
M. Spurzheim, si toutefois il veut être conséquent,
ne peut admettre aucune de ces denominations.il rejette
la dénomination, organe de l’instinct de la propagation,
parce que ce penchant ne provoque pas seulement la
propagation, mais qu’il produit aussi beaucoup d’abus-
M. Spurzheim nous fait connoîtrede nombreux abus,
que les facultés dont il parle produisent. L’amour de la
progéniture trop actif produit des abus; et trop peu actif,
il produit l’indifférence pour la progéniture; le courage,
la combativité produit la querelle, la rixe, la pugnacité
; la destructivité détruit, empoisonne, assassine ;
la convoitivité produit le vol, le plagiat, la fraude,
l’usure, la corruptibilité , la vénalité ; la sécrétivité
produit l’intrigue, l’hypocrisie, le mensonge, le subterfuge
, l’argutie; l’amour-propre produit l’orgueil, la
fierté, la présomption, la suffisance, l’insolence, le mépris
et le dédain ; l’amour de l’approbation aime les
flatteries, le luxe, l’ostentation, et produit la coquetterie
; la circonspection produit la peur, la pusillanimité;
la vénération produit l’idolâtrie; la persévérance produit
l’opiniâtreté, l’obstination , l’entêtement , la désobéissance,
la mutinerie, l’esprit séditieux; la surnaturalité
fait croire aux inspirations , aux fantômes , aux démons,
à la magie , aux revenans, aux visions, aux sortilèges,
aux enchantemens et à l’astrologie; l’esprit de saillie produit
les calembours, les caricatures , la moquerie , la
raillerie, l’ironie, le ridicule; la causalité voudroit tout
expliquer et établir des généralités ou des principes, sans
avoir assez de données, etc.
Pourquoi tous ces abus n’ont-ils pas fait reculer
M. Spurzheim devant les noms qu’il a donnés à ses facultés
prétendues primitives? N’est-il pas infiniment plus
simple de dire que les dispositions dégénèrent de leur
état habituel, lorsque leurs organes ont acquis une activité
tres-exaltee ? Que des-lors les unes s’accroissent en
penchans ou en facultés contraires au bien moral ou à
l’ordre de la société; que les autres, au contraire, se trouvent
ennoblies, et constituent la bienveillance, le talent
poétique, le penchant religieux, et ainsi de suite?
M. Spurzheim n’a donc été heureux ni dans le choix de
ses noms, ni dans la détermination des facultés fondamentales.
A-t-il mieux indiqué le siège des organes ?
Comme ce troisième volume n etoit pas encore mis
en vente quand M. Spurzheim compila sa Phrænoïogie
à la hâte, il a été obligé de s’en tenir, à l’égard des organes,
a ce que j ai toujours professé dans mes cours.
Apparemment il trouve pénible cette multitude de recherches
d’anatomie et de physiologie comparées, qu’exige
une exposition soignée des organes et de leurs fonctions.