. Le penchant est le résultat d’un très-grand développement et d’une
activité très-énergique du sentiment de propriété. Or, les deux conditions
existent dans certains individus en vertu des lois de l’organisation,
sans que de leur part ils y aient contribué en la moindre chose.
Siège et apparence extérieure de l’organe de la propriété
et du penchant à faire des provisions. Modifications de
la manfestation de cet organe.
Cet organe est formé par les circonvolutions marquées vin, PI. VIH.
Lorsque cés parties cérébrales sont très-développées, elles donnent
lieu à une proéminence bombée et allongée du crâne et de la tête,
vin, PI. XXVI et PI. XXVIII, qui s’étend depuis l’organe de la
ruse, ix, jusqu’au bord externe de l’arcade supérieure de l’orbite. j
J’ai constamment trouvé cette proéminence, chez tous les voleurs
opiniâtres détenus dans les maisons de force, chez tous les idiots
qui avoient un penchant irrésistible à voler, chez tous ceux qui, doués
d’ailleurs de facultés intellectuelles au-dessus du médiocre, trouvoient
un inconcevable plaisir à dérober, ou sentoient même leur impuissance
de résister jamais à la passion qui les entraînoit au vol. L’uu de
nies amis, homme doué des plus beaux talens, bon époux, bon père
et singulièrement porté au fanatisme religieux , a cet organe très développé.
Lorsqu’il voit près de lui des ciseaux, des couteaux et d’autres
bagatelles semblables , il sent un certain malaise jusqu'au moment
où il a mis ces objets dans sa poche; Souvent il a chez lui un magasin
d’ustensiles de cette espèce. Si le propriétaire les trouve chez lui, il
les restitue en riant de tout son coeur; sinon, il en fait souvent des
III. 3 7